La Période des Examens

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Les semaines se transforment en mois, et les rendez-vous du samedi deviennent des points d’ancrage pour Claude et Monique. Leurs échanges sur les quais de la Seine, leurs discussions animées autour d’un café et leurs longues promenades à travers Paris cimentent leur lien. Les parents de Monique perçoivent Claude comme un jeune homme sérieux et respectueux, tandis que Michel ne manque pas une occasion de taquiner son ami sur l’évolution de cette relation, qu’il qualifie de « grand tournant ».

Mais le temps des idylles est suspendu, car une période cruciale approche : les examens. Ces semaines sont marquées par un mélange de stress, de concentration intense et de soutien mutuel jusqu'à la fin de l'année.

Dans leur petite chambre sous les toits, Claude et Michel sont plongés dans leurs cahiers pour préparer les premiers partiels de janvier. Les piles de notes et les livres d’économie et de gestion forment une véritable forteresse sur le bureau qu’ils partagent. Une bougie vacille, tandis que la lumière du soir décline.

— J’ai l’impression qu’on ne sortira jamais vivant de ces révisions, grogne Michel en se frottant les yeux.
— T’exagères, réplique Claude avec un sourire fatigué. On a déjà survécu à bien pire.

Malgré son optimisme apparent, Claude ressent lui aussi la pression croissante. Les journées sont longues à l’université, et les soirées encore plus exigeantes. Ainsi, il s'implique encore plus dans ses révisions pour être sûr de pouvoir se libérer une heure ou deux pour rejoindre sa chère Monique. Ces moments d’évasion et de soutien mutuel sont un atout.

Chez ses parents, Monique ne relâche pas ses efforts. L’atmosphère est studieuse. Sa petite chambre déborde de livres et de fiches, et elle consacre des heures à perfectionner ses connaissances. Madeleine lui apporte souvent du thé ou des fruits, tout en la réconfortant d’un mot doux.

Un soir, elle confie :

— Claude aussi doit être épuisé par ses révisions… mais il me motive. Il travaille si dur, cela force mon admiration et m'encourage à en faire autant.

Paul, assis à la table avec son journal, lève les yeux en souriant :

— C’est une bonne chose. Votre lien est une source d'inspiration réciproque. Vous vous élevez par l'exemple l'un de l'autre, ce qui augure d'une relation saine et équilibrée.

Rassurée, Monique hoche la tête, convaincue que son lien avec Claude est une source de force et d'espoir.

Le samedi suivant, leur rendez-vous rituel se maintient, bien qu’il prenne une teinte différente. Cette fois, leurs discussions tournent presque exclusivement autour des études. Ils échangent des astuces pour mieux gérer le stress, approfondir les sujets complexes et s’encourager mutuellement.

Après avoir échangé leurs promesses de réussite et d’un avenir partagé, ils retournent à leurs tâches respectives mais pas sans passer par les quais pour une ballade romantique et un échange de baisers...

Claude, ayant terminé ses premiers partiels, reprend un rythme plus serein tout en se préparant pour ceux de juin. Monique, de son côté, ressent une pression croissante. Les exigences de son concours nécessitent non seulement de bonnes notes, mais aussi d’exceller pour être parmi les meilleurs.

Lorsque le jour de l’épreuve écrite arrive, le printemps illumine Paris d’une douceur qui contraste avec la tension de l’instant. Claude s'est levé aux aurores. Il a particulièrement à coeur d'être là pour accompagner Monique sur le trajet qui la mène jusqu’au lieu de l’examen.

Il ressent son anxiété tout au long du parcours. Elle peine à desserrer les lèvres tandis que son esprit est déjà plongé dans la concentration que requiert cette épreuve. Alors, il ne perturbe pas et se contente d'être... là, tout simplement.

Dans le hall d’entrée, l’agitation des candidats se mêle à un silence pesant. Claude pose une main rassurante sur l’épaule de Monique et, dans un sourire apaisant, lui glisse :

— Tu as travaillé dur, Monique. Fais confiance à tout ce que tu as appris. Tu es prête. J'en suis convaincu autant que je t'aime.

