Chapitre 51

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Layla

C'est à l'occasion de ce séjour d'Alexis que je mets les pieds dans son appartement pour la première fois. Il est parvenu à décider Pauline de venir y déjeuner le dimanche midi et dès la fin d'après-midi du samedi, nous nous y rendons. Nous avons fait les courses en conséquence et ce sera plus facile de préparer le repas en ayant toute la matinée du dimanche devant nous.

J'étais curieuse de découvrir son "futur ancien" lieu de vie. De voir où il a vécu ces dernières années. L'appartement donne une impression de tristesse dès qu'on y entre, causée grandement par le fait qu'il n'y fait pas chaud et qu'il a déjà emporté des affaires à Antraigues. Je me dis d'emblée que cela ne fait pas très accueillant pour recevoir Pauline et Aglaé, qu'il va falloir mettre de la gaieté là-dedans.

- Hum... fait Alexis après avoir déposé les clés sur le bar qui sépare la cuisine de la pièce de vie. Bon, je vais remettre le chauffage en route. Désolé, ça ne fait pas très accueillant...

- C'était la réflexion que je me faisais, dis-je d'une voix douce. Mais cela s'explique aisément : tu n'y vis plus depuis des mois. Tu avais remis un peu le chauffage quand tu es venu à l'automne ?

- Même pas. Je n'avais fait que passer pour prendre des affaires et je m'activais, donc je n'avais pas eu besoin. Mais il va faire vite bon. Si tu veux, on peut dîner dehors... Il y a quelques restos pas mal dans le coin.

- On a prévu pour ce soir. On va faire simple.

- Ok, pas de soucis.

Pendant qu'Alexis s'active à remettre le chauffage en route, de même pour le réfrigérateur qui était coupé, je dépose le sac avec nos affaires pour la nuit dans sa chambre. Le lit est fait, le placard est quasiment vide. Tout juste a-t-il laissé là quelques vêtements, pour "au cas où", du moins, c'est ce que j'imagine. Pareil dans la salle de bain où ne demeurent que quelques serviettes de toilette et le minimum en savon et shampoing. J'ai bien fait de prévoir une petite trousse de toilette.

Je ne m'attarde pas dans cette pièce que je trouve assez impersonnelle et je rejoins Alexis.

- As-tu besoin d'aide ?

- Non, ça va aller vite, me répond-il. Tu veux boire quelque chose ? J'ai prévu une bouteille de vin... Pauline boira peu demain midi, on peut l'entamer ce soir.

- Si tu es d'accord, je vais faire un saut au supermarché à côté. Il faut décorer pour demain.

- Bonne idée... Je n'ai rien ici. Je n'ai jamais passé de réveillon dans cet appartement, que ce soit pour Noël ou le Nouvel An, je n'ai jamais acheté de décorations... Et Pauline a gardé celles de papa.

- Très bien, souris-je. Alors, je m'en occupe !

Je reviens trois quarts d'heure plus tard, les bras chargés de trois gros sacs débordant de guirlandes et de boules de Noël. Comme les fêtes sont passées, tout était bradé au supermarché. J'ai raflé ce qui restait ou presque.

- Tu as pris tout ça ? s'exclame Alexis en me voyant arriver.

- Oui, dis-je. C'était soldé ! Bon, un peu dépareillé peut-être, mais je vais m'en débrouiller. Laisse-moi faire.

Il sourit, m'enlace brièvement :

- J'adore te laisser faire...

J'éclate de rire en réponse :

- Coquin...

Et je me débarrasse bien vite de mon manteau et de mon écharpe, ouvre les paquets, dégote punaises, scotch et paire de ciseaux dans un tiroir et commence à m'activer pendant qu'Alexis entame la préparation de notre repas.

J'ai bien fait de prendre pas mal de décorations, car une fois mises en place, la pièce a bien meilleure allure. J'ai pu suspendre des guirlandes au mur, agrémentées de boules que j'avais assemblées ensemble. Devant la fenêtre, j'ai fait passer une guirlande en forme de petits sapins et de pommes de pins, ça rend très joli. Je suis parvenue à marier les couleurs, en décorant aussi l'entrée. Il me reste une boîte avec de petits personnages en bois que je placerai demain sur la table, avec quelques bougies.

Alexis

C'est au cours du premier week-end de l'année, premier que je passe avec Layla à Boulogne, que nous revoyons Pauline et Aglaé. J'ai un peu insisté, Pauline a finalement accepté de venir déjeuner le dimanche midi chez moi. La veille au soir, nous nous y rendons donc, Layla et moi. Ce sera en effet plus facile de préparer le repas en étant sur place.

