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J’ai l’âme badiane, tourmentée
Mes racines, banian boursouflé, tentent de protéger un
Coeur soufflé
Coeur décadré
L’enfance ne respire plus, bloquée, choquée
Un rempart a disparu et laisse une douleur hagarde et
La peau à nu
J’ai l’âme badiane, écartelée
Mes pensées grimpent à cet arbre qu’on appelle multipliant
Qui plonge ses branches dans le sol pour s’en faire un appui
Mes semelles s’accrochent, mes émotions s’agrippent
Je monte
Multipliées les questions, les peurs, les errances
Multipliées les absences, les souvenirs
Joyeux
Vie chanceuse
Choyée comme la banane la plus sucrée du régime
Je peux tout faire,
Ou essayer
Ne pas me limiter
J'ai été aimée, et mon coeur a appris à s'ouvrir grand
Je grimpe
Le banian me caresse les bras de ses mains lisses et brillantes,
Les feuilles de leur jaune, de leur vert
Et l'âme de leurs vers, qui rongent et qui font renaître
Les miens.
Tout est plus fragile en haut :
Le soleil pianote sur l'écorce à travers les frondaisons,
La gratitude glisse à petit pas sur ma tristesse
Et me gonfle de larmes ;
Mes pommettes grésillent.
Je t'attendais, je savais bien que tu les prendrais, va.
À la cime
Le regard au loin,
Avant la montagne les cannes à sucre ondulent un au-revoir :
Au-revoir maman,
Au-revoir, papa.
J’ai l’âme badiane, saline
Me voilà, soudain,
Orpheline.
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