55. Une ombre à la porte.
Les parents rentrent dans l’appartement, les bras chargés de sacs de courses, et interpellent les garçons avec énergie.
— On est de retour, les garçons ! Venez nous aider, s'il vous plaît !
Sans perdre une seconde, Mathis, Yohan et Tom accourent vers eux, empoignant les sacs et les déposant sur la table de la cuisine. Monique, avec un regard satisfait, les guide et leur donne des instructions précises pour ranger les provisions, laissant de côté celles qui vont immédiatement servir.
— Alors, qu'est-ce que tu as choisi pour ce midi ? demande Mathis, curieux.
— De savoureuses tomates avec de la mozzarella en entrée, suivies d’un délicieux poulet rôti accompagné de frites. Et, en revenant, on a fait un détour par l’hôtel de ville pour ramener un gâteau tout frais de la boulangerie de la rue du Tambour, répond Monique, toute joyeuse. Tom, tu vas dresser la table avec papa, et pendant ce temps, Yohan et toi, vous allez m’aider à préparer.
— Bien sûr, Madame, avec plaisir, répond Yohan, ravi de participer.
Les garçons se mettent aussitôt au travail sous la direction de Monique. Ils lavent les tomates, préchauffent le four, épluchent les pommes de terre, puis les coupent soigneusement en frites, avant de les laver à l’eau froide et de les essuyer délicatement avec un torchon.
Pendant ce temps, Monique allume la friteuse, laissant fondre doucement les pains de végétaline. Puis, concentrée, elle s'attaque au poulet : elle le fait passer sous la flamme vive du grand brûleur de la plaque de gaz pour éliminer les derniers restes de plumes. Lorsqu’il est parfaitement préparé, elle l’embroche avec soin, l'assaisonne généreusement, le saupoudre d’herbes aromatiques et le place dans le four à rôtir. La lèche-frite recueille les précieux jus de cuisson, et Monique veille méticuleusement à ce que le poulet soit parfaitement doré à l’extérieur tout en restant tendre et juteux à l’intérieur.
Elle demande alors aux garçons de couper les tomates et la mozzarella en fines tranches. Une fois cela fait, ils les disposent harmonieusement dans un plat, alternant les couleurs. Monique leur indique d’assaisonner le tout avec une pointe de sel de Guérande, un tour de moulin de poivre de Sichuan, puis de verser un filet délicat d'huile d'olive et un trait de vinaigre balsamique. Pour la touche finale, elle leur indique de ciseler du basilic frais et de garnir le plat avec ces délicieux éclats verts.
Les bruits de la cuisine, entre le cliquetis des couteaux et les petites discussions, se mélangent dans une ambiance joyeuse et décontractée. L’atmosphère est chaleureuse, un vrai moment de famille où chacun prend plaisir à contribuer à ce repas simple, mais délicieux. Les arômes du déjeuner flottent déjà dans l’air, et la promesse d'un repas savoureux se dessine, prêt à être partagé avec bonheur.
Plop ! Le bouchon de champagne jaillit dans les airs avec un éclat sonore, frappant brièvement le plafond avant de retomber dans le salon, où il roule sur la moquette rase pour s'arrêter près du canapé. Claude, tenant la bouteille entre ses mains, laisse échapper un petit cri amusé en voyant le bouchon filer à toute vitesse. Son sourire radieux illumine la pièce tandis qu’il se tourne vers sa famille et les invite à se rassembler autour de lui :
— Eh bien, venez tous, c’est l'heure de trinquer à la réussite de nos deux champions !
Mathis, Yohan et Tom s’approchent, et Monique, affichant un large sourire empreint d'une grande affection, les rejoint à son tour. Claude verse délicatement le champagne dans les flûtes, les bulles pétillant sous la lumière douce de la pièce. Il lève son verre avec un regard brillant de fierté.
— À vos réussites, à l’avenir qui vous attend, et à cette belle complicité qui vous lie. Que vos rêves se réalisent et que la joie et l'amour inondent vos vies !
Les autres, complices et souriants, l'imitent, levant leurs verres en un chœur joyeux :
— À nous, à la réussite, aux amis et à la famille !
Mathis et Yohan échangent un regard appuyé, un sourire furtif sur les lèvres, pris dans cette douce vague de bonheur et d'anticipation. Un regard qui en dit long, mais qui laisse leurs pensées et leurs rêves encore inaccessibles, loin des yeux de Claude.
Les verres s’entrechoquent dans un tintement léger mais significatif. Le champagne pétille et mousse, la lumière dansant sur ses bulles, tandis que l’ambiance devient encore plus chaleureuse. Un instant de fête, où l'amitié, la famille et les rêves se mêlent, et où chaque moment partagé promet de nouveaux souvenirs aussi précieux que celui-ci.
