Chapitre 9

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Tom,

Tu as choisi de rester loin de moi. Te cacher. Ignorer mes messages, mes lettres, mes appels au secours. Au besoin. Même si j’ai du mal à comprendre ton choix, je le res-pecte et essaie de l’accepter. Sais-tu seulement combien d’énergie j’y mets ? A s’en rendre malade. Mais qu’importe de toute façon. Je ne cesserai de t’écrire. De te raconter ma vie et ce que tu loupes. Ignorer n’est pas la bonne solution. Tu as fui au lieu d’affronter. J’aimerais être en colère contre toi. Te détester. Mais je n’y arrive pas. Chaque jour, je me lève, pensant que tu es là, en train de préparer le petit-déjeuner. Puis la réalité me tombe dessus en même temps que les pleurs de Gaïa. Chaque matin en buvant ma tasse de café, je me demande pourquoi. Je ne comptais donc pas assez ? Pas assez en tout cas pour me choisir moi. Je n’arrive pas à comprendre. Merde, je sais pas ! Je croyais qu’on se faisait confiance. Que rien ne saurait nous détruire. On avait dit qu’on avancerait ensemble, coûte que coûte ! Tu t’en souviens ? Bon sang. Tu ne sais même pas imaginer tous ces sentiments qui me traversent quand je t’écris. C’est indescriptible. Il y en a tant. La palette entière. Ça fait mal, tu sais. A chaque fois, je me replonge dans ces moments si noirs. C’est un supplice mais je le fais pour toi. Pour essayer d’obtenir une réaction. Mais… Rien. Le vide. Le déni. L’inconnu.

Tu te souviens de ce dont on parlait avant tout ça ? On parlait mariage et appart’. Enfants et famille. J’ai mis du temps à te convaincre. Mais au fur et à mesure du temps, l’idée t’a plu. Tu commençais à imaginer la vie ainsi et puis… Tout a basculé. Et toi aussi. Je t’ai perdu comme je les ai tous perdus. C’était ma seule et unique famille. Je me sentais chez moi. Inclue. A quel stade en es-tu maintenant ? Rêves-tu toujours d’enfants ? Et le mariage ? Une lointaine idée désormais ? Tom, je t’aime toujours autant. Peut-être même plus. Tu étais ma moitié. La bonne. J’en reste per-suadée. Sans ma moitié, que suis-je ? S’il te plait, ne m’aban-donne pas. J’ai sans doute l’air pitoyable, à te supplier ainsi dans chacune de mes lettres. Mais qu’importe. Le trou dans ma poitrine grandit un peu plus au fil des jours. Pourtant, ne dit-on pas que le temps guérit les blessures ? Je n’en suis plus si sûre…

Gaïa va bien. C’est innocent un enfant. Je me demande si ça la perturbe de n’avoir personne à qui dire maman. Ou papa. Elle n’a encore jamais dit ça. Moi elle m’appelle Li. C’est mignon. Ça me plait. Je ne veux surtout pas qu’elle me confonde avec sa mère. Je ne le suis pas et ne le serai jamais. Pas pour elle. J’espère tellement qu’elle pourra pro-noncer ce mot à la sienne. Un jour peut-être ?

Concernant Clémence maintenant. Je tiens à te tenir au courant. Rien de nouveau de son côté. Son état ne s’est pas aggravé. Elle se maintient en vie. Nous la maintenons en vie. Elle est toujours en stade 4. Mais les médecins disent qu’elle est en bonne voie. J’ai bon espoir. J’ai l’impression que tout pourrait bien aller. Je le sens.

Je suis allée la voir. Plusieurs fois. Je lui parle. Lui raconte notre quotidien, à moi et à Gaïa. Parfois je lui lis ce que j’ai écrit dans mes carnets ou je visionne des vidéos prises dans la journée. Les médecins m’ont encouragé à le faire. Faire tout ça. Alors, je le fais, je lui montre ce qu’elle rate et essaie de lui donner envie de revenir. Je déteste ça. L’hôpital et ses murs blancs. Ces longs couloirs et cette odeur. Cette chambre et tous ces tuyaux. Pourtant, je le fais. Mais jamais je n’emmènerai Gaïa. Je ne veux pas la cho-quer. Si un jour elle doit voir sa maman, ce n’est pas comme ça. Je ne sais pas si je fais bien. Je trouve qu’elle est trop jeune de toute façon.

J’aimerais que tu sois là pour m’épauler et m’accompagner. Tout semblerait plus facile.

Allez, je dois te laisser.

Je t’embrasse fort.

L.

P.S : Je t’aime.

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