The service team isn't a rescue team

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Amarok Olsen caressa la surface du poste de commandement, réalisant que ce serait sans doute son dernier voyage. Après plus de 70 ans de service, l’Adventure allait revenir se poser sur Terre et y serait démonté. Olsen allait passer en cour martiale – en vérité, elle n’en avait rien à faire. Qu’importait qu’elle soit exclue de Starfleet ou rétrogradée si le seul vaisseau qu’elle voulait commander était mis en pièces ?
Non, Soran Tulik n’était pas triste. Il était simplement… déçu. Il était sur l’Adventure depuis la première heure, il y avait commencé sa carrière d’officier scientifique. Et c’était une grande perte que celle d’un vaisseau aussi ancien en quasi-indépendant, un véritable écosystème, qui avait ouvert la voie à de grandes innovations pour la flotte. L’USS Adventure 2.5 n’était pas obsolète.
Dans un peu plus de 24 heures, le vaisseau achèverait son dernier vol.


— Qu’est-ce qui ne va pas, Tom ? s’enquit Hazel.
Le petit garçon se frotta les yeux avant de répondre en pleurnichant :
— Quand on va se poser après je pourrai plus jamais voir mes copains…
Kachina reniflait, tentant de son mieux de n’arborer aucune expression. Finn pleurait. Neveya s’approcha de lui et lui tendit un dessin.
— Tiens, pour toi !
Le dessin représentait deux bonshommes, en vérité deux ronds pas vraiment ronds dotés de bras et de jambes, l’un rose et l’autre bleu, entourés de petits cœurs.
— C’est parce que tu es mon amoureux ! déclara l’Andorienne.
— On peut pas être amoureux si on se voit plus ! dit Finn, entre deux sanglots mouillés.
Hazel essuya avec un mouchoir bleu la morve qui lui coulait du nez.
— Bah si on peut, si on est amoureux on s’aime pour toute la vie ! dit Neveya.
— Et si on chantait une chanson ? proposa Hazel.
L’ambiance morose ne se dissipa pas.
— Je vais vous apprendre une nouvelle chanson, d’accord ? Une chanson pour dire qu’on sera toujours des amis.
Yüna hocha la tête sans enthousiasme.


T’Nai L’kei Najak Davis avait le nez dans des sous-vêtements retrouvés. Comment pouvait-on perdre un putain de caleçon ? Elle avait reçu pour mission de disposer tous les objets trouvés sur une table du réfectoire. Mais elle ne se faisait pas d’illusions. Des affaires que personne n’était venu chercher en quatre ou cinq ans ne risquaient pas d’être reprises – ou alors pas par leurs propriétaires d’origine.
Elle en avait retrouvé, des choses bizarres. Une tige de ramonage, des couches-culottes, un communicateur collector du début du siècle précédent, un comm-badge sur lequel on avait gravé des symboles obscènes, une bouteille de produit contre l’acné, un saxophone, une mygale Dénébienne (morte) et un livre nommé « Le guide à destination des Vulcaines pour vous occuper de votre mari humain ».
Najak adorait son travail – mais l’Adventure était le seul vaisseau de Starfleet doté d’un tel poste. Si elle était transférée, elle devrait sans doute reprendre son poste d’ingénieure.


Sheila Watson profita de l’absence de l’enseigne Davis, partie chercher d'autres objets perdus, pour installer toutes les décorations dans le réfectoire. Elle avait amené des guirlandes, une boule disco et, bien entendu, des paillettes ! Le nombre important de Vulcains, de Ferengis et d’autres espèces sensibles aux sons interdisait de diffuser de la musique, mais elle n’en avait pas besoin pour mettre de l’ambiance. Elle avait passé toute la matinée à préparer une fête d’adieux à L’Adventure, car quel meilleur moyen de dire au revoir à leur vaisseau que de le célébrer une dernière fois ?
Sheila et son équipe de cuisine avaient préparé tout un buffet de mets festifs, des sandwichs à tout ce qu’on pouvait imaginer, du punch, des bonbons, des crudités, de succulents gâteaux, des sodas, des pâtisseries, tout ce qu’il fallait à une fête.


