Chapitre 16

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Ma Faustine,

Je ne sais pas par où commencer. J’ai tant de choses à te dire. Alors, je vais poser le décor.

J’imagine que tu n’as pas oublié notre dernière conversation sur la plage. Je m’en veux tant si tu savais. De t’avoir dit tout cela alors que tu as toujours été là pour moi. Ce que j’ai dit, sache que je ne le pensais pas et ne l’ai jamais pensé. Ce n’était pas moi qui parlais mais la colère. Le désespoir. La tristesse. La culpabilité. C’était un pêle-mêle de senti-ments que je n’ai compris que par la suite. J’espère que tu sauras me pardonner et surtout, que toutes ces sottises sor-ties de ma bouche ne t’affecteront pas trop pour cet avenir qui t’attend. Je m’en voudrais tant. Sache aussi que je t’ai entièrement pardonné toute cette histoire. Avoir lu ces lettres et surtout avoir eu l’audace de lire la dernière a été la meilleure chose que tu aies pu faire pour moi. Je les ai lues, tu sais. J’avais besoin de lire ce que me racontait Lisa. Et même si chaque fois, l’angoisse et les remords me tor-daient le ventre, j’avais besoin de savoir que tout ne s’était pas arrêté le jour où tout a basculé. Ça me faisait mal. Très mal. Mais il fallait que je le fasse. Je n’ai répondu à aucune d’entre elles, persuadé que c’était la meilleure chose que je pouvais faire. M’effacer de leurs vies afin qu’elles puissent la continuer sereinement. Sans avoir à vivre avec un… criminel. Bien sûr, c’était ce que je pensais avant. Depuis, j’ai réalisé un long et pénible travail pour me sortir cette idée de la tête. Ton départ et tes « derniers mots » m’ont fait réfléchir et ouvrir les yeux. Comme je te l’ai dit, j’ai lu cha-cune des lettres que Lisa m’a envoyées. Sauf une. La dernière. La plus importante pourtant. Je n’en avais simple-ment plus la force après ce qu’elle m’avait écrit. Je me disais que je devais les oublier à mon tour. Pour être honnête, j’ai pensé à la détruire, la brûler, m’imaginant qu’ainsi, je pour-rais définitivement tourner la page. Je ne l’ai pas fait et tu ne peux pas savoir combien j’en suis soulagé. Je ne saurai ja-mais te remercier assez pour avoir ce courage de fouiller dans mes affaires. Tu sais à quel point j’ai horreur de ça. Sans toi, je pense que jamais je n’aurais appris le réveil de ma soeur, Clémence.

Lorsque tu me l’as annoncé sur la plage, ma réaction brutale a sans doute été due au fait que je ne voulais pas y croire. Dans ma tête, ma soeur était morte. Comme mes parents. Il faut dire que les médecins avaient été si peu op-timistes. C’est un miracle qu’elle en soit sortie. Comme quoi la science ne sait pas tout expliquer. En lisant tes « der-niers mots » (pardonne-moi les guillemets, mais c’est toi-même qui les a nommés ainsi), j’ai tout remis en question. J’ai pris le temps de bien réfléchir. A mon passé. A mon présent. A mon futur. A ce que je voulais. A ce qui comptait le plus pour moi. A ce qui me rendait heureux. Mais la dé-cision s’est imposée à moi naturellement. Comme une évi-dence. Je ne pouvais pas continuer à vivre comme ça. J’aime Clémence. J’aime Gaïa. Et… j’aime Lisa. Plus que tout, je l’aime. Je ne veux pas te faire de mal en disant cela mais je ne veux pas te mentir. Je n’ai aucune idée d’où tu en es dans ta vie. Si tu es heureuse. Epanouie. Ou inverse-ment. Mais je tenais à te le dire. A être complètement honnête avec toi. J’aime Lisa et je n’ai jamais cessé de l’aimer. Mais je t’ai aimée toi aussi. Tu m’as profondément aidé sur mon chemin de vie. Dans mon parcours. Sans toi, je n’y serai pas arrivé. Et pour ça, encore une fois, je te remercie. Simplement, ces quelques jours de réflexion m’ont fait prendre conscience de l’amour que je portais à Lisa. Je l’ai-mais toujours. Et il fallait que je la rejoigne. Comment ai-je pu vivre tout ce temps sans elle à mes côtés ? Encore au-jourd’hui, je me le demande mais je crois avoir la réponse. Toi, Faustine. Tu es la réponse. Tu étais là. C’est tout. C’est comme ça que j’ai tenu. Alors je les ai rejointes sans plus tarder. Après tout, nous avions suffisamment perdu de temps. Lisa m’avait posé un dilemme. Je revenais ou je quit-tais de manière définitive leurs vies. J’ai choisi sans hésiter la première option. Pour le meilleur et pour le pire. J’avais besoin de ces bouts de femmes. Elles avaient besoin de moi.

Encore maintenant, nous essayons de rattraper ce temps perdu. Et même si, parfois, c’est compliqué, je suis le plus heureux des hommes. Cependant, j’ai une demande à te faire, Faustine. N’aie crainte, juste… Tu me manques. Mon amie me manque. Et j’aimerais te revoir. T’inclure dans ma vie. Parce que tu as joué un rôle si important que je ne peux me résoudre à te laisser tomber et t’oublier. Alors, viens, s’il te plait, viens. J’ai beaucoup parlé de toi à Clémence, à Lisa et même à Gaïa. Je ne leur ai rien caché. Rien. Et figure-toi qu’elles ont envie de te rencontrer. Elles mesurent l’importante que tu as eu lors de ce passage difficile de ma vie. Elles ne peuvent te blâmer et te sont, elles aussi, reconnaissantes t’avoir lu ces lettres. Alors, simplement, je t’invite, en tant qu’ami, à la maison. On pourra se revoir. Discuter. Tu pourras rencontrer les femmes de ma vie. Tu en feras partie. Tu en fais déjà partie.

S’il te plait, Faustine. Même si le passé est passé, je ne peux pas nier tout le bien et la sagesse que tu m’as apportés. Je sais qu’une lettre ne résoudra rien. Mais c’est un début. Je ne veux rien effacer si ce n’est les nuages noirs qui pla-nent encore au-dessus de notre relation.

Alors ? Viendras-tu ? J’aimerais tant.

Je t’embrasse fort,

Tom

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