Le repas touche à sa fin, Monique arrive, portant un gâteau somptueux sur un plateau.
— C'est un mousseux aux fruits frais, une création irrésistible de citrons, cassis et mûres m'a dit la vendeuse.
Les fruits, d'un jaune éclatant et d'un violet profond, brillent sous un glaçage impeccablement appliqué, comme un chef-d'œuvre culinaire. Les couleurs vives du gâteau font saliver toute la famille, qui le contemple avec émerveillement.
Claude, un éclat de gourmandise dans les yeux, verse le reste du champagne, dont les bulles effervescentes s'ajoutent à la scène, comme pour mieux souligner la magie de l'instant.
En voyant la pâtisserie, tout le monde s'exclame en chœur :
— Waouh… !
— Tu vas voir, c'est la meilleure pâtisserie au monde. Leurs gâteaux se dévorent d'abord avec les yeux avant de régaler nos papilles ajoute Mathis en direction de Yohan.
Chacun admire la beauté du dessert, avant que la première bouchée ne vienne confirmer ce qui était déjà évident : un délice à la hauteur des attentes.
— Qui prendra un café ? demande Monique, un sourire aux lèvres.
Tout le monde répond par l'affirmative, et Monique se tourne alors vers Mathis.
— Viens m'aider, s'il te plaît, pour débarrasser la table.
Mathis, qui venait de poser sa cuillère, se lève à la demande de sa mère. Ensemble, ils desservent la table et se dirigent vers la cuisine pour préparer les cafés. Monique, en commençant à remplir la cafetière, prend un instant pour parler à son fils, sa voix douce mais chargée d'une tendresse bienveillante.
— Tu sais, mon grand, je te vois t’épanouir chaque jour un peu plus, et c’est une joie immense pour une maman. Tu respires un bonheur qui illumine tout autour de toi… Dis-moi, quand partageras-tu avec moi ce secret qui te comble autant et te rend si rayonnant ?
Mathis, légèrement gêné mais avec une sincérité profonde, sourit et répond tout en aidant à préparer les tasses :
— Maman, je suis … heureux, c’est tout. La réussite au bac … une famille merveilleuse ... des amis sincères… Que veux-tu de plus ? Que vas-tu... t’imaginer ? Je t’assure, cela suffit à mon bonheur…
Monique, le regard rempli de douceur, le regarde un instant en silence, avant de poser une main affectueuse sur son bras.
— Très bien, mon chat, je n’insiste pas. Mais tu sais, une mère voit tout, ressent tout, et t’aime de tout son cœur. Sache que tu peux tout me confier, tout partager, sans crainte, sans gêne… Je serai toujours là pour toi, mon doux chaton.
Touché par ces mots, Mathis lui sourit et, en signe d'affection, lui dépose un baiser léger sur la joue, un geste simple mais empli de reconnaissance et d'amour. C'est alors que Tom, qui entre dans la cuisine avec un sourire, leur lance :
— Un coup de main ?
Monique, ravie de l’initiative de Tom, lui répond :
— Avec plaisir, Tom, emmène les tasses, Mathis emmène le sucrier et les soucoupes et je vous suis avec la cafetière.
À peine le café terminé, la sonnette de l’appartement résonne. Tout le monde se regarde, surpris, et échange des regards perplexes.
— Quelqu'un attend une visite ? demande Claude, les sourcils haussés.
Chacun secoue la tête négativement, indiquant que personne ne les avait prévenus d’une visite.
Claude se lève et se dirige vers l’interphone, curieux. Il appuie sur le bouton et demande d'une voix un peu méfiante :
— Qui est-ce ?
Une voix évasive lui répond, difficile à identifier :
— La famille…
Claude fronce les sourcils, ne comprenant pas vraiment de qui il s’agit. Un peu déconcerté, il répond enfin, après un instant d’hésitation :
— D'accord, je vous ouvre. 6ème et dernier étage à droite en sortant de l’ascenseur.
Il se tourne vers Monique en haussant les épaules.
— Je n’ai pas reconnu la voix, mais il me semble que ça pourrait être l’une de mes sœurs…
Il guette alors par le judas de la porte d’entrée. À travers l’œil du judas, il aperçoit une silhouette qu’il ne reconnaît pas. Une femme qui sort de l’ascenseur et se dirige droit vers leur porte. Elle sonne. Claude, confus, regarde encore une fois par le judas. Il voit les traits d’une femme qu’il ne connaît pas, alors il demande à Monique de regarder.
— Regarde, chérie, est-ce que tu reconnais cette personne ?
Annotations