Le docteur Liliana Mendoza était toujours de mauvaise humeur ou presque – mais rarement à ce point. Comment ses patients seraient-ils soignés ? Une fois l’Adventure arrivé sur terre, il faudrait les débarquer, les transporter, que de risques pour leur santé ! Les gros bonnets ne pouvaient-ils pas tenir compte de tout cela ? Et ses données, ses rapports médicaux ? Elle ne voulait pas quitter son infirmerie – c’était son domaine !
Mendoza continua de ruminer à mesure que la journée avançait. On lui avait proposé un poste à la section médicale de l’Académie, mais elle ne savait pas qu’en penser. Elle préférait être sur le terrain.


— Mais qu’est-ce que c’est que ça ? s’étonna Olsen, en voyant le réfectoire généreusement décoré et pailleté.
— Eh bien, expliqua le sous-lieutenant Watson, je me suis dit qu’on pourrait faire une dernière fête avant de quitter l’Adventure ?
Les deux capitaines échangèrent un regard. Ils avaient laissé la passerelle à leurs officiers en second, Lau’kat T’Vai et Maxime Müller, le temps de prendre un repas ensemble. Tulik n’aimait pas que l’on change son emploi du temps. Mais Olsen fit un pas en avant.
— Eh bien, dans ce cas, célébrons !
Elle combla en trois pas la distance entre elle et la grande table et se servit un verre de punch.
— À l’Adventure et à son merveilleux équipage !
— À l’Adventure !
Une secousse fit trembler le vaisseau.
— Capitaine Tulik à la passerelle, que se passe-t-il ?
Le visage de Müller apparut sur l’intercom.
— Capitaine, nous sommes attaqués ! C’est un croiseur Mollassien !
— Amarok, je vais m’occuper de ça, dit le Vulcain. Célébrez donc avec votre équipage.


Le visage du capitaine Mollassien apparut sur l’écran une fraction de seconde avant que Tulik sorte du turboascenseur. Il s’avança au poste de commande, droit et digne, comme s’il n’était pas débraillé et échevelé après sa course dans les couloirs.
— Rendez-vous, vaisseau de la Fédération ! aboya le Mollassien.
Il avait la peau brun-vert et des traits vaguement reptiliens, avec plusieurs cicatrices sur le visage et le cou. C’était un pirate, un vaurien de l’espace, mais vêtu et armé de matériel haut de gamme, sans doute volé.
— Je ne me rendrai pas. Jamais. L’Adventure doit retourner sur Terre.
— Dans ce cas, préparez-vous à être abordés !
Une nouvelle secousse ébranla le vaisseau de la Fédération. Le croiseur Mollassien s’était arrimé.
— Empêchez l’ouverture du sas ! ordonna Tulik.
— C’est trop tard, ils sont entrés !

— Faites des prisonniers ! ordonna le capitaine Goran des Mollassiens. Mais ne tuez personne. Ces idiots de la Fédération nous en donneront un bon prix !
Les pirates investirent le vaisseau à toute vitesse.

Olsen était en train de se servir une part de gâteau quand les pirates atteignirent le réfectoire.
— Rendez-vous sans discuter ! ordonna le Mollassien.
Olsen jeta la part de gâteau sur la table du buffet et saisit le phaseur à sa ceinture. Elle tira un premier coup et toucha l’un des pirates – mais il en venait toujours d’autres ! L’un des malfrats s’approcha du capitaine.
— En position ! aboya Olsen.
Puis elle envoya un coup dans le visage du pirate. Il grogna mais ne battit pas en retraite, du sang (rouge) au coin de la bouche. Les autres pirates lancèrent un assaut groupé.
Les hommes et femmes de Starfleet se battirent comme des lions – mais les pirates, plus habitués au combat, les maîtrisèrent facilement.

— Nous n’avons pas assez de place en cellule, dit le chef des assaillants dans son communicateur. Laissez les enfants dans le vaisseau et ne vous souciez pas des membres d’équipage en bleu, ils ne font que les tâches les plus ingrates, ce doit être un genre d’esclaves. Nous allons tracter leur vaisseau jusqu’à Mollassia et demander une rançon à Starfleet. Scannez le vaisseau, ne laissez personne s’échapper !

