« Une petite semence qui portera du fruit quand nous mourrons »

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Philadelphie sera l'arène de son engagement pour l'emploi et l'instruction des anciennes prostituées, et cela, en tant secrétaire de la « Rosin Association ». Pensée par l'activiste opposée à la peine de mort, Mira Sharpless Townsend, cette organisation s'est construite contre les Sociétés magdaléniennes, qui avaient pu assurer ce rôle. Le caractère répressif et une supervision soumise à des abus répétés des hommes ont été ostensiblement rejetés par la « Rosin Association ».


En effet, la gestion devait être accomplie par des femmes, que cela soit dans l'élaboration des politiques ou dans la supervision quotidienne de l'institution. Cela a consisté en une démarche, mêlant l'éducation et un brin de temps libre, sans octroyer à la morale une place fondamentale. Elle tenait à ce que la compréhension et l'entraide puissent remplacer la rigueur moralisatrice. C'était une organisation liée au mouvement religieux « quaker », qui exprimait que la croyance religieuse était de la sphère intime de chacun, car chaque personne était libre de ses convictions.

Plus ces lignes se succèdent, plus la certitude de mes phrases s'amenuise.

Elle a épousé en novembre 1950 le médecin James Durno, le couple est alors allé habiter à New York, s'occupant ensemble de fournir des remèdes à ceux qui en avaient besoin. Bagley disparaît donc des archives et apparaît Mme Durno. Son mari rendit l'âme en 1871, ce qui l'amena à voyager, puis à revenir à Philadelphie, y décédant en 1889. Son enterrement eut lieu au cimetière Laurel Hill.

Ces luttes pour les droits des femmes, la réforme des prisons, les soins de santé et les conditions de travail semblent avoir été chevillés à son corps, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus respirer l'air de ce monde, où tant de personnes rencontrées se satisfaisaient de cet état des choses, qu'elle ne pouvait qu'abhorrer. Bercée par cette Nouvelle-Angleterre « Yankee », prenant ses racines dans le respect des valeurs républicaines et du bien public, elle ne pourra que se confronter à cette industrie des privilèges de la bourgeoisie et du profit. Traçant ensuite son propre chemin de luttes et de pensée. Reprenant à sa manière cet air ouvrier populaire lors de sa bataille des 10H : « Si je dois suivre mon chemin / Ne me laisse pas entendre par le doux chant de l'espoir / Que Dieu accorde que dans les moulins un jour / Peut-être dix heures de long ».

« Travailler année après année et n'avoir qu'un retour ingrat… est vraiment décourageant », dira-t-elle en revanche à Mme. Martin. La lutte de notre syndicaliste ne fut pas vaine. Dès 1853, la journée de travail a tout d'abord été réduite à 11 heures, afin que l'année 1874 puisse enfin consacrer une journée légale de travail de 10 heures au Massachusetts. L'âme déprimée de Bagley n'était pas dénuée de tout espoir, puisqu'elle avait aussi ajouté en 1848 :
« Faisons confiance et essayons de laisser sur la terre une petite semence qui portera du fruit quand nous mourrons. »

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