Ingrid

2 minutes de lecture

Mardi

La chambre d'Ingrid sentait le linge sale et la tristesse. Les jouets éparpillés ça et là mouraient d'ennui.

  • Tu viens avec moi ? dis-je en entrant.
  • Non.
  • Elle était sous ses couvertures les yeux rougis. C'était certain elle n'arrivait pas à oublier la tragédie de la veille.
  • Non, je ne veux pas sortir du lit.

Ces mots furent susurrés... presque ânonnés. Noyée dans son pyjama à fleurs roses dont elle refusait de sortir. Elle s'y enroulait comme si chaque pétale la protégeait. Il y avait dans son refus quelque chose de plus profond qu'un simple "non" - une sorte de protection secrète aux oreilles d'un personnage inconnu dans l'ombre. Elle connaissait quelque chose que je ne savais pas encore.

La veille, elle avait refusé de pleurer. Ses yeux avaient gardé leurs larmes comme si son cerveau avait refusé l'évidence. Puis soudain elles ont jailli, d'un coup, tel un torrent. L'horreur sortait de son esprit dans une sorte de cascade lacrymale.

Bien sûr que je me rappelle du moment. C'était au moment du repas. Elle avait commencè par refuser la soupe. Poussant l'assiette, la fillette me fixait de ses yeux bleus. Puis elle se mit à bouder. Enfin, quand j'ai eu fini de manger, elle s'est soudainement levée de table, les yeux exorbités. Elle s'est tournée vers moi le regard menaçant. Puis des cris ont jailli de sa bouche crispée de désespoir :

  • Ferme les yeux ! Elle est encore vivante ! Arrête, tu me mens !

J'avais préféré ne rien dire. Pourquoi y avait-il autant de violence soudaine ? Je sentais un sentiment de haine dans ses mains qui dessinaient des cercles dans le vide. Avait-elle deviné la vérité ? Un sentiment de honte m'envahit. J'avais baissé la tête pensant que cela n'avait aucun sens. J'eus une subite envie de la gifler. Sa vie était troublée. Elle oublierait, elle était si jeune. Mais elle, entre deux sanglots :

  • Arrête ! Tu me mens, tu me mens.

Toutes ces imprécations éructées s'insinuèrent en moi dans la soirée. Je finis par douter. Elle m'avait transmis son désarroi.

***
Selon vous, quels éléments mériteraient d’être approfondis ou clarifiés ? La tension vous semble-t-elle bien dosée ? Vos remarques m’aideront à affiner la suite
Si ce texte vous a touché, un petit cœur "J'aime" suffit à le faire vivre un peu plus longtemps.

Annotations

Vous aimez lire Music Woman ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0