Olsen et Tulik, comme les autres membres d’équipage, avaient été conduits de force sur le vaisseau des pirates.
— Il faut s’enfuir, mais comment ? grommela Olsen.
— Je ne pense pas que ce soit possible, répondit Tulik. Aucun de nous ne peut franchir le champ de force électrifié et je ne vois pas de trappe par laquelle nous pourrions nous enfuir.
Olsen commença à tapoter sur le mur métallique. Tic. Tic. Tic. Cela l’aidait à réfléchir. Tic. Tic. Tic. Tic. Tic.
— Vous pouvez arrêter ce bruit ? Il met mes oreilles à rude épreuve.
La femme humaine se redressa, le visage radieux.
— Vous venez de me donner une idée, Soran. On va les avoir à l’usure.
— Michaelson ? s’étonna Tulik
— Michaelson ! répondit Olsen, les yeux brillants.
Elle appuya sur son comm-badge pour passer un message au reste de l’équipage.
— Amarok Olsen à l’équipage de l’Adventure, nous allons exécuter la manœuvre de Michaelson ! Faites du bruit !
L’équipage se mit à l’œuvre avec beaucoup de soin. Le commandeur Wanda frappa le mur de toutes ses forces, le docteur Mendoza se mit à chanter, l’enseigne Tanaka et l’officier en second Müller entamèrent une petite danse en rond en tapant des pieds, le subcommandeur T'Vai hurla à la mort, le sous-lieutenant Jeavons imita des aboiements, l’infirmier Ka’llith cria de toutes ses forces.
— Eh bien, Soran, vous ne nous aidez pas ? demanda Olsen, entre deux coups dans la cloison.
Tulik roula des yeux, soupira, puis commença à chanter très fort – et très faux – ce que sa camarade de cellule soupçonna d’être une chanson à boire Vulcaine.


Un garde Mollassien passa dans le couloir et appuya sur un intercom situé au bord de la cellule des deux capitaines.
— Vous perdez votre temps, grogna-t-il. Les cellules sont insonorisées et sans l’intercom, aucun moyen de communiquer. D’ailleurs, comment vous y êtes-vous pris pour lancer cette rébellion ? Je croyais que nous avions pris toute votre technologie !
En effet, les pirates avaient pris leurs armes, leurs communicateurs, leurs tricordeurs médicaux et scientifiques, mais ils ne s’étaient pas doutés que les petits badges métalliques qu’ils portaient n’étaient pas seulement décoratifs. Avant que Olsen ne puisse répondre quoi que ce soit, Tulik décida de bluffer.
— Nous sommes capables de communiquer par télépathie.
Le pirate haussa un sourcil.
— Oh, vraiment ? Nos scans indiquent que ce n’est pas le cas de la plupart d’entre vous et nous avons un blocage anti-télépathie. Vous mentez, Vulcain.
— Jamais.
— Oh, vraiment ? Nous verrons bien qui est le plus malin.


Hazel et son petit groupe progressaient vers les cuisines, censées être le centre de la résistance. Les couloirs étaient vides, à l’exception de débris, de sang, de signes d’une bataille et, occasionnellement, d’un membre de l’équipe de service ou d’un garde Mollassien. Le silence était glaçant. Yüna et Kai tremblaient.
— On va où ? sanglota Finn.
— Trouver de l’aide. On ne va pas se laisser faire par ces affreux pirates, mais il faut vous mettre en sécurité.
— Hazel… c’est pour de vrai ?
— Oui, Alya, c’est pour de vrai.
— Est-ce que les méchants ils vont nous tuer ?
— Non, Tom. Ils espèrent que Starfleet va donner de l’argent pour nous récupérer.
— Et si Starfleet donne pas d’argent ?
Hazel promena son regard sur les gamins. Ce n’était pas une situation facile que d’être un enfant sur un vaisseau en alerte maximale, elle le savait.
— Ne pensons pas à ça, d’accord ?
— On va combattre comme des guerriers !
— Oui, Kai. Exactement.
— Comme mon papa !
Enfin, la mauvaise troupe arriva devant les cuisines. La porte en était verrouillée.
— Sheila, ouvre !
— C’est qui ? grommela le sous-lieutenant Watson derrière l’épaisse porte métallique.
— Hazel et les enfants.
Le visage de Watson apparut derrière la petite vitre de la porte des cuisines, comme dans un film d’espions de l’ancien temps, puis elle ouvrit et le petit groupe entra.

