Chapitre 81

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Pour info : petite pause dans la publication pour les prochains jours. Il faut que je reprenne de l'avance dans l'écriture, je n'en ai plus beaucoup. Merci et à bientôt !

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Alexis

- Salut, vieux ! Comment ça va ?

- Salut, Bruno. Ca va bien, et vous ?

- Contents d'être en vacances ! Dis voir, j'imaginais pas, mais c'est quand même le bout du monde, le bled à Layla...

Je souris, mais je n'ai pas le temps de répliquer que Layla s'approche, lui plante la bise sur les deux joues et déclare :

- Je sais. Et il se mérite, mon bout du monde. Il ne s'offre pas à n'importe qui...

- Hou la ! J'espère que nous ne sommes pas n'importe qui, alors ! s'esclaffe Bruno.

- Ca... On verra si les champions t'acceptent ou pas...

- Ils ont bien accepté Alexis...

- Papa !

Le cri de Jules nous interrompt. Il est encore attaché dans la voiture alors que ses parents viennent d'arriver et nous saluent. Bruno file s'en occuper alors qu'Adèle nous fait la bise à son tour :

- Contents d'être arrivés. N'écoute pas ce jaloux de Bruno, Layla. Depuis qu'on a franchi la limite du département, il n'arrête pas de dire "putain, c'est beau". Alors tu vois...

- Peut-être qu'il y aurait moyen de lui trouver un cabinet à Vals, fait Layla en s'amusant. Et toi, tu pourrais t'installer à Antraigues !

- Mon Dieu, mais vous en avez de ces idées ! s'exclame-t-elle en levant les yeux au ciel. Bon, sérieusement, vous allez l'air en pleine forme, tous les deux ! Les vacances se passent bien ?

- Elles se terminent pour moi, mais j'ai bien profité, dis-je. Quant à Layla, elle a encore toute une semaine et elle vous a préparé un super programme. Vous allez adorer.

- Alexiiiiiiiiiiiiiis !

Jules atterrit dans mes jambes après s'être échappé de la voiture, une fois détaché de son siège auto. Je l'attrape, réussis à le porter haut. Il a grandi et pris du poids, le petit bonhomme. Je ne ferai plus cela durant des années... Alors j'en profite et lui fais une rafale de bisous, ce qui provoque une cascade de rires. Puis il passe dans les bras de Layla avec autant de joie.

- Installez-vous, dis-je. L'apéro vous attend. Vous avez bien roulé...

- On est parti en pleine nuit, dit Adèle. Personne au péage, personne sur la route... On a trouvé un peu de monde à Clermont-Ferrand tout à l'heure, mais franchement, ça allait.

- En même temps, en plein week-end du 15 août... Tout le monde a fait le déplacement en milieu de semaine, c'était plus tranquille pour ce samedi, fait remarquer Layla.

Ils prennent tous place autour de la table, Layla apporte un coussin pour que Jule soit à la bonne hauteur. De mon côté, je file dans la cuisine pour préparer le nécessaire : olives, tranches de saucissons à divers parfums, tartinettes de fromage frais, radis. Et les bouteilles d'alcool.

- Vous prenez quoi ?

- Un pastis ! lance Bruno. Faut faire local...

- Le pastis, c'est provençal, le taquine Layla. Pas ardéchois...

- Bah, on est au sud de la Loire, non ?

- Au sud et à l'est, en plus !

- Alors, c'est bon. Je peux boire du pastis.

- Adèle ?

- Va pour un pastis aussi. Léger.

Je fais le service. Layla et moi buvons une bière. A la myrtille, comme le veut la saison. Nous prenons des nouvelles des uns et des autres, Adèle est déjà très curieuse du programme préparé par Layla. Cela tombe bien qu'ils soient là pour sa dernière semaine de vacances : elle va pouvoir faire quelques balades avec eux, alors que je vais reprendre le travail lundi.

Ils sont arrivés pour midi, nous déjeunons ensemble, puis nous les emmenons au coin baignade. Jules s'éclate comme un fou, Adèle trouve le coin très bien et Bruno... fait une sieste. En fin d'après-midi, nous les conduisons à Genestelle. Monsieur Joussac nous attend. Nous laissons nos amis s'installer après avoir convenu avec eux qu'ils viendront dîner à l'Enfer ce soir.

**

En ce mardi midi, j'accueille au cabinet non un patient, mais Bruno, curieux de voir où et comment je suis installé. Nous faisons un rapide tour des lieux, avant d'aller déjeuner en terrasse, chez Mariette. Après, ils iront à la baignade alors que je reprendrai le travail.

- Pas mal, fait-il en voyant le cabinet médical. Simple et fonctionnel. Tu as une petite pièce à côté ?

- Oui, dis-je en lui ouvrant la porte. C'est juste une réserve : j'y range les stocks. Le petit meuble dans le cabinet me sert juste pour entreposer ce qui est en cours d'utilisation. Cela me permet d'avoir un peu plus de place.

- Tu m'avais dit avoir choisi une des pièces les plus petites ?

