Je suis la pie !

2 minutes de lecture

Alors là, ça m'agace ! Mais ça m'agace...

Hum ! La pluie !

Ça m'agace quand il pleut.

Certes, pour la toilette, c'est sympa. Lisser ses plumes. Se refaire une beauté. Il faut dire que j'ai la côte avec mon amoureux Pie-Trotte. Là, on se bécote pas mal ces derniers temps.

Il est craquant !

Il m'appelle sa Pie-Treille.

On aime bien se donner des rendez-vous. Un toit, une branche, une barrière, un fil électrique... Des trucs de dingue. Je n’avais pas fait ça depuis des mois. Mon ex a mal fini. Il aimait trop ce qui brille et il a terminé dans un éclair, un soir de pluie, justement. Alors ça me glace quand il pleut, ça me rappelle trop quand j'étais avec lui.

Avec Pie-Trotte, on vit autre chose.

On fait des folies et on est curieux, de tout.

Et surtout, le summum, on embête les chats.

Alors là, qu'est-ce que je me marre. Je jacasse ! On fait des piqués rasants sur eux. Ils s'enfoncent dans le sol ou bondissent en l'air comme sous l'effet d'une décharge électrique insoutenable. Il faut dire que dans notre costume en noir et blanc, ça en jette. Ils ont la trouille de notre bec si fort et de nos yeux indiscrets et sérieux.

Les pauvres petits félins, ils se carapatent.

Depuis quelques jours, avec Pie-Trotte, on se cherche une maison. En bordure de forêt dans ce joli village d'Haramont. Juste sous les collines, le long de la rue de Selve ou du Chemin Vert. Il y a de quoi faire. Bien sûr, il faut s'accommoder des écureuils, de la chouette et du coucou. Et de ce couple de tourterelles qui roucoulent sans cesse. Hélas, il y a aussi tous ces corbeaux et ces corneilles.

Qu'est-ce qu'ils sont moches ! Aucune classe.

Ils m'inspirent la mort, mais moi, je préfère l'amour.

Au fait, je ne vous ai pas dit. J'ai un copain.

Oui enfin, ce n'est pas ce que vous croyez. C'est un grand-pied. On se parle. Du moins on se comprend. Surtout après la pluie. Je passe le voir avant la tombée de la nuit. Je sais qu'il regarde par sa fenêtre. Et je le vois parfois qui tape avec ses extrémités sur des carrés noirs. Il scrute sans cesse une petite fenêtre alors qu'il en a une immense juste à côté de lui. Sans doute qu'il rêve. Alors je viens le distraire. Je saute sur les murets. Je me tourne. Je sautille. Alors là, il me regarde. Et je lis en lui, une détresse. Il semble si seul.

Moi, heureusement, j'ai trouvé Pie-Trotte.

Et avec lui, c'est pour la vie !

Ça m'agace...

Ça m'agace quand il pleut !

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