Chapitre 5.5 : Rappel à l'ordre

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 Cassandre n’observait que d’un œil les images retranscrites par les caméras de la cellule. La jeune Thalie s’était recroquevillée dans un coin de la pièce, ses bras enlaçant ses genoux rapportés à sa poitrine. Elle se balançait ainsi doucement contre les murs dans son dos. Elles n’étaient peut-être pas si différentes. La matriarche du Culte se remémora les premiers temps ayant précédés son arrivée à Éminence. Elle aussi avait connu cette peur, le traumatisme d’être arraché aux siens et gardée captive comme un animal. De passer sur une table d’opération, entourée de personnages froids et incapables du moindre signe d’empathie. Elle se souvint du maigre réconfort de s’adosser aux murs de sa cage, sachant qu’aucun danger ne se cachait dans son dos. Se recroquevillant les bras autour des genoux, priant pour que tout cela ne soit qu’un cauchemar.

 Aujourd’hui, c’était cette jeune femme qui se comportait exactement de la même manière. D’ailleurs, elles avaient les mêmes cheveux. Une épaisse crinière noire ondulée aux airs indomptables. Et le même regard d’émeraude brisé. Peut-être avait-elle d’autres points communs, se demanda Cassandre alors que sur son visage de marbre austère sembla s’adoucir de compassion. Mais ces sentiments naissants furent rapidement balayés, Cassandre revint à sa mine impassible.

 – Vous autres sapiens êtes soumis à vos émotions, remarqua Tarkon qui se tenait à côté d’elle. Rien de mal à cela je suppose. Tant que vous n’interférez pas.

 – Rassurez-vous, Général, rétorqua-t-elle d’un ton sec. Je suis juste passé par curiosité.

 Le Martien plissa légèrement les yeux. Il avait du mal à croire à une excuse aussi facile.

 – Les résultats sont assez décevants pour le moment, bouda-t-il. Peut-être votre chef-d’œuvre n’était-il pas si impressionnant que ça.

 – Le projet Zarathoustra n’a pas pu être achevé. Il y a une infinité de possibilités pour expliquer cela.

 – Sans doute, sans doute…, reprit le général en passant ses mains dans son dos. Il est regrettable que vous vous soyez vous-même effacé la mémoire avant votre capture. Qui sait quels secrets ont ainsi été perdus. Quel gâchis.

 – Il y a un homme qui aurait pu nous apporter toutes les réponses. Et vous l’avez éliminé, dit-elle en fusillant le martien d’un regard mauvais.

 – Je m’étonne d’entendre ces mots de la bouche de la première garante de la Foi. Il n’avait rien d’un homme. C’était une hérésie d’un autre âge, une relique d’un passé qu’il est grand temps d’achever.

 – Il nous était plus utile vivant que mort. Lui seul aurait pu nous aider. De grès ou de force.

 – J’ai fait mon devoir.

 – Vous avez merdé ! Et mit en péril tout le projet !

 – Je n’en réponds pas à vous ! hurla le colosse de Mars en se tournant pour faire face à Fides.

 Le surhomme dépassait très largement Cassandre et ressemblait à une montagne de chair et de métaux infranchissable face à elle. Ce qui ne l’empêchait nullement de lui tenir tête.

 – C’est une mission inquisitoriale, continua Cassandre sans détourner le regard de celui de Tarkon, bien qu’elle dû manquer de se briser la nuque pour le soutenir. On vous a mis à mon service pour assurer sa réussite. Alors jusqu’à nouvel ordre, c’est à moi que vous en répondrez. Et uniquement à moi.

 Elle se détourna du guerrier de Mars et en revint aux écrans, soulageant ainsi ses cervicales.

 – Vous êtes libre de quitter mon service si cela ne vous satisfait pas. Je serai curieuse de savoir ce qu’en pensera votre supérieur. Lui qui vous a proposé pour cette tâche.

 Tarkon fut pris d’un frisson qui remonta le long de son dos musculeux et qui glaça sa colonne jusqu’à sa nuque où de petits cheveux s’hérissèrent de frousse. L’imposant guerrier garda la mâchoire serrée, mais une angoisse soudaine venait de le traverser. Il n’y avait que deux êtres vivants hiérarchiquement au-dessus de lui : l’Empereur en personne, et le maître de guerre de l’Empire. Tarkon garderait à jamais le souvenir de sa première rencontre avec lui, bien qu’il ait voulu l’effacer plus d’une fois. Encore jeune, il débordait alors de l’arrogance qui caractérisait les siens. Il déchanta rapidement face à ce simple humain qu’il eut la bêtise de sous-estimer.

 – Bien compris, se ravisa Tarkon d’un ton plus docile. J’attendrai vos prochaines instructions.

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