L'abnégation de toute résistante

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Cet exil sous surveillance ne tarit pas le sens l'ayant continuellement animée de la désobéissance, puisque ses contacts discrets avec des proches militants lui donnèrent l'occasion de revenir à Paris. Loin de faire du tourisme, elle embrassa la résistance au sein du groupe communiste clandestin des PTT.

La rédaction du journal clandestin « Le Travailleur des PTT », la participation à la reconstitution du groupe PTT-Austerlitz, un rôle considérable dans l’évasion de résistants (tel le postier Gouzien de l'hôpital parisien Rothschild), la direction du travail clandestin à l'intérieur de plusieurs secteurs des services publics et de l’Union départementale des syndicats de la Région parisienne. Immanquablement, ces vagues allusions ne suffisent pas à résumer son apport à la résistance, ni d'ailleurs à aborder tant de résistantes ouvrières qu'aucun regard ne voit et qu'aucune renommée ne salue, ces dernières ne prétendaient pas forcément à une destinée exceptionnelle, mais prirent une part réelle à une insurrection d'exception.

Le risque ne s'éloigne point de l'abnégation de toute résistante. Arrêtée le 1er juin 1943, cela engendra inévitablement la maltraitance de ses joliets à la vue de l'audace de son silence (en espérant candidement que cela se soit cantonné à l'unique violence des coups). Il succéda alors sa détention à la Petite-Roquette, et enfin sa condamnation le 25 mai 1944 par la Cour d’appel de Paris à dix-huit mois de prison et 1 200 francs d’amende « pour activités communo-gaullistes ». Le mélange de communisme et gaullisme dans cet arrêt fait transparaître l'ironie d'une époque, lorsque deux ennemis jurés devinrent les ultimes remparts à la barbarie fasciste au cœur de la France à la barbarie fasciste, même si les figures du premier s'exposent de nos jours à davantage d'ombre que les seconds.

Quelques lignes pour laisser Marie Couette exposer elle-même cette odieuse expérience, relatant… Quoi que je n'ai même pas un mot pour décrire avec assez de force cette volonté insaisissable :
« Arrêtée avec quelques papiers relatifs au travail que j’effectuais, j’ai pu avaler le papier le plus important ; j’avais également deux trousseaux de clefs sur moi. Je fus battue, giflée à la Sûreté Nationale qui m’avait arrêtée. Ils ne purent jamais savoir ni ce que je faisais, ni où j’habitais. J’avais chez moi papiers et machines, je ne donnais aucune indication ni sur mon travail ni sur mon domicile ».

Citation tirée des recherches de la syndicaliste Maryse Dumas, notamment auteuresse du livre « Féministe, la CGT ? », dont il faut saluer la profondeur du travail face à une Histoire si inextricable, des recherches menées aussi par la syndicaliste Sophie Binet, ainsi que l'économiste/maîtresse de conférences à l'université Paris Ouest-Nanterre Rachel Silvera.

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