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Tout exiger d’elle, j’en ai usé et abusé de cette formule dont je n’avais pas même conscience. C’était devenu une caractéristique de notre relation. Elle aussi me demandait, m’obligeait. Mais je n’acceptais que le minimum qui me permettait, en échange, de vouloir le centuple d’elle. Le cercle vicieux tournait autour de nous, et nous a emportés dans sa spirale malsaine. Dans ma vie, j’étais gagnant, et insupportablement présomptueux. Pour tester jusqu’où je pouvais aller avec elle, pour savoir si son amour était si fort qu’elle le disait, et à la hauteur de mes sentiments, j’allais de pire en pire. Peu à peu, j’éliminais tout ce à quoi elle pouvait s’accrocher, pour moi devenir son unique point d’ancrage. Si elle m’aimait, elle devait s’éloignait d’untel et de sa mauvaise influence, d’un autre qui par jalousie la montait contre moi, de celle-là qui mettait son amour pour elle en compétition avec le mien, de cette copine d’enfance qui pire qu’une belle-mère cherchait à m’affronter. Et quand le vide fut fait, que seul mon propre monde l’enveloppait, c’est dans ce dernier que j’ai cherché mes cibles suivantes. Mes copains, tous concurrents potentiels, du moindre regard aux sourires en coin. Tous victimes de ma jalousie devenue maladive. Persuadé que mon impérieux besoin d’exclusivité était lui-même un encouragement à son possible comportement infidèle, je me noyais dans ma propre haine, je m’y débâtais contre elle, pour nous, contre tous, et avec moi-même.

Elle, elle s’était persuadée que vivre l’amour, c’était subir et résister. Résister pour me garder auprès d’elle. Souffrir pour que je continue de combler le vide de son espace. Rester par peur de perdre, crainte de tout futur sans moi. La menace était en tout objet, en tout moment. Les représailles possibles, promises tant et tant, en faisaient surement partie. L’idée, distillée dans chaque geste d’amour, qu’une vie sans moi était perdre la source principale du bonheur. Elle était prise au propre piège de ses sentiments d’attachement. Si elle m’aimait, elle ressentait le devoir de me comprendre, de m’aider, ou de me forcer à changer. C’est dans l’opposition, dans le combat, dans la difficulté qu’on construit le plus beau, ce qui a le plus de valeur. Là était l’erreur, nous étions dans une autodestruction réciproque et rien, sinon le pire, n’était à construire ainsi. C’est aussi son manque de réalisme, et son jugement erroné, qui nous ont menés là. Si je n’en ai pas seul la responsabilité, c’est tout de même moi le principal coupable. Mais la moindre culpabilité que je trouvais en elle me rassurait et m’encourageait à poursuivre.

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