Chapitre 6.4 : La ruche

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 Comme à son habitude, le jeune garçon décortique du regard la forêt de câblages courants au-dessus de sa tête. Il tente souvent, pour tuer le temps comme il le peut, d’en choisir un et de le suivre des yeux. Mais il a rejoué à ce jeu encore et encore. Il tente donc de s’émanciper de la surveillance des adultes afin d’explorer les environs à sa guise. Il s’éloigne discrètement, tandis que ses parents restent comme figés face à leurs écrans, et sort de la pièce sans un bruit.

 Il déambule à travers un long couloir gris totalement désert. Pas une seule des nombreuses portes parsemant ce dernier ne s’ouvre sur son passage. Le garçon continu donc son chemin, erre sans but précis, jusqu’à ce que son aventure le mène jusqu’à l’intimidante porte qui trône d’un air solennel au fond de cette impasse. Un barrage impossible à franchir, lourd et hautement sécurisé, que seul une poignée de personne est habilitée à ouvrir.

 Cela ne semble pourtant pas le gêner. D’un pas sûr et tranquille il s’avançe jusqu’à apposer sa petite main sur l’immensité d’acier tiède. Il se concentre sur cette main avec l’intensité innocente que seuls les enfants savent manier. L’enfant reste figé quelques secondes en laissant monter dans ses veines une sensation de chaleur, une émanation étrange, indescriptible, grisante. Une onde traverse l’acier.

 Les alarmes du complexe rugissent alors que la grande porte cède face à cet avorton cinq fois moins grand qu’elle. Un interstice à peine assez large pour que le petit garçon puisse passer venait de s’ouvrir et il s’y engouffre avec le plus grand calme. Accrochant sa tunique blanche sur le mécanisme de la porte de haute sécurité, il finit par réussir à passer de l’autre côté après avoir déchiré son vêtement.

 Il examine les dégâts d’un œil flegmatique tout en continuant d’avancer, mais se fige net lorsque son regard se plonge devant lui. A quelque pas, une barrière de sécurité l’aurait empêché de tomber bêtement dans le vide. Et derrière elle, une gigantesque caverne d’acier et de plastique s’étend sous ses yeux. Ou peut-être est-ce une bibliothèque, ou plutôt une ruche, aux parois et rayonnages couverts d’alvéoles émettant de manière désynchronisée de pâles lueurs blanches dans un rythme de respiration tranquille. L’endroit transpire d’une aura de zénitude. Au milieu de ces étranges rayonnages virevoltent avec paraisse de petits drones se trainant mollement d’une alvéole à l’autre, comme pour les inspecter dans une sarabande mécanique et quotidienne.

 Le petit garçon s’avance avec curiosité jusqu’à atteindre la barrière de sécurité. Il place son visage innocent entre deux barreaux pour mieux contempler le spectacle se jouant en contrebas. Chaque alvéole est remplie d’un liquide d’azur aux airs brumeux dans lequel est assoupie une silhouette de petite taille, celle d’un enfant à l’évidence. Un drone surgit en hâte devant lui dans une voltige se voulant colérique. Il émet nombre de petits sons stridents et cliquetants alors que ses capteurs luisent d’un rouge furieux.

 Le jeune garçon ne semble pas particulièrement intimidé. Il se redresse tranquillement et tend la main avant de le resserrer avec fermeté, jouant à écraser un moucheron invisible. Le drone devient fou, vole de façon erratique avant d’effectuer un dernier plongeon suicidaire. Il va s’écraser au fond de la caverne d’acier, tandis qu’une main ferme mais douce saisi le garçon et le retourne. Deux adultes, un homme et une femme, vêtus de longues blouses grises, se penchent sur lui. Malgré ses efforts, l’enfant est incapable de discerner leurs visages pourtant sous ses yeux.

 – Mais qu’as-tu fais ? le questionne la femme aux longs cheveux noirs ondulés dont la voix trahit l’inquiétude.

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