Mékat
Dans l’atelier baigné d’une lumière tamisée, Lysa posait les rouages et les engrenages en une harmonie calculée du bout de ses neufs doigts, dont l’un avait été perdu lors d’une précédente expérience. Au fur et à mesure du temps, l’animal robotique prenait forme sur son établi. Des tuyaux et des soufflets parcouraient ses membres afin de lui garantir une agilité authentique, libérant des jets de vapeur par intermittence. Lysa ajusta les aiguilles du cadran doré qui allait donner vie à la créature avant de le placer dans sa cage thoracique métallique. Elle plaça les dernières soupapes qui réguleraient le flux de l’éther à travers les veines artificielles.
La jeune scientifique inspira profondément et activa le cœur mécanique. Un enchaînement de cliquetis eut lieu. L’animal se leva sur ses membres mécaniques, articulés avec une grâce surprenante. Ses yeux, deux optiques cerclées de métal et sertis d’émeraudes, papillonnaient à plusieurs reprises. Il s’étira, chaque articulation émettant un son métallique doux. Un ronronnement sourd retentit et un miaulement se fit entendre, fidèle à son modèle.
Lysa sourit et caressa sa création. C’était, pour elle, une véritable merveille de l’ère industrielle.
— Je crois que je vais t’appeler… Mékat !
L’animal sembla satisfé et bondit dans les bras de sa créatrice. Son pelage se composait d’un mélange de mousse cuivré effilé et de laiton poli. Des plumes taillées d’aigles foudroyants servaient de vibrisses. Sa queue s’articulait grâce à l’emboitement de plusieurs cylindres. Lysa avait finalement réussi à donner la vie autrement que par les bienfaits de la nature que celle-ci ne lui avait malheureusement pas accordé.
Lysa posa le chat robotique au pied de son lit. La créature tourna plusieurs fois sur elle-même avant de se poser, plus ou moins difficilement, en boule. Apaisée et sereine, la jeune scientifique s’endormit sur ses deux oreilles, un sommeil profond qu’elle ne connaissait plus depuis des mois...
© Luna Pie
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