Chapitre 40

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Alexis

Curieux et attentif, j'entre à la suite de Layla et de Maïwenn dans le grand atelier de l'usine de Labégude. Nous avons récupéré la jeune femme à Vals et quelques minutes plus tard, Layla nous a fait entrer dans la cour de l'usine. Outre le fait de découvrir les lieux, je suis aussi content de faire la connaissance de Maïwenn. Après Serge, c'est une personne importante de son entourage professionnel que je rencontre. Je remarque qu'elle est peut-être encore plus attentive que moi, qu'elle pose des questions judicieuses à Layla et qu'elle prend beaucoup de notes.

Nous entamons la visite en faisant le tour des installations. C'est toute une chaîne de fabrication, à l'arrêt, que j'ai devant les yeux. Je n'avais jamais visité ce genre d'endroits, n'en ayant vu que des images dans des reportages ou en photos. Layla en explique tout le fonctionnement, les différentes étapes : découpe, impression, puis remplissage puisqu'à l'époque, une partie des produits était encore fabriquée ici. Enfin, nous entrons dans une pièce voisine, un peu plus petite, qui était consacrée à l'expédition. On voit des palettes chargées de quelques boîtes vides. Je me souviens bien de ce "packaging" comme on dit aujourd'hui : je reconnais les anciens tubes de shampoing, de forme carrée, alors qu'aujourd'hui, les bouteilles sont plus arrondies.

En sortant de l'usine, Layla nous emmène à Aubenas où nous déjeunons. Puis nous retournons à l'usine où elles passent encore une bonne heure. Puis Maïwenn demande la possibilité de rester à l'hôtel pour travailler pour la fin de journée et le lendemain, afin de mettre en ordre toutes les notes qu'elle a prises, de faire ainsi un premier état des lieux et surtout de relever les éventuelles questions qu'elle aurait oubliées, les précisions dont elle pourrait encore avoir besoin.

Nous la ramenons à Vals et nous décidons de retourner à Jaujac tous les deux. J'avais suggéré à Layla de prendre ses affaires de randonnée, au cas où nous aurions terminé la visite pas trop tard et nous pouvons ainsi nous engager dans un joli chemin à flanc du volcan, au-dessus du village. J'aime beaucoup cet endroit, un peu différent de la vallée de la Volane, car plus ouvert, moins encaissé. Et le village est aussi très joli.

A notre retour aux Auches, nous prenons notre douche ensemble, puis j'entraîne Layla jusqu'à sa chambre, l'étends sur le lit et rejette la serviette dans laquelle elle s'était enroulée. Mes mains parcourent son corps, mes lèvres embrassent son ventre, ses seins, puis viennent goûter à son musc délicieux. Je m'enivre de ses parfums, de son goût fabuleux. Je m'enivre de ses plaintes, de ses suppliques. Je m'enivre du sang qui court dans ses veines, des battements fous de son cœur.

Je veux pouvoir profiter de chaque instant passé avec elle et pouvoir ainsi, librement, lui faire l'amour n'est pas le moindre bonheur que je veux nous offrir. Depuis le printemps, nos séparations n'ont fait qu'exacerber nos envies, que ce soient nos étreintes ou tous ces moments simples et beaux que nous pouvons partager.

- Alexis... Je t'en supplie... Viens... Viens...

Elle m'appelle, elle me veut. J'abandonne presque à regret sa jolie fleur et viens m'étendre sur elle tout en déposant de petits baisers pointus sur son ventre, son nombril, ses seins, avant de m'emparer de sa bouche avec passion. Ses mains s'accrochent à mes épaules, ses ongles se plantent dans ma peau, ses cuisses s'enroulent autour de mes reins, m'offrant ainsi toute liberté pour venir en elle. Dieu que c'est bon... Plonger dans son ventre, éprouver sa chaleur, l'emporter vers de nouveaux sommets.

Je romps notre baiser et la regarde. Elle a fermé les yeux, son visage est traversé par les ondes du plaisir, sa bouche s'ouvre sur un cri, ses reins se creusent sous la poussée de mon corps, et l'orgasme l'emporte. Dieu qu'elle est belle ainsi, toute abandonnée au plaisir. Je l'accompagne autant qu'il m'est possible avant d'abandonner à mon tour toute retenue pour m'unir à elle dans cet ultime spasme voluptueux.