Monique lui adresse un sourire, empreint de gratitude, même si son cœur bat plus fort à mesure que l’heure approche. Claude reste à ses côtés jusqu’à ce que les candidats soient appelés, lui transmettant, par sa seule présence, le calme dont elle a besoin. Leurs mains se séparent lentement, avec cette tendresse silencieuse propre aux instants décisifs. Une légère pression du bout des doigts, comme pour retenir quelque chose de précieux, un regard échangé, chargé d’une émotion contenue. Dans ce dernier contact, Monique puise une force nouvelle — celle que donne l’amour quand tout vacille. Rassurée, elle se détourne et marche droit vers l’épreuve, ce face-à-face redouté avec l’exigence des grands textes.

Pour Claude commence alors une longue attente. Il s’installe dans un café voisin, tente de feuilleter un journal, puis l’abandonne. Son regard revient sans cesse vers l’entrée du bâtiment, comme si cela pouvait hâter le temps.
Il se ronge les ongles, se mord les lèvres, laisse tourner sa cuillère dans le café jusqu’à ce qu’il refroidisse. Il pense à elle, enfermée dans cette salle, au front penché sur la copie, à l’élan et à la rigueur qu’elle mettra dans chaque phrase. Il voudrait l’aider, la soutenir, mais il est dehors, impuissant — et cela le rend plus nerveux encore. Alors il commande un café, puis un autre…
Elle, il le sait, ne lâchera rien. Elle ira jusqu’au bout, avec cette ardeur calme qu’il lui connaît, pour déployer tout ce qu’elle porte de savoir, de finesse, d’amour des textes.

Avant de s’asseoir, Monique vérifie le nom inscrit sur l’étiquette de la petite table, une fois, deux fois, pour s’assurer qu'elle est bien à sa place. C’est là. Là que tout se joue, se dit-elle, en tirant doucement la chaise.
Elle s’installe dans la vaste salle d’examen, où règne un silence presque oppressant. Les visages fermés des surveillants, les grincements de chaises, le froissement des enveloppes : tout semble décuplé, comme si chaque son portait l’écho d’une attente fébrile.
Elle inspire profondément en découvrant le sujet, lié à une analyse littéraire comparée sur La condition humaine d’André Malraux et Les Mains sales de Jean-Paul Sartre. Autour d’elle, certains froncent les sourcils, d'autres mordillent leurs plumes, comme si cette petite action pouvait les aider à se concentrer.
Le silence s’épaissit, ponctué seulement par les glissements de plume, les souffles haletants, les pages qu’on tourne avec précaution.
Monique ferme brièvement les yeux, Claude l'inspire. Puis elle se lance. Une phrase, puis une autre. Son trac se dissipe peu à peu, dévoré par l’élan des connaissances et des idées qui affluent dans son esprit. La sueur cesse de perler sur son front, elle reste droite, déterminée, concentrée. C’est le moment d’être à la hauteur — de ses lectures, de ses rêves, de soi-même.

La difficulté réside dans l’interprétation des thèmes philosophiques complexes tout en répondant aux attentes académiques des jurys exigeants. Pendant des heures, Monique mobilise tout ce qu’elle a appris, rédigeant avec une concentration presque fiévreuse. Les questions sont pointues, et l’exigence du format la pousse à jongler entre synthèse et analyse approfondie. Les heures passent, longues et étouffantes. Elle lutte contre le stress qui l’envahit à chaque seconde. Le temps devient une notion floue et chaque moment semble se dissoudre dans l'immensité de la concentration. Enfin, le signal retentit, marquant la fin de l’épreuve. Les étudiants, au bout de leurs forces, déposent leurs plumes en même temps, dans un silence presque solennel. À la fin, bien qu’épuisée, elle ressent une certaine fierté : elle sait qu’elle a donné le meilleur d’elle-même.

Monique sort enfin de la salle, l’esprit vidé, mais soulagé. Claude, qui à l'approche de l'heure de fin n'arrivait plus à rester en place au café et s'était déjà rendu dans le hall, la scrute avec impatience. Son cœur bat plus fort à chaque seconde, et il guette sa moindre réaction.

— Alors, comment ça s’est passé ? demande-t-il d’un ton qui trahit son stress.