Les cuisines étaient métamorphosées en QG de la résistance. Les quelques armes qui n’avaient pas été confisquées par les pirates gisaient sur le sol plein de farine, prêtes à être utilisées. Le chef des concierges, Nolan Jacobs, aidait deux scientifiques rescapés de l’attaque des Mollassiens à préparer un mélange explosif dans un vieux seau de nettoyage. Kachina se pencha sur le seau en se bouchant le nez.
— Ça sent pas bon ! dit-elle, le visage totalement inexpressif.
Jacobs rit, mais le scientifique à ses côtés, un Vulcain de grande taille à l’allure sévère, jeta à Hazel un regard de reproche.
— Enseigne Dättwyler, ce n’est pas un endroit pour des enfants, ici !
Mais l’autre scientifique sourit et déclara :
— Vous vous trompez, sous-lieutenant Tylek. On a besoin d’toute l’aide disponible et quelques p’tites mains ne s’ront pas d’trop !
Kai, qui avait fixé ses pieds pendant tout le trajet, releva la tête et se jeta vers la femme qui avait dit ça. C’était le lieutenant H’vretha Thinebh – la mère de Kai.
— Maman ! cria-t-il.
— Pas maintenant, Kai. Maman doit trouver un moyen de faire exploser les méchants.
— Je peux faire avec toi ?
— Non, Kai, dit Hazel. C’est trop dangereux.


— Je ne vais pas baisser les bras comme ça ! pesta Olsen, en se jetant l’une des deux banquettes inconfortables de la cellule.
Tulik ne répondit pas. Assis sur l’autre banquette, il méditait, les yeux dans le vague.
— Qu’est-ce que vous en pensez, Soran ?
Elle ne reçut pas de réponse.
— Vous me donnez une idée, dit soudain l’humaine, son visage éclairé d’un maigre lueur d’espoir. On m’a dit que les Vulcains peuvent influencer leur métabolisme à volonté.
— En effet.
— Vous pouvez le faire ?
Tulik acquiesça.
— Dans ce cas, je sais quoi faire. Faites votre… Votre truc, là. Essayez d’avoir l’air malade. Je vais essayer de contacter le docteur Mendoza.


Hazel sursauta en entendant les coups frappés sur la porte.
— Est-ce que tu peux ouvrir ? demanda Sheila, occupée à montrer à son équipe comment fabriquer des lances avec un balai et un couteau de cuisine.
L’éducatrice s’avança vers la porte et demanda :
— Qui est là ?
— L’enseigne Davis, l’enseigne Nakayama, le sous-lieutenant Reeves et les enfants de l’école, grommela une voix familière.
Hazel ouvrit la porte et Najak entra la première. Elle semblait s’être battue, du sang lui coulait de la bouche et elle avait une ecchymose verdâtre sur la pommette gauche. Derrière elle venaient Reeves, un ingénieur humain d’une bonne trentaine d’années, grand et blond, ainsi que Nakayama, une femme petite et menue, moitié humaine moitié Bétazoïde, et la classe dont elle était l’institutrice.
Parmi les enfants de la classe se trouvait un Andorien de onze ans, du nom de Ethys, le grand frère de Neveya.
— Bon, je pense qu’on ne fera pas rentrer plus de monde dans cette salle, alors voilà ce qu’on va faire, déclara Sheila. Ceux parmi vous qui sont capables de combattre au corps-à-corps ou au phaseur vont apprendre aux autre – je veux que même les petits apprennent comment cogner. Avec le reste de l’équipe des cuisines, on va essayer de fabriquer des armes. Il faudra également mettre la main sur du matériel médical et quelqu’un qui va s’en servir. Nous ne sommes qu’un petit tiers de l’équipage – donc nous ne ferons pas le poids seuls. Nos seules armes seront la ruse, l’effet de surprise et la libération des autres membres, alors ne jouez pas les héros !
Tout en parlant, la cheffe des cuisines sépara la foule en petits groupes en pointant du doigt et en gesticulant.
— Nolan et Tylek, vous vous occupez des explosifs – et que les gamins n’y touchent pas ! Nous allons nous répartir par petits groupes et faire un tournus, comme aux activités de groupe à l’Académie. Hazel, H’vretha, Hoshiko, vous vous occupez du combat. Moi et Lucas, on va s’occuper des armes. Les autres, vous tournez ! Oh, et, Davis, vous faites un groupe à part. Je veux que tous ces gamins sachent faire une prise Vulcaine avant la fin de l’heure !