**

- Alors, comment trouves-tu cela ?

- Délicieux, dis-je en croquant dans une châtaigne.

Layla avait bien en tête de nous faire manger des châtaignes cuites au feu de bois. Une fois de retour à l'étage, je remets deux pleins paniers de bûches dans la cheminée, relance le feu. Pendant ce temps, Layla s'emploie à ouvrir les châtaignes : avec un couteau de cuisine, elle fend la coque tout en les observant avec soin, mettant de côté quelques-unes qui sont véreuses. Une fois les châtaignes prêtes, elle les dispose dans un grand saladier qui a certainement appartenu à sa tantine, d'après les jolis dessins qui le décorent.

Layla se saisit ensuite d'une vieille poêle en fer trouée et y place une première tournée de châtaignes. Puis elle attend que le feu soit tombé en braises, repousse quelques morceaux de bûches sur les côtés et crée ainsi comme un petit nid dans le foyer sur lequel elle place la poêle. Elle la secoue très régulièrement pour que les châtaignes cuisent sans brûler. Puis elle les glisse dans une sorte de panier en osier, qu'elle a garni d'un grand torchon dont elle referme ensuite les pans.

- Tiens, goûtons les premières. Je pense qu'elles sont bien cuites, mais cela fait plusieurs années que je n'en ai pas mangé de cette façon. Celles que je prépare à Paris, je les fais au four. Je les fends pareillement, mais la cuisson au feu de bois leur donne un goût différent.

Pour accompagner ce plat très simple - car quoi de plus simple que de faire cuire quelques fruits sur un lit de braise ? -, nous avons réchauffé le reste de soupe et Layla avait acheté une bouteille de lait de chèvre. Le goût est particulier, surtout quand on est habitué au lait de vache. Avec la châtaigne grillée, je dois reconnaître que cela se marie bien.

Nous nous amusons à ouvrir les châtaignes en essayant de ne pas nous brûler les doigts, rions beaucoup. C'est un de ces moments de partage que j'apprécie pleinement, tout en simplicité. Cela fait une éternité que je n'avais pas vécu ce genre de choses, je veux dire, avant de rencontrer Layla, et je dois bien reconnaître que j'y prends goût et que j'apprécie de plus en plus. Je peux même avouer que je les recherche et que je m'emploie à les provoquer, à les créer autant que possible. Ma proposition de randonnée cet après-midi en était une, ce repas, assis sur des coussins devant la cheminée, avec juste un plateau posé devant nous, en est une autre.

Une fois que nous en avons terminé, Layla se relève et jette dans le feu toutes nos épluchures qui s'enflamment bien vite au contact des braises. Je me suis rassis plus confortablement sur un coussin et quand elle se retourne vers moi, je lui ouvre les bras. Elle vient s'asseoir contre mon torse, tournée vers la cheminée. Elle est comme pelotonnée contre moi, entourée de mes bras, de mes jambes. Par moments, elle ferme les yeux. Et je savoure. Sa présence, le parfum léger qui émane de ses cheveux, cette discrète touche de lavande. Mais aussi le chant du feu, les crépitements des braises. La douce chaleur qui se répand jusqu'à nous.

- Alexis, me murmure-t-elle tout bas, comme pour ne pas rompre le charme qui s'est emparé de nous.

- Hum ?

- On est bien, là, n'est-ce pas ?

Je souris :

- Oui, très. C'est... juste bien. Juste... qu'on n'a besoin de rien de plus.

Elle sourit, les yeux toujours fermés. Mon doigt glisse sur sa joue, remet derrière son oreille une mèche de ses cheveux. Son sourire s'élargit. Elle me fait l'effet d'une jeune chatte, prête à ronronner.

Layla

C'est peut-être un fantasme. Un de ces rêves un peu bêbêtes qu'on fait quand on est adolescente. Se retrouver dans les bras de son chéri, devant un grand feu de cheminée, sur un tapis moelleux ou des coussins bien confortables.