C'est la première fois que Layla franchit le seuil de mon appartement. Bien vide, un peu tristement abandonné. Il n'y fait pas chaud non plus et je remets d'emblée les radiateurs en route. Je n'ai aucune décoration de Noël ici, n'ayant jamais jugé utile de donner une touche de fête à mon intérieur alors que j'y passais peu de temps à cette période de l'année et ne recevais jamais personne pour les réveillons. L'apprenant, Layla fait aussitôt un saut au supermarché, raflant à bas prix ce qui reste de guirlandes et boules. Elle trouve même de jolies serviettes de table en tissu aux couleurs de Noël.

Alors que je termine la préparation du repas, elle s'emploie à décorer la pièce. Elle accroche des guirlandes dans l'entrée, des décorations sur toutes les portes. Cela rend tout de suite mon intérieur plus chaleureux et accueillant. Et c'est plutôt une bonne idée pour recevoir nos invitées.

Nous passons une soirée tranquille, mais nous nous retrouvons bien vite dans ma chambre. Elle est plus sobre, voire dépouillée que celle de Layla et même que celle que j'occupe au gîte, à Antraigues. Mais Layla n'en a cure. Et elle a bien raison : ce qui compte, c'est d'être tous les deux, de profiter de ce week-end, de ces journées que nous pouvons passer ensemble. Et de nous offrir une nuit douce et câline.

**

Pauline et Aglaé arrivent le dimanche vers midi et demi. Nous sommes tous heureux de nous revoir et Aglaé nous offre ses grands sourires. Avant d'entamer le repas, nous leur donnons nos cadeaux. J'ai choisi un livre sur les volcans d'Ardèche pour Aglaé et un de photos pour Pauline. Plus général, il présente des clichés des différents endroits que j'ai eu le temps de leur montrer, mais d'autres aussi, tout en évoquant certaines personnalités de la région, des faits historiques. Layla lui offre une compilation de chansons de Ferrat, différente du disque qu'elle a choisi pour moi. Quant au cadeau destiné à Aglaé...

Elle ouvre des yeux grands comme des soucoupes lorsqu'elle déballe le paquet que Layla a réalisé pour elle. Une ammonite de belle taille, dont on voit bien les détails.

- Oh ! Maman ! Oh !

Elle se tourne vers sa mère, puis vers nous, incrédule.

- C'est... C'est pour moi ?

- Oui, Aglaé, répond Layla. Alexis m'a raconté que tu avais cherché des fossiles dans le lit de l'Ibie, l'été dernier. Que tu en avais trouvé, mais des petits. Alors, j'ai pensé qu'un différent te plairait. Les ammonites sont assez fantastiques, j'aime bien les regarder moi aussi.

- Elle est... Oh, elle est très belle ! Elle doit être fragile... ajoute-t-elle en laissant ses doigts glisser doucement sur les reliefs du fossile. Je la mettrai sur mon étagère, avec les morceaux de pierres des volcans. Faudra faire attention quand on fera les poussières, hein, maman ?

- Bien sûr, Aglaé. On fera attention. C'est un très beau cadeau... Merci pour Aglaé, Layla.

- Oui, merci, Layla ! s'exclame Aglaé en quittant promptement sa chaise pour aller lui faire un bisou. Mon cadeau, il est tout petit à côté...

- Ce n'est jamais la taille qui compte, lui répond Layla, mais ce que tu as mis dans ton cœur pour l'offrir.

Nous ouvrons ensuite nos cadeaux, Layla et moi. Aglaé nous a fait pour chacun un album de dessins, qu'elle a agrafés entre eux pour former comme un petit livret. Elle a reproduit les paysages d'Ardèche, à sa façon. De la part de Pauline nous recevons chacun une écharpe toute simple.

- Il fait froid en Ardèche en hiver, non ? fait-elle d'une voix douce. C'est ce que j'ai pensé en voyant les photos d'Antraigues sous la neige que tu nous avais envoyées, Alexis...

- C'est vrai, dis-je. C'est une bonne idée. Cela m'évitera d'attraper un rhume pour l'ouverture du cabinet médical !

- Tu as une date ? me demande Pauline.

- Pas encore. Nous espérons un retour rapide de l'ARS, le maire et moi : nous devons les revoir à la fin du mois. Mais si nous n'avons pas de réponse à cette date, il relancera la députée pour la faire intervenir. De mon côté, je suis presque prêt.

Elle sourit, puis dit simplement :

- C'est bien.

Nous entamons ensuite le repas, puis nous sortons faire une petite promenade. Je nous conduis jusqu'au bois de Vincennes où nous faisons un bon tour en terminant par les serres du parc floral. Elles en repartent directement alors que nous reprenons la direction de Boulogne : je repasserai chez moi dans la semaine pour ranger ce que nous avons laissé.

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