Olsen prit une grande inspiration et se prépara à mettre son plan en marche. Elle se releva et s’approcha du champ de force. Si elle cognait dessus, cela devrait déclencher une alarme ou au moins faire un peu de bruit ? Elle mit un premier coup dans l’écran d’énergie. Un choc électrique intense la traversa, faisant résonner ses battements de cœur, envoyant une décharge de douleur dans ses muscles soudain contractés. Un « bang » sonore s’éleva. Elle continua. Au deuxième coup, sa respiration était haletante. Au troisième, elle entendait sa respiration et son pouls, sonores et obsédants, tout le corps agité de tremblements. Elle hurlait comme une démente. Au quatrième coup, un garde débarqua.
— Qu’est-ce qu’il y a, l’humaine ?
— Mon… Mon ami… bafouilla Olsen, au bord des larmes. Il est malade ! Il va mourir !
Elle avait été membre du club de théâtre à l’Académie, mais apparemment ce n’était pas suffisant.
— Vous croyez qu’on ne nous l’a jamais faite ? grogna le garde.
— Vous ne comprenez pas, c’est pour de vrai ! Scannez-nous avec votre machine si vous ne me croyez pas !
Un autre Mollassien vint rejoindre le premier.
— Qu’est-ce qui se passe ?
Le premier garde pointa les lectures du scanner sur l’intercom.
— Le Vulcain est malade.
— Et alors ? On n’a qu’à le laisser mourir !
— Laisser mourir le capitaine Soran Tulik, le plus grand héros de la flotte ? Vraiment ? s’étonna Olsen. Avez-vous une idée des sommes que Starfleet mettrait pour le récupérer ?
Les deux pirates pesèrent longuement le pour et le contre, puis l’un d’eux dit :
— Très bien, mais dans ce cas, vous se sortirez pas avec lui. Collez-vous contre le mur et ne bougez pas, sinon on vous descendra illico.
Puis l’autre cria dans son communicateur :
— Une civière en cellule 17, pour transporter un Vulcain malade !
— Mais… mais… insista Olsen, appuyée contre la paroi froide de la cellule. Vous ne connaissez rien à son espèce, vous allez le tuer ! Allez au moins chercher le docteur Mendoza, elle saura l’aider !
Deux Mollassiens arrivèrent avec un brancard. Le premier garde désactiva le champ de force et, avant que Olsen puisse faire quoi que ce soit, la plaqua encore plus contre le mur de métal. Des deux brancardiers s’approchèrent de Tulik. Le Vulcain gémissait, agité de convulsions. Il avait du mal à respirer.
— Chargez-le moi et allez chercher leur médecin. On nous en donnera un bon prix.


Sheila Watson donna deux coups sur une casserole avec une cuillère en bois en guise de signe de rassemblement.
— Vous êtes prêts ? Tout le monde est armé et prêt à combattre ?
Le lieutenant Thinebh secoua le bras pour faire lâcher prise à Kachina.
— Je n’ai jamais vu une Vulcaine se battre comme ça, acclama-t-elle. Elle ne recule devant rien.
Hazel soupira. Il lui faudrait des mois pour réparer les dégâts de l’entraînement au combat sur l’éducation des enfants de la crèche.
— Dans ce cas, on y va ! Restez groupés.
Watson et son équipe de cuisine distribuèrent des armes. Le concierge Jacobs, quand à lui, donna aux adultes des petits sacs remplis de « bombes » - en réalité des gants à usage unique rem
— Nous allons nous séparer en groupes. H’vretha, vous prenez le groupe 1, Nolan le groupe 2, Lucas le groupe 3, Hoshiko le groupe 4 et moi le groupe 5.
Elle débloqua la porte et fit signe au reste de l’équipe de service de la suivre à l’extérieur.
— Eh bien en avant !