— L'épreuve était à la hauteur de sa réputation… j'ai le sentiment d'avoir livré tout ce que je pouvais, répond-elle, un léger sourire aux lèvres. Mon attention doit maintenant se porter sur l'éventualité des soutenances orales.

— Maintenant, tu veux dire dès maintenant ? s'inquiète Claude.

— Oui, pas le choix malgré l'incertitude, je dois m'y préparersans perdre un instant.

— Ah... murmure pour seule réponse Claude, peinant à masquer sa profonde déception mais résigné à ne pas interférer dans la sage décision de sa chère amie.

— Je voulais te taquiner un instant, Claude. Ton air si désappointé me fait presque regretter cette malice. Vois-tu... plus que toute autre chose après ce pensum, mon âme aspire à un instant de quiétude... que je ne saurais savourer pleinement qu'avec toi.

La mine de Claude s’illumine à ces mots. Monique lui prend la main et l’entraîne vers le parc des jardins du Luxembourg. Il se laisse porter avec délice, jusqu’à ce qu’il s’arrête en chemin, saisi d’une fougue nouvelle, pour rejouer la mythique scène du baiser de l’Hôtel de Ville… Le reste de l’après-midi s’écoule à rêver de l’avenir, assis côte à côte au bord du grand bassin.

En avril et mai, l'atmosphère se détend pour Claude et Michel. Après avoir passé leurs premiers partiels avec succès, ils abordent la suite de l'année avec plus de sérénité. Les révisions restent une priorité, mais l'angoisse des examens est désormais derrière eux, remplacée par une concentration nouvelle, nécessaire pour préparer les derniers partiels de juin. Les journées défilent entre les cours, les révisions en groupe et quelques moments de détente. Lors de ces pauses, ils discutent de tout et de rien, se rassurant mutuellement sur leurs progrès, appréciant la tranquillité retrouvée après la pression des premières échéances. Chaque conversation, chaque sourire partagé, semble les ancrer davantage dans cette routine apaisée, où l’avenir s’annonce moins incertain.

De son côté, Monique fait face à une pression croissante. Bien que ses premières épreuves écrites se soient déroulées sans qu’elle puisse vraiment savoir si elle a validé ou non, elle se lance désormais dans la préparation des oraux, une épreuve redoutée et incertaine. Elle se plonge dans les révisions, mais une question la tourmente constamment : si elle n’a pas réussi à se qualifier à l’écrit, tous ses efforts risquent de tomber à l'eau. Chaque jour est une lutte pour rester concentrée et optimiste. Elle redouble d’efforts, sachant que ces oraux représentent sa chance de décrocher le concours, mais sans aucune certitude quant à son avenir immédiat.

Les semaines s’étirent ainsi, avec des journées passées à étudier, à relire des livres, à préparer des présentations, et à répéter ses réponses à haute voix. Le mois de juin arrive, avec ses examens de plus en plus proches. Claude, qui doit encore passer ses derniers partiels dans quelques jours, accompagne Monique au tableau d'affichage des résultats d'admissibilité. Le stress est à son paroxysme. Leur amitié et leur soutien mutuel sont mis à l’épreuve, car ils attendent la confirmation que Monique peut passer à l’étape suivante. Leurs cœurs battent à l’unisson alors qu’ils se dirigent vers l’affichage des résultats, incertains du verdict mais prêts à faire face ensemble à ce moment décisif.

À l'approche du tableau d’affichage, Monique ralentit le pas, le stress lui nouant l’estomac. Chaque pas semble plus lourd que le précédent, et ses pensées tourbillonnent autour de cette ligne décisive : son nom figurera-t-il parmi les admissibles ? Au dernier moment, elle se fige, le regard perdu, et attrape le bras de Claude.

— Regarde pour moi, je t’en supplie… Je n’ai pas le courage de lire moi-même, murmure-t-elle, sa voix à peine audible.

