8. Les Échos d'une Rencontre

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Ce soir-là, Monique rentre tard, le cœur encore léger après sa rencontre avec Claude. Mais en franchissant la porte de la maison, elle ressent immédiatement la chaleur rassurante des bras qui l’ont accueillie dans ce foyer qu’elle appelle désormais le sien. Les parents adoptifs, bienveillants et soucieux de son bien-être, la regardent entrer avec une certaine attente.

— Tu es en retard, Monique, lui dit d’abord sa mère, mais avec une douceur dans la voix. Elle a appris à lire les signes de la jeune fille, à comprendre que chaque jour, Monique porte encore en elle des traces d’un passé difficile.

Monique ne ment pas. Elle leur raconte simplement la rencontre avec Claude, sans se perdre dans des détails superflus.

— J’ai rencontré un jeune homme, un étudiant à l’université. Nous avons parlé un moment, il m’a invitée à boire un verre, mais je n’ai pas accepté sa proposition de me raccompagner. Elle marque une pause, sachant que ses parents adoptifs veillent toujours sur elle.

Son père, tout en l’écoutant attentivement, se permet de la mettre en garde.

— Tu sais, ma fille, les jeunes hommes peuvent avoir des intentions très diverses. Il est important d’être prudente, même si celui-ci te semble bien. On ne sait jamais ce qu’ils ont dans la tête. Il n’y a aucune dureté dans sa voix, mais un conseil paternel empreint de protection.

Monique hoche la tête, comprenant parfaitement ce qu’ils veulent dire.

— Je le sais, papa, et c’est pour ça que je n’ai pas accepté de le laisser me raccompagner. Je me suis sentie bien avec lui, mais je suis prudente. Elle laisse un petit sourire échapper, celui d’une jeune fille qui a, peut-être, trouvé quelqu’un de bien, mais qui ne veut pas précipiter les choses.

Les parents adoptifs sont rassurés par ses paroles et sa maturité. Les sujets de conversation sont plus légers à la table du dîner, mais un regard échangé entre les parents en dit long sur la sagesse de Monique. Elle a eu raison de ne pas se laisser emporter, pensent-ils, fiers de la voir grandir avec autant de discernement.

De son côté, Claude rentre ce soir-là dans sa chambre de bonne, un peu ailleurs, perdu dans ses pensées. Son esprit est pensif alors qu’il monte les escaliers de l’immeuble haussmannien, dans lequel il partage cet espace exigu avec Michel, son ami et colocataire. Ils se connaissent depuis le lycée où ils furent internes ensemble. La chambre, bien que modeste, est un havre, un lieu où ils peuvent s’évader de la réalité de leurs études à l’Université de Paris. Mais ce soir, son esprit est occupé par une autre pensée. Monique y prend toute la place. Il ne sait pas encore tout ce qu’il ressent, mais il est certain d’une chose : il a vécu un moment différent.

En entrant, Michel, qui est en train de réviser, relève les yeux et l’interpelle immédiatement. Michel a toujours été curieux, bien que Claude soit généralement discret sur ses rencontres.

— Tu rentres bien tard Claude, ça ne te ressemble pas, dit-il sur un ton interrogatif.

— Michel, tu ne devineras jamais… Aujourd’hui, sur l’île Saint-Louis, j’ai croisé une fille. Elle s'appelle Monique. On a discuté un moment, elle est incroyable, tu sais… très intelligente, pleine de vie. Ça m'a touché.

— T'es sérieux ? Et vous avez parlé de quoi ?

— Des livres, de Paris, de la vie, des gens… de tout, de rien… C'était facile, agréable. C'était… différent de toutes les autres conversations que j'ai eues. Je ne sais pas comment te le dire, mais… elle m’a laissé une impression vraiment forte.

— Ah, et tu penses à la revoir, hein ?

— Bien sûr. Mais je ne sais pas… C’est compliqué. J’ai l’impression qu’elle m’a envoûté. J’ai envie de la revoir à un point que tu n'imagines même pas. Elle a une simplicité qui me plaît, mais en même temps… il y a quelque chose de profond chez elle. Tu vois ce que je veux dire ou je suis trop confus ?

Michel l'observe un instant, un sourire en coin. Il connaît bien Claude, et sait qu'il n'est pas du genre à se laisser prendre dans des émotions trop facilement. Mais cette fois, il remarque un trouble révélateur.

— Tu n'as qu'à lui partager ce que tu ressens tout simplement.

— Pour l'effrayer, il n'y a pas mieux, tu ne crois pas ?

— Non, si elle est si différente que tu le dis, elle devrait percevoir ton intention, tu n'es pas d'accord ?

— Admettons, mais elle me fait perdre tous mes moyens à un point tel que je risque d'être ridicule, de bafouiller de me perdre dans mes idées…

— T’as qu’à écrire pour t'aider, non ? Ça se fait dans ce genre de cas. Et ça te donnera plus de chances de réussir à transmettre fidèlement ta pensée.

— Oui, t'as raison… C'est une bonne idée. Je vais le faire. Peut-être que ce sera le début de quelque chose, mais quelque chose de sincère.

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