Liliana Mendoza avait peut-être les mains attachées dans le dos, mais rien ne l’empêcherait de déballer tous les jurons de son répertoire.
— Qu’est-ce que vous racontez ? grommela le pirate qui marchait à côté d’elle.
— Ce ne sont pas vos affaires.
Le tricordeur médical à sa ceinture laissa échapper une série de bips aigus et rapprochés.
— Son état devient critique. Combien de temps reste-t-il avant qu’on arrive à l’infirmerie ?
— Deux de vos minutes.
Le vaisseau Mollassien était étrangement immaculé, propre et géométrique, bien loin des navires hostiles des autres pirates qui avaient pu croiser la route de l’Adventure.
On n’y entendait presque que le silence et, de temps en temps, les cris et grognements des gardes. Mendoza ricana en se disant que l’équipage de l’Adventure devait leur mener la vie dure.

— Voilà, nous y sommes, dit le garde quand ils arrivèrent à l’infirmerie.
— Vous allez devoir me détacher.
Les malandrins détachèrent le médecin et déposèrent le malade sans ménagement sur un bio-lit sommaire. Mendoza pianota sur son tricordeur. Elle savait quoi faire. Il lui suffisait d’entrer le bon code et d’appuyer sur quelques boutons. Elle administra un hypospray d’une solution vitaminée au capitaine.
— Ça ne me semble pas très efficace, grogna l’un des Mollassiens.
— Évidemment, il est en hypoglycémie avancée ! Allez lui chercher quelque chose à manger, je vais faire une seconde injection.
Le garde armé ne s’absenta pas longtemps – juste assez pour permettre au médecin-chef de terminer la séquence de codes sur son tricordeur médical. Le Mollassien revint avec un genre de gâteau bleuâtre et collant. Tulik fronça le nez.
— Mangez, capitaine, pour vous rétablir ! ordonna Mendoza, d’un ton vaguement railleur.
Le Vulcain se redressa, toujours tremblotant, et se força à avaler une bouchée de la pâtisserie. Il grimaça.
— Je me sens… beaucoup mieux… articula-t-il entre deux bouchées.
Le médecin-chef ricana.
— Très bien, très bien. Remettez-le voir sur le brancard, je vais refaire les réglages du bio-lit.
— Il ne peut pas marcher ? s’agaça le garde.
— Non, vous voyez dans quel état il est ? Pauvre chaton. Bon alors, vous le faites ou pas ? Ugh.
Mendoza se pencha sous le bio-lit, appuya sur un bouton de son tricordeur et le cala dans l’armature métallique.
— C’est bon, grogna-t-elle. On y va.


— Prêts ? demanda Sheila.
Elle avait troqué son maquillage multicolore pour des peintures de guerres – quitte à mener une révolte, autant le jouer à fond.
Les gardes patrouillaient devant l’entrée des ports d’embarquement.
— On y va, chuchota-t-elle.
Alors, l’équipe de service se jeta en avant comme un seul homme et pénétra dans les sas, renversant les gardes, se déversant comme une marée désordonnée.
— Et maintenant, on va libérer l’équipage. Pour l’Adventure !!!
Un « Bang » retentissant agita le vaisseau. La bombe improvisée du tricordeur du docteur Mendoza avait fonctionné.

