Le feu revient. Toujours.

Je ne le vois pas vraiment. Pas des images claires. Juste des éclats. Des sensations. La chaleur qui mord ma peau. La fumée qui brûle ma gorge. Le bois qui craque, se tord, se consume. Tout est flou. Mais la peur reste. Brute. Viscérale. Une ombre qui me suit partout.

Je cours sans savoir où. Mes jambes tremblent, menacent de céder. L’air me fouette le visage, dense, chaud. Je suffoque. Mon cœur bat trop vite. Trop fort