Claude lui sourit avec douceur, cherchant à dissimuler sa propre nervosité. Il s'avance vers le tableau, scrutant les noms un à un. La liste défile sous ses yeux : Beaufou… Cormeaux… Delaplace… Deschamps Monique... Derrière lui, Monique se balance légèrement d’un pied sur l’autre, incapable de tenir en place. Chaque seconde semble s'étirer comme une éternité. Finalement, Claude se retourne vers elle, son visage sérieux, presque grave.

— Je suis désolé pour vous, ma chère, commence-t-il, d’un ton faussement solennel.

Le cœur de Monique rate un battement. Elle ouvre la bouche, prête à réagir, mais il continue, un sourire éclatant illuminant soudain son visage.

— … Mais il va falloir redoubler d’efforts pour préparer votre oral ! C’est bon, tu es admissible !

Monique reste un instant immobile, comme si elle peinait à comprendre ce qu’il vient de dire. Puis un cri de joie lui échappe, et elle se précipite pour l’embrasser sur les joues, les larmes aux yeux.

— J’y suis ! J’y suis vraiment ! s’exclame-t-elle, la voix tremblante d’émotion.

Claude, heureux de partager ce moment, rit et propose aussitôt :

— Allons nous détendre en terrasse de notre bistrot habituel pour fêter ça. Mais attention, demain, il faudra t’y remettre à fond pour l’oral !

Ensemble, ils se dirigent vers leur café préféré, Monique enfin libérée de ce poids immense. Leurs rires s’élèvent alors qu’ils savourent cet instant de répit, conscients que la prochaine étape s’annonce encore plus exigeante.

Après leur moment en terrasse à célébrer l’admissibilité de Monique, Claude l’accompagne jusqu’à chez ses parents, comme il l’a toujours fait avec soin et attention. En arrivant, il salue gentiment ses parents depuis le pas de la porte avant de repartir pour regagner sa petite chambre de bonne.

Une fois rentrée, Monique, encore pleine d’émotion, se précipite pour partager la nouvelle.

— Papa, maman, je suis admissible ! Je vais passer les oraux ! lance-t-elle, les yeux brillants.

Ses parents, ravis, l’entourent de leurs félicitations, promettant de l’accompagner dans cette dernière ligne droite avec tout leur soutien.

De son côté, après avoir retrouvé la tranquillité de son logement, Claude informe Michel.

— Michel, incroyable nouvelle : Monique est admissible à l’agrégation ! On a fêté ça rapidement, mais elle est déjà dans les starting-blocks pour les oraux.

— Génial ! Elle doit être aux anges, commente Michel.

— Oui, elle est soulagée. Et toi, tu avances bien pour les derniers partiels ?

Les deux amis continuent leur conversation avec légèreté, échangeant des encouragements pour leurs propres défis. Alors que la soirée avance, chacun reprend ses révisions, Monique avec le soutien de ses parents, et Claude dans le calme de sa modeste chambre, satisfait de la tournure des événements.

Les jours studieux s’enchaînent dans une atmosphère intense et concentrée. Claude et Michel se plongent dans leurs révisions pour leur dernière série de partiels, passant des heures à relire leurs notes, échanger des idées et s’entraider pour combler les lacunes. De son côté, Monique consacre chaque moment à ses fiches méticuleusement préparées, répétant inlassablement ses arguments et exercices pour se préparer à ses redoutés oraux d’agrégation.

Quand le jour fatidique des partiels de Claude arrive, Monique décide de l’accompagner, une pause bien méritée dans son marathon de révisions. Sa présence discrète mais rassurante est un réconfort pour Claude, qui aborde cette ultime épreuve avec autant de nervosité que de détermination.

À l’entrée de la salle d’examen, Monique lui offre un sourire encourageant, tentant de contenir son propre stress, comme si elle passait l’épreuve à sa place. Claude, touché par son soutien, lui serre doucement la main.

— Merci d’être là, murmure-t-il avant de disparaître dans la salle.

L’examen commence, et dans la salle, un silence tendu s’installe, entrecoupé par le grattement des stylos et les soupirs discrets des étudiants. Claude se plonge dans son sujet, les pensées concentrées, malgré les battements rapides de son cœur. L’épreuve est éprouvante, mais il s’accroche, déterminé à donner le meilleur de lui-même.