- Oui, parce que les deux autres sont mieux adaptées pour un dentiste ou un kiné. Même si on n'a pas de proposition d'installation pour le moment.

- Adèle a mis l'annonce à l'école dentaire, sur le site internet aussi... Elle en parle aux stagiaires, mais bon. La plupart ont leur vie à Paris... Au mieux, certains envisagent de s'installer en Normandie ou en région parisienne.

- Peut-être qu'un jour, il y en aura un ou une qui sera tenté par l'Ardèche, dis-je en un sourire.

- Ca arrive à des gens très bien ! réplique-t-il en riant. Tu en es la preuve !

Je souris, puis nous quittons la maison médicale. En repartant, Bruno me tapote l'épaule en disant :

- C'est bien. Tu es bien là, maintenant.

J'acquiesce. Oui, je suis bien.

- Et c'est chouette que ça continue avec Layla. Vous vous en sortez, de la relation à distance ?

- On fait avec. On profite au maximum des moments ensemble, comme ses vacances par exemple.

Je n'en dis pas plus : pour l'instant, le projet de relocalisation est encore connu d'un cercle restreint de personnes, même si l'information va circuler au niveau de l'entreprise. Je préfère éviter qu'on y fasse une allusion malencontreuse ici, à une terrasse par exemple. Tant que le CCE du mois de septembre n'est pas passé, Layla veut rester discrète.

- Tu penses réussir à t'organiser pour monter sur Paris de temps en temps ?

- Oui, en fonction de l'activité, j'essayerai de prendre un vendredi toutes les cinq-six semaines environ. Cela devrait passer, tant qu'on ne sera pas en période d'épidémies.

- Pas simple, mais comme tu dis, faut s'adapter et faire avec.

Nous traversons le petit parking derrière la maison médicale et nous nous engageons dans la montée. Les filles et Jules nous attendent sur la place. Jules s'est bien amusé à faire trempette dans la fontaine après avoir couru tout autour : lui aussi semble trouver Antraigues à son goût.

Layla

Ce mercredi matin, je suis passée rapidement à Antraigues pour quelques courses, saluer Julien à qui j'ai acheté le nécessaire pour un pique-nique, prendre le pain chez Florence, puis je monte à Genestelle pour récupérer nos amis. Aujourd'hui, en début d'après-midi, Alexis doit se rendre chez deux patients, l'un dans un hameau au-dessus de Laviolle et l'autre entre Aizac et Labastide. Il n'aura pas beaucoup de temps pour déjeuner, aussi avons-nous convenu que j'emmènerai nos amis dans les gorges. Nous devons faire la visite de la grotte Chauvet en fin de matinée, puis je leur ferai admirer quelques points de vue sur les gorges, avant de remonter sur le causse par Saint-Remèze et de rentrer en flânant le long de la vallée de l'Ibie : nous y trouverons aisément un petit coin baignade pour Jules. Et ce sera bien plus tranquille qu'à Vallon.

Pour ce soir, j'ai acheté des grillades : nous dînerons à Genestelle, ce sera aussi simple.

Je retrouve donc nos amis prêts à partir et nous prenons rapidement la route. Ils alternent journées de visites et journées de repos, autant pour eux que pour Jules, et apprécient déjà les coins baignade.

En arrivant près d'Antraigues, Bruno me glisse :

- Il est vraiment beau, ton village, Layla. Sincèrement. C'est impressionnant de le voir agrippé à son rocher, quand on arrive de Vals, mais sous cet angle, c'est chouette aussi.

- Je suis tout à fait d'accord, même si je suis partiale, forcément, dis-je. J'ai beaucoup plus l'habitude, cependant, de le voir depuis l'autre côté. On est à l'opposé des Auches, là, ou presque, ajouté-je en ralentissant car nous arrivons à l'entrée du village.

Nous traversons Antraigues au pas : il y a encore des touristes, puis nous nous engageons le long de la vallée. Nous en avons pour une petite heure de route pour rejoindre Vallon-Pont-d'Arc.

Comme nous arrivons avec une avance confortable par rapport à l'heure de la visite, je les conduis d'abord à la combe d'Arc, pour admirer le pont. Jules est très impressionné, tout comme ses parents. Nous gagnons ensuite le site de la réplique de la grotte Chauvet, pour la visite. Jules ne se rend pas encore bien compte de ce que cela représente, mais je pense qu'il en gardera un beau souvenir. Il arrive à identifier plusieurs animaux sur les parois.

Des tables de pique-nique sont installées sur le site et c'est là que nous déjeunons. Nous reprenons ensuite la route, Jules s'endort vite à l'arrière et il me semble que Bruno pique un petit somme lui aussi, même s'il est le premier dehors dès que je marque des arrêts pour leur faire admirer la vue sur le précipice et les gorges. Jules n'en voit rien, bien parti pour sa sieste. A Saint-Remèze, nous marquons un arrêt pour qu'Adèle puisse faire quelques achats à la boutique de produits à base de lavande. Bruno reste avec son fils dans la voiture. Il se réveille alors que nous repartons. L'arrêt le long de l'Ibie, pour lui permettre de se défouler et à tous de se rafraîchir, sera bienvenu.