Les couloirs du vaisseau pirate devinrent un champ de bataille en quelques minutes. Les pirates, surpris par l’assaut, avaient été fortement affaiblis, mais un groupe de concierges, de professeurs, de cuisiniers et de gamins n’étaient pas un adversaire insurmontable.
— Dättwyler, Davis, Reeves, Thinebh, allez essayer de libérer les autres ! ordonna Nakayama.
L’institutrice envoya un coup de lance dans un soldat Mollassien, qui gémit et la visa de son phaseur. Avant qu’il ne puisse appuyer sur la gâchette, elle le faucha avec le manche à balai de sa lance et le tir partit à quelques mètre de là, laissant dans le mur métallique un trou de la taille d’un couvercle de poubelle.
Hazel ne savait pas ce qui lui avait pris d’amener les petits avec elle. Bien sûr, ils étaient plus en sécurité avec la résistance de Watson avant la bataille, mais maintenant ? Le lieutenant Thinebh boitait, les dents serrées. Jacobs gisait sur le sol, en sang. Ce n’était pas un endroit pour des enfants.
Elle se tourna vers Reeves, le regard suppliant.
— Ramenez les enfants à la garderie et surveillez-les.
— Vraiment ?
— Oui. Maintenant. S’il vous plaît.
Alors que l’ingénieur se retournait, la main de Thinebh se resserra sur l’épaule de Hazel.
— V’nez, Dättwyler. On a pas d’temps à perdre.

Amarok Olsen gérait la frustration avec la grâce d’un enfant roi de cinq ans et demi. Son plan avait fonctionné, tous les gardes s’étaient retirés, mais les champs de force n’avaient pas cédé. Il y avait un combat dehors, elle entendait l’appel de la bataille, mais elle était piégée comme un oiseau en cage. Elle trépignait, rageait, balançait des gros mots. Tulik la regarda et haussa un sourcil.
Extrêmement illogique, songea-t-il.

— Tu arrives à court-circuiter le système ? demanda Hazel.
Najak avait les mains plongées dans les câbles du boîtier électrique.
— Je ne comprends pas ce système, je n’ai jamais rien vu de pareil.
— Et merle ! jura l’éducatrice.
H’vretha balança un explosif pour repousser les pirates qui tentaient de les approcher.
— Ouais ben magnez-vous parce que j’ai plus de stock ! grogna-t-elle
Elle illustra son propos en retournant ses poches.
— Vous savez quoi ? dit Najak. Tant pis.
La responsable des objets perdus défonça le caisson métallique d’un grand coup de poing. Le système crépita, puis explosa dans une pluie d’étincelles.


— Équipage de Starfleet ! aboya le chef des brigands dans son communicateur, en entrant dans l’allée devant les cellules. Nous tenons en otage un groupe d’enfants et un grand blond stupide. Si vous ne cessez pas de combattre immédiatement, nous tuerons les otages.
— Bah je préfère encore mourir que de me rendre à des pourris comme toi ! cracha Kai. Parce que t’es qu’un débile et t’as pas d’honneur !
Le capitaine pirate eut un sourire cruel. Il pointa son pistolet-laser sur Kachina.
— Vraiment ? Et si je tue la Vulcaine, tu feras toujours autant le fanfaron ?
Kai ouvrit grand les yeux. C’était pour de vrai, pas comme quand ils jouaient aux gentils et aux méchants à la garderie. Et Kachina…

C’est à ce moment-là que le courant se coupa. La lumière clignota un instant, puis les champs de force cédèrent. Le capitaine Tulik bondit hors de sa cellule et arriva à hauteur du chef des pirates. En un geste rapide, il tendit la main et lui brisa la nuque.
— Plus jamais, dit-il dans un souffle.
Kai écarquilla les yeux encore un peu plus.
Tulik laissa le chef des pirates retomber au sol comme une poupée de chiffons. Il se saisit du communicateur et appuya sur le plus gros bouton.
— Équipage pirate, ici le capitaine Soran Kewel Tulik. Votre capitaine est mort.
Sa voix tremblait légèrement.
— Équipage pirate, libérez l’USS Adventure. Vous avez deux heures pour quitter notre vaisseau et nous laisser repartir. J’espère que je me suis bien fait comprendre.

Le Vulcain posa son regard distant et fiévreux sur les enfants.
— Je vais vous ramener à la garderie, dit-il simplement. Kachina, nous reparlerons de ça.

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