Cette soirée au coin du feu y ressemble à s'y méprendre. En mieux encore. Car c'est Alexis qui me tient dans ses bras et pas une silhouette imaginaire de prince charmant. Et que nous sommes aux Auches, dans cette maison qui est le cœur de tout, pour moi. Et qui, à la faveur de ce séjour, prend une dimension encore plus importante dans ma vie. Même si nous avons partagé de bons moments chez lui, c'est ici que je vis avec Alexis les heures les plus riches qui soient. C'est ici, sur la terrasse, que nous avons échangé notre premier baiser. C'est ici, dans cette maison, que nous avons fait l'amour pour la première fois et que nous le faisons encore et encore. C'est ici aussi que l'un comme l'autre nous nous sommes laissés aller aux confidences, même s'il m'avait révélé son burn out à l'Enfer. Mais c'est ici que les choses avancent aussi, dans nos têtes, pour lui comme pour moi, que se dessinent les contours encore flous de l'avenir.

Nous demeurons longtemps ainsi, assis sur les coussins, moi blottie contre lui, ses bras m'entourant. Nous demeurons longtemps ainsi, à regarder le feu, à vivre seulement au rythme des bûches qui se consument. J'ai le sentiment de renouer avec un fil de mon enfance, ou plutôt, de lui redonner de la tessiture, de la couleur. Ces odeurs de châtaignes grillées, de feu de bois et même le léger parfum de la soupe que nous avions réchauffée sont les mêmes que celles que j'appréciais quand, petite fille, je venais passer ici les vacances de la Toussaint, ou même celles de février. Nous prenions le repas à la grande table, Tantine assise au bout, face à la fenêtre, pour toujours jeter un œil au-dehors, capter un rayon de soleil, le vol d'un oiseau, le passage d'un nuage. Ou, quand elle était encore en feuilles, le mouvement de la vigne, l'éclat doré d'un reflet du soleil, une ombre douce et passagère. Moi, je m'asseyais dos à la cheminée, "pour avoir moins froid, ma petiote !". C'est Tantine qui m'a appris à éplucher les châtaignes, alors qu'avec mes doigts d'enfant encore maladroits, je n'arrivais pas bien à détacher l'enveloppe. C'est Tantine qui, plus grande, a guidé mes gestes pour secouer la poêle à trous et les cuire sans les brûler.

C'est bon de revivre ces souvenirs, même si je ne dis pas un mot, même si je ne raconte pas. La présence d'Alexis me suffit. Le partage se fait dans un autre mode, dans notre monde.

**

Bien sûr que toute cette atmosphère est propice et quand une main d'Alexis s'aventure sous mon pull, qu'elle vient, coquine, chercher mon sein, je ne retiens pas le frisson qui court sur ma peau. Dès qu'il le ressent - et je sais qu'il le ressent -, ses lèvres se posent dans mon cou, juste à cet endroit qu'il sait si sensible et où il aime tant jouer. Mes lèvres s'entrouvrent, je laisse échapper un premier soupir.

L'instant d'après, je me retrouve étendue sur les coussins, Alexis couché à côté de moi, sa bouche s'emparant de la mienne pour un lent baiser profond. Nous le faisons durer, profitant et savourant sans jamais nous lasser. Sa main, toujours sur mon ventre, le caresse doucement, légèrement. Je lui réponds en glissant les miennes sur ses reins, mais sans chercher encore sa peau, comme si nous ne voulions pas aller trop vite.

Quand il s'écarte de moi, nos regards plongent l'un dans l'autre. Ses paillettes dorées scintillent doucement, d'une chaleur qui m'émeut. Ma main caresse sa joue, mes doigts dessinent les contours de ses lèvres.

- Alexis... Je t'aime.

Il sourit, dépose un baiser léger sur le bout de mon nez et me répond :

- Je t'aime aussi, Layla.

Puis nous nous embrassons encore. Avant de commencer à retirer nos vêtements, comme si nous nous effeuillions l'un l'autre. Lorsque mes jambes se retrouvent dévêtues, je sens la chaleur émanant de la cheminée venir jusqu'à moi et me recouvrir, mais elle est vite remplacée par celle du corps nu d'Alexis, par cette chaleur vivante et vibrante de l'amour. Il me picore, m'effleure, me caresse du bout des doigts, du bout de son souffle. Comme un papillon se posant délicatement au cœur d'une fleur.

Bientôt, mon chemisier rejoint le reste de nos vêtements et Alexis m'entoure de ses bras, de son regard aimant, de toute sa tendresse. Et nous faisons délicieusement l'amour.

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