Pour mon frère, pour Gégé et pour le Clairon qui sonne
Alors hauts les cœurs ! Hauts les cœurs, hauts les cœurs, hauts les cœurs !
Je sais même pas de qui elle est cette chanson, je l’ai entendu dans une série. Un animé tiré d’une BD italienne, qui parle d’amour, de punk, de liberté et de souffrance. Ça se sépare jamais vraiment la liberté et la souffrance. Il l’avait dit Moustaki, il le vivait, Brassens. Il l’est Max (non pas lui, ça c’est vraiment prendre les gens pour des cons. Il est pas libre Max, il se la pète, c’est tout !)
Et moi alors ? Je suis libre ? non, je me suis trahie. Je le savais pourtant : pas d’attache, ça flingue. Pas d’attache pour pas être obligée, pas d’attache pour pas souffrir… non, pour pas faire souffrir, souffrir c’est ok, c’est pas grave, ça prouve qu’on vit. La vie n’a pas de sens si on ne douille pas un peu de temps en temps pour savoir quelle valeur ça a, la paix.
Pourtant les attaches sont là, les chaines d’amour, les menottes d’habitude et les liens de tendresse. Du bondage du quotidien. SM de la relation ; je savais qu’il fallait pas.
Le pire c’est les enfants. Je peux briser le cœur d’un adulte, capable de s’en remettre. Mais je serai un monstre d’abandonner l’amour infini qu’un enfant (ou deux, ou mille) peuvent recevoir. Peuvent donner, sans réfléchir. (Sans compter, putain cette force de ne pas compter. On devrait interdire de compter.)
Pourtant, ça veut dire tourner le dos à cette liberté (je parle des enfants, suivez un peu) tourner le dos à l’aventure, à Félix, à Georges au pluriel, tourner le dos à moi il y a vingt ans. Je refuse de croire que le sens de la vie c’est d’abandonner. C’est d’avoir le sens de l’avis. De l’avis correct, du politiquement correct, du correctons-nous, et restons droits, ne devenons pas ce que nous avons toujours été.
Il y a forcément une échappatoire. Il y a forcément une part de folie qui survit, qui résiste et qui se transmet.
Cette soirée manque de légèreté. Manque de bière. Yo-ho-ho, et une bouteille de rhum ! qui m’emmène au loin, perdue dans les embruns de la mélancolie, dans les vagues de la colère. Un vent de révolte souffle et je perds le cap.
Mais hauts les cœurs ! Une lanterne s’éclaire, dans le brouillard. Pas celle qui ramène à bon port, mais la lumière rouge de la folie, la lumière verte de l’autre folie, et ces deux là, cahin-caha, me ramènent sur des flots connus.
Parfois il faut croiser un autre écorché vif, un autre esprit libre et en souffrance pour retrouver sa folie intérieure. Et savoir que rêver de liberté, c’est déjà être un peu libre. Rêver d’un bateau, c’est apprendre à être capitaine, rêver de s’envoler c’est monter des barricades. On croise un frère, des âmes-sœurs, et on se souvient qu’un jour, on était vivant, alors qu’on l’est peut-être encore un peu. Et comme on rêve, la flamme se ravive, s’embrase et le feu s’étend. C’est peut-être ça, le sens de la vie : des gens qui nous rappellent qu’on est libres ou prisonniers, toujours fous, qu’on souffre et qu’on est vivant.

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