Lorsqu’il sort enfin, le visage pâle mais soulagé, Monique l’attend patiemment. Elle s’empresse de lui demander comment cela s’est passé.

— C’était intense, mais je pense avoir fait tout ce que je pouvais, dit-il en laissant échapper un soupir. Et toi ? Ça t’a un peu changé les idées de venir ?

Monique rit doucement, consciente que leur soutien mutuel est ce qui les aide à avancer. Ils passent quelques instants à décompresser, échangeant des anecdotes légères avant de retrouver chacun leur quotidien studieux. Une étape est franchie, mais tous deux savent que le vrai défi est encore devant eux.

Les jours passent, et Claude et Michel ont enfin terminé leurs partiels, mais l’attente des résultats s’avère angoissante. Ils restent sur Paris pour découvrir s’ils devront repasser des épreuves à cause de notes trop justes, retardant ainsi leur retour dans leur province natale. Pendant ce temps, Monique poursuit inlassablement ses révisions pour ses oraux, travaillant d’arrache-pied, absorbée par son objectif.

Pour l’aider à faire une pause, les parents de Monique décident d’inviter Claude à passer un après-midi convivial. Tous se retrouvent au bistrot habituel, où l’ambiance est légère et chaleureuse. Pendant cette rencontre, Claude partage quelques anecdotes sur ses partiels et sur la manière dont il a géré le stress. Les parents de Monique, curieux, le questionnent encore sur ses études, ses origines et ses ambitions. La discussion oscille entre plaisanteries et moments sérieux, révélant à quel point Claude est déterminé à réussir.

Une fois l’après-midi terminé, ils l’invitent à rester pour le dîner, mais avant cela, ils laissent Monique et Claude profiter d’un moment à deux. Sous le soleil d’un soir de juin, les deux amoureux descendent sur les quais de Seine pour une promenade.

Le long des quais, Paris resplendit sous la douceur estivale. Les visages de la ville se dessinent sur l’eau calme, et l’atmosphère semble noyée dans une tranquillité presque irréelle. Monique, d’abord absorbée par l’inquiétude de ses oraux, finit par se laisser emporter par l’instant. Claude marche à ses côtés, sa présence apaisante. Ils échangent des sourires complices, et les conversations légères s’enchaînent, à mesure que la tension se dissipe. À un moment, Monique s’arrête, captivée par le paysage. Claude en profite pour lui glisser doucement :

— Tu m'impressionnes tellement, tu es si incroyable. Regarde où tu es arrivée. J'ai eu tellement de chance de te croiser si inopinément ce fameux jour où je t'ai maladroitement bousculée...

— Le destin... répond Monique en souriant doucement. Comme disait Rousseau : "Le hasard, c'est le destin qui se cache."

Monique le regarde alors intensément, émue. Dans la quiétude de l'instant, leurs lèvres se rejoignent pour un baiser empreint de tendresse. La magie de Paris opère, et pour quelques instants, le stress et les responsabilités s’effacent, laissant place à une douceur infinie. L’instant semble se dilater, l’univers autour d’eux devenant flou, comme si rien d’autre n’existait que ce moment partagé, flottant dans l’air parisien.

De retour à l’appartement familial, l’ambiance est conviviale et chaleureuse. La table est joliment dressée, et le menu est un hommage à la cuisine française : une entrée de saumon fumé et tartines de crème fraîche aux herbes, suivie d’un poulet rôti accompagné de pommes de terre fondantes et d’une salade fraîche. Pour le dessert, une tarte aux fraises maison clôture le repas sur une note sucrée.

Les discussions sont animées, entre les souvenirs de Claude enfant, les examens de Monique, et les encouragements des parents pour les épreuves à venir. La soirée se déroule dans un mélange de rires et de moments plus intimes, où chacun partage ses espoirs pour l’avenir.

Claude regagne ensuite sa chambre, le cœur léger après cette belle soirée. À son arrivée, il constate que Michel n’est pas encore rentré. L’heure avançant, il commence à s’inquiéter, mais son colocataire finit par revenir, le sourire aux lèvres. Michel explique qu’il a profité de la douceur de la nuit parisienne pour prolonger la soirée avec des amis. Connaissant la sortie de Claude, il s’est permis de prendre un peu plus de temps pour lui-même. Ensemble, ils échangent quelques mots sur leurs soirées respectives avant de s’endormir, satisfaits d’avoir chacun savouré un instant d’été bien mérité.

