Tous les matins tu te lèves et c'est à chaque fois pareil. Les yeux qui collent et l'haleine de poney. Tu te dis que ce serait bien d'arrêter de fumer, mais dès que tu descends faire ton café, tu ne penses qu'à ce tube de tabac mentholé.

Tes poumons, tu les encrasses en écoutant l'eau qui bout. Puis tu tousses aussi, en te disant que décidément, t'arrive pas à te contrôler.

Tu te mates dans la glace sur le côté, et tu te dis que t'as encore pris des bourrelets. Faut dire que tes seins, ce sont deux gros amas graisseux qui dégueulent sur ton bide et que t'aimerais bien les couper. Même ta gueule, c'est une putain de boule adipeuse que tu voudrais scalper. Tes bras, tes cuisses, tes fesses, tout te donne envie de dégueuler.

Ce matin, tu mangeras pas et tu boiras ton café. Peut-être qu'après tu feras tes abdos-fessiers. Faut au moins ça pour te convaincre que t'as le droit de manger.

T'as sûrement abusé hier. Tu te rappelles plus très bien mais c'est ce que tu conclus pour justifier pourquoi t'as toujours du mal à te bouger.

Il y a ceux qui te disent que c'est des conneries, et ceux qui ne savent pas trop et qui disent « oui ». Ces derniers, c'est les mêmes qui te demandent si ça va et qui tournent la tête, gênés, quand tu donnes un peu trop de détail ou que tu réponds que t'en chies.

Mais c'est pas grave, t'es belle, ma poupée. C'est pas toi qui le dit c'est lui, quand il descend pour te rejoindre et noircir ses poumons lui aussi.

Le café est prêt, c'est pour ça qu'il sourit.