La décapitation

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 Il était une fois, à une époque révolue en Chine, une jeune princesse d'Assecare. Sa beauté n'avait d'égal que l'amour qu'elle avait pour son père. Le peuple la connaissait et l’appelait plus volontiers par le surnom de princesse à la Chevelure-Bleue. Elle était surnommée ainsi pour sa cascade de cheveux bruns, toujours cachés sous un voile mauve de gaz, comme il seyait alors à une femme pudique. Gracieuse, elle dansait admirablement bien ; son éducation n’avait pas été négligée.

 Un jour, un prétendant vint, accompagné de tout son cortège : il déployait tant de faste, et sa barbe brune le rendait si élégant que la princesse ne resta pas longtemps au château de son père pour rejoindre celui du prince. Il avait été charmé, lui aussi, et fut ravi de voir quelle avait accepté sa demande en mariage. C'était à l'image de la princesse : vivant et grandiose. On se réjouissait du couple formé par la Chevelure-Bleue et la Barbe-Bleue.

 Le vieux roi eut des mots avec son gendre, exigeant que sa fille revienne en sa demeure une semaine par an, car elle lui manquait. Alors le marié prit un cimeterre sur la table et trancha le royal chef comme s’il ne fut que du beurre. Sur cela, apparut un yokaï, ami de la Barbe-Bleue :
 — Eh bien ! Aimez-vous tant votre femme que vous préférez tuer votre beau-père pour la garder près de vous ?!
 — Hélas... soupira le meurtrier. J'annoncerai que des brigands se sont infiltrés dans ce petit salon et qu'ils l'ont tués sous mes yeux avant de prendre rapidement la fuite.

 Mais ils ne savaient pas que la princesse avait tout entendu. Tandis qu’ils parlaient, elle s'enfuyait à toutes jambes en maudissant son mari : elle lui ferait payer ça. Le soir, tout le monde faisait grise mine, à cause de la mort du père. Le Grand Khan, beau-père de la Chevelure-Bleue, proposa que l'on égaie un peu la soirée par un numéro de danse. Alors l'on vit entrer la princesse dans une magnifique tenue, un bâton à la main. La Chevelure-Bleue dansait de tout son corps, et l'assemblée fut subjuguée. La Providence avait donné l'occasion à la jeune femme de se venger : afin de récompenser son talent, le souverain dit à sa bru qu'il lui offrirait n'importe quoi.
 — Je veux la tête de la Barbe-Bleue, mon mari, sur un plateau d'argent, déclara-t-elle d'une voix claire et mélodieuse.
 La terreur s'exprima sur tous les visages ; le roi et son fils tentèrent de l'en dissuader, mais elle resta catégorique sur sa décision. On fit venir le bourreau. Cependant, la princesse demanda à ce que l’honneur d’exécuter son mari lui revint. Elle tailla vite et nettement le chef princier. Il lui fut apporté sur un plateau d'argent, comme elle l'avait demandé en allant dans ses appartements. Quand elle fut seule, La Chevelure-Bleue prit la tête de la Barbe-Bleue avec douceur et déposa un baiser sur ses lèvres avant de jouer avec.

FIN.

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