Chapitre 3.4 : L'appétit des flammes

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 Le lieutenant Novak avançait à grande foulée derrière la première ligne de chasseurs. Tout autour de la montagne s’étaient déployés des escadrons, chargés de trouver d’éventuels tunnels de secours d’où aurait pu fuir les barbares. Et maintenant que cela été fait, il parcourait ces galeries obscures à la recherche d’un passage vers le village. Chien ratier sans faille, il ne laisserait aucune vermine sortir d’ici sans son consentement.

 La fonction de multi-vision de son casque enclenchée il y voyait comme en plein jour. Il progressait rapidement à travers de tortueux couloirs, s’enfonçant ainsi dans les profondeurs de la terre. Derrière sa meute humaine, les Martiens avançaient d’un pas lourd et déterminé, prêts à abattre leur noire colère sur un nouveau foyer d’hérétiques. Une fois de plus une poignée d’inconscients tenta de faire obstacle à leur mission. Une fois de plus, les défenseurs furent mis hors combat par les hommes de Novak. Le lieutenant se stoppa net face à la cage d’un grand monte-charge industriel. Cette véritable relique corrodée venue de temps oubliés fonctionnait encore, du moins à première vue.

 Novak donna ses ordres et organisa son équipe. Mais c’est alors que Tarkon s’avança pour le stopper dans sa manœuvre. Le général, conscient du piège qui devait se tramer à l’autre bout de ce passage vers les entrailles de la terre, préféra laisser passer en tête un quatuor de ses propres soldats de choc. Lourdement carapaçonnés d’imposantes armures de mastodontes – plus encore que celles des soldats réguliers – et équipés d’armes de destruction insensées, ces hommes de Mars étaient un choix logique pour ouvrir la voie. Sans un mot de plus, ils se positionnèrent dans l’ascenseur qui accusa douloureusement le poids de leurs épaisses carapaces blindées. Sans plus tarder ils entamèrent leur descente vers l’inconnu.

 De longues minutes d’un silence pesant s’écoulèrent ; puis vint la révélation. Des cris de guerre lointains montèrent de la cage d’ascenseur, suivis du rugissement monstrueux des armes lourdes. Et, enfin, un nouveau silence, rapidement suivit de complaintes apeurées. Les Martiens avaient bel et bien atteint le fond de ces boyaux chtoniens. On organisa rapidement une nouvelle escouade pour entrer dans le monte-charge qui refit son apparition.

 Cette fois-ci Tarkon monta en personne en se laissant entourer de ses deux gardes personnels et d’un groupe de chasseurs, mené par leur lieutenant. Lentement, le mécanisme se mit en marche dans un à-coup singulier, avant d’entamer sa descente aveugle. Les ténèbres s’emplissaient du requiem sauvage des combattants vaincus. Après quelques minutes Novak releva sa visière pour contempler de ses yeux nus la scène se jouant devant lui.

 Le monte-charge descendait avec paraisse au centre d’une immense caverne que les barbares avaient aménagé en un foyer à l’abri des regards. Ce n’était pas un vulgaire réseau de tunnels et de trous dans le sol comme le village précédent. S’étalait sous ses yeux un véritable univers enclavé sous la surface, la mine n’étant que la porte d’entrée de ce monde dissimulé sous la roche. Mais ce havre de paix souterrain était à présent troublé par la lueur orangée des flammes. Elles commençaient déjà à venir lécher ces parois de granit, à mesure que la première équipe de Martiens progressaient à travers les rues et ruelles.

 Pour la première fois, le lieutenant et ses hommes eurent l’occasion de contempler d’un œil extérieur une scène qu’ils avaient eux-mêmes joué à de nombreuses reprises. Novak eu un sentiment de malaise en observant ces pauvres gens tenter de fuir pour mieux se faire abattre dans le dos, le corps déchiqueté par l’armement dernier cris des hommes de Tarkon. Des dragons crachant feu et acier, des bouchers avançant dans le sang et les chairs, implacablement. Hommes, femmes, enfants, vieillards, chiens ; l’appétit des flammes ne s’encombrait d’aucune discrimination. Était-ce vraiment à cela qu’avait ressemblé toute ses missions, se demanda Novak ? Il se ressaisit rapidement, balayant ces pensées de son esprit en détournant les yeux, alors que l’appareil continuait sa descente. Les portes grillagées s’ouvrirent devant lui. L’un des Martiens était resté en arrière afin de surveiller l’ascenseur, et Tarkon s’adressa à lui.

 – Situation ?

 – Général. L’escouade de choc progresse en direction de ce que l’on pense être un puit de mine menant à des niveaux encore plus profonds. Si jamais ils tentent de s’enfoncer plus loin sous terre, nous leur couperons le passage.

 – Bien.

 Le général de Mars, toujours entouré de ses deux gardes aux splendides armures de paladin de haute technologie, s’avança dans la rue principale que ses hommes avaient déjà parcourue. Novak le suivit de loin, toujours aux aguets, après avoir ordonné à ses chasseurs de se déployer autour des trois Martiens en guise de protection.

 – Nous n’avons pas besoin d’escorte, Lieutenant. Contentez-vous de faire votre travail. Trouvez-moi l’objectif.

 Novak acquiesça d’un signe de tête, puis réorganisa son équipe afin d’explorer plus en avant ce village implacablement dévoré par le feu répandu sur le passage de l’équipe martienne.

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