**

- C'est une belle excursion, Layla. Merci de nous avoir accompagnés !

Je suis assise à côté d'Adèle, alors que Bruno surveille son fils qui joue dans la rivière. Le niveau de l'eau n'est plus très haut en cette fin d'été, mais nous sommes quand même parvenus à nous rafraîchir. Et Jules peut jouer, c'est l'essentiel.

- De rien, Adèle, c'est un plaisir.

- C'est vraiment très beau. Et impressionnant, les gorges, le pont d'Arc... et Chauvet ! Très intéressant. On reviendra quand Jules sera un peu plus grand : on pourra alors participer aux différents ateliers de découverte qui sont proposés. Là, je pense qu'il est encore un peu petit...

- Alexis les avait faits avec Aglaé et Pauline, l'an passé. Elles avaient bien aimé.

- Comment vont-elles ? On n'a pas encore eu l'occasion de demander de leurs nouvelles à Alexis... Elles sont venues cet été, c'est bien ça ?

- Oui, deux semaines à cheval sur juillet et août. J'ai pu les voir durant quelques jours. Aglaé adore l'Ardèche et fait tout pour décider sa mère à venir y habiter.

- Non ?

- Si ! Et il se pourrait bien qu'elle réussisse.

- Pauline trouverait du travail ici ?

- Il y a un gros besoin en aides à domicile. Avec une petite formation, ce serait possible pour Pauline. Elle va y réfléchir.

- Hum, je vois. Sérieusement, Layla, je pense que ce serait une bonne chose. Pour Pauline, je veux dire. Je pense que ça lui ferait du bien, psychologiquement, de quitter la région parisienne. Je reconnais que je ne l'ai pas vue depuis un bon moment, ça date de près de six mois maintenant, mais cela l'aiderait à avancer dans son deuil : en restant à Paris, même si elles ont changé de quartier, ça la rattache à ce qu'elle a vécu avec le père d'Alexis. Et c'est dur, forcément.

- Oui, Alexis m'a raconté... dis-je. Je pense aussi que ça pourrait être une bonne chose pour elle. Et pour Aglaé !

Adèle sourit. Je n'en dis pas plus : ce qui se passe entre Julien et Pauline est encore beaucoup trop frais, à peine débutant.

- Et vous deux, Layla ? Ca va ? Même à distance ?

- Oui, ça va. On arrive à se voir quand même régulièrement. Hormis au mois de juin et début juillet, mais j'avais pu faire un saut pour un week-end prolongé quand son oncle et sa tante étaient en vacances. Il avait pu venir à Bordeaux début mai, chez mes parents, puis à Paris pour la Pentecôte. Je pense qu'on arrivera à alterner ainsi, en fonction des opportunités.

- C'est bien. Je suis contente, et Bruno aussi, pour vous deux. Et on est vraiment rassuré pour Alexis : il a complètement repris le dessus, on le sent très heureux de travailler ici, d'exercer certes un peu différemment de ce qu'il avait envisagé au départ, mais finalement, dans des conditions qui lui conviennent bien mieux.

- Oui. Je ne l'ai pas vu quand il est arrivé ici, nous avions fait connaissance alors qu'il se trouvait à Antraigues depuis déjà un bon mois. C'est cependant une évidence pour moi qu'il a totalement repris pied. Il est très différent de l'Alexis que j'ai rencontré, et pour le mieux. Même si certaines journées sont bien remplies, il n'est plus sous stress comme aux urgences. Il peut faire un vrai suivi des patients, pratiquer la médecine comme il en avait envie.

- Sincèrement, Layla, en l'envoyant ici, je n'aurais pas imaginé qu'il s'y serait installé. Je m'étais dit : il faut qu'il change d'air, il faut qu'il aille se reposer dans un endroit totalement différent du quotidien. Bien sûr, il aurait pu aller chez son oncle et sa tante, en Normandie. Il y aurait été bien accueilli et même un peu "couvé". Mais il avait besoin de faire le point, de se retrouver avec lui-même aussi. Et puis, de fil en aiguille, finalement...

- Il a surtout bénéficié d'une bonne opportunité ! fais-je remarquer.

- Tu parles de toi, là ? rit Adèle.

- Non, ris-je en retour. Je parle du fait que notre ancien médecin avait pris sa retraite...

A ce moment, Jules revient vers nous en courant. C'est l'heure du goûter et il commence à avoir faim. Nous prolongeons ensuite encore un peu notre pause au bord de la rivière, puis nous repartons pour la maison en remontant par Saint-Maurice d'Ibie. Nous y arrivons vers 18h30, ce qui nous laisse le temps de préparer le dîner. Pendant que je compose une salade, Adèle prépare l'apéritif, Jules aide son père à mettre la table.

Quand Alexis arrive, nous sommes prêts : nous l'attendions chacun avec un petit verre à la main.

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