Le jour fatidique de l’oral de Monique arrive enfin. Levée tôt, elle prépare ses dernières affaires dans un silence concentré. Claude, fidèle à son rôle de soutien, passe chez elle avec une petite thermos de café et un mot encourageant :
— Ce n’est pas le jour pour flancher, dit-il avec un clin d'œil.

Ensemble, ils se dirigent vers la prestigieuse université de la Sorbonne où se déroule l’épreuve. Monique serre fort ses notes, le cœur battant. Les rues encore calmes du matin contrastent avec l’effervescence intérieure qu’elle ressent.

À l’arrivée, Monique rejoint les autres candidats. On l’invite à tirer son sujet au sort. Sa main tremble légèrement lorsqu’elle sort un papier plié qu’elle déplie avec précaution :

« Enseigner l’argumentation dans les classes de lycée à partir de l’étude de Montaigne. »

Un mélange de soulagement et de crainte l’envahit : elle connaît bien Montaigne, mais le sujet reste ambitieux. Elle a une heure pour préparer son exposé. Michel, patient, l’attend à l’extérieur avec un journal pour passer le temps.

Quand son nom est appelé, Monique entre dans une salle austère où l’attendent trois jurés. Deux hommes et une femme, tous d’un sérieux impressionnant. Après une introduction formelle, on lui demande de commencer.

Monique s’élance :

— L’argumentation chez Montaigne offre aux élèves une leçon de pensée critique, essentielle dans une société démocratique…

Pendant vingt minutes, elle explique comment elle introduirait l’œuvre aux élèves, en détaillant des pistes pédagogiques comme des débats en classe ou des études comparées. Elle propose des extraits précis, et intègre même quelques analyses personnelles sur l’écriture des Essais avant de conclure :

Nous avons vu que Montaigne développe une forme d’argumentation personnelle et ouverte, qui peut servir de modèle pour enseigner l’argumentation au lycée, en privilégiant la réflexion, l’interrogation et la prise en compte des différentes perspectives. Ainsi, enseigner l’argumentation à partir de Montaigne pourrait aider les élèves non seulement à mieux structurer leurs idées, mais aussi à développer une pensée plus critique et indépendante, essentielle face aux enjeux contemporains de la communication et de la réflexion.

Les questions arrivent rapidement :

Pourquoi privilégier Montaigne plutôt que Pascal pour cet enseignement ?

— En privilégiant Montaigne plutôt que Pascal pour l’enseignement de l’argumentation au lycée, on choisit un modèle plus souple, plus introspectif, et plus ouvert à la réflexion personnelle...

Que faire face à des élèves réfractaires à la lecture classique ?

— Faire face à des élèves réfractaires à la lecture classique nécessite une approche innovante, interactive et adaptée à leurs attentes et leurs modes de pensée...

Pensez-vous que Montaigne est encore pertinent pour la jeunesse actuelle ?

— Montaigne reste un auteur toujours vivant et pertinent pour la jeunesse actuelle. Ses réflexions sur la nature humaine, le doute, la tolérance, et l’indépendance de pensée sont des valeurs universelles qui résonnent avec les préoccupations contemporaines des jeunes...

Les jurés restent impassibles, mais Monique répond avec détermination, cherchant à montrer sa réflexion et sa créativité.

À la sortie, elle retrouve Michel, qui l’attend avec un sourire d’encouragement.

— Alors ?

— Je ne sais pas trop. Je crois que j’ai bien répondu, mais… ils ne laissent rien paraître.

Quelques jours plus tard, pendant que Monique tente de calmer son impatience, Claude et Michel découvrent leurs propres résultats. Tous deux décrochent avec succès leur Bac +5 en économie et gestion, ce qui leur permet de savourer pleinement cet accomplissement. Claude partage la nouvelle avec Monique :

— Maintenant, à toi de finir le travail ! Nous, on est diplômés, et bientôt, ce sera toi !

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