Elle s'appelle Iris
Lorsqu’elle se rétracte, Marion croise son regard figé.
Elle ne peut détourner les yeux et ne comprend pas cette grimace de douleur et de regret qui la toise.
Ylius s’effondre sur le côté, roulant au sol. Son sang rempli de caillots bleus incandescents inonde le sol par pleines giclées.
Amel tourne sa tête vers le corps de son maître. Lorsqu’il aperçoit la mare d’hémoglobine, il rampe dans la direction du Praedicator.
Marion, le visage couvert du sang brûlant de sa victime, reste un moment à regarder le plafond de verre de la salle du trône où filtre une lumière qui la perturbe.
Le soleil ne devrait pas être indifférent à ce qu’il se passe.
En entendant le grognement de Marcheur, elle se redresse. La main sur la gorge, sa respiration encore saccadée, elle se précipite au chevet du mercenaire.
Des deux côtés, des mains se pressent contre des plaies mortelles.
Amel tient la tête d’Ylius dans une de ses mains. Il voit à peine le visage du Praedicator, une enflure commence à obstruer sa vision.
Le blessé ferme la bouche, mais des hoquets laissent couler du sang aux commissures de ses lèvres. Amel penche la tête de son maître sur le côté pour qu’il puisse vider sa bouche et sa gorge.
Mais maintenant, son souffle devient erratique, le corps de l’homme tremble alors que son sang se déverse de plus en plus vite. Du coin de l’œil, il regarde son apprenti qui prend soin de lui jusqu’au bout.
Il n’y a que l’un d’entre eux qui réalise ce qui se passe. Dans un ultime effort, Ylius pose sa main sur l’épaule d’Amel.
Entre quelques hoquets, il arrive à articuler des sons.
« Ça va… ler… arçon… »
Le Praedicator tourne de l’œil et ses yeux se ferment.
La pression de sa main sur l’épaule d’Amel est la dernière chose qui se relâche.
Marion a beau appuyer, se servir de l’écharpe de Marcheur pour éponger le sang, elle n’arrive pas à arrêter le flot.
Il tarit, mais pas pour la bonne raison.
Le teint maintenant gris du mercenaire et son regard de plus en plus vitreux, lui disent ce qu’elle ne peut pas entendre.
La main droite du jeune homme tremble. Elle vient se poser sur le ventre de Marion. Elle le regarde faire. Elle sent dans ses entrailles une chaleur croître, ses doigts se joignent à ceux de Marcheur alors que la cicatrice au dos de sa main commence à fumer encore plus.
Tant et si bien que les sillons cicatriciels se consument. Sous les yeux du couple, bientôt, il n’y a plus la moindre plaie sur la main.
Marcheur, par lucidité ou délire, regarde le ciel au-dessus de lui.
Au-dessus des nuages, derrière la ligne d’horizon céleste, il voit des veines azurées qui traversent l’univers, connectant un astre si grand aux étoiles du monde, qu’il ressemble à ce que serait le Soleil des soleils.
Il esquisse un sourire et rit.
Dans le ventre de Marion, il sait qu’elle est là.
« Elle s’appelle Iris. »
Elles le regardent.
Sa compagne pose ses mains sur le visage désormais figé de son amour.
Il est parti.
Elle vient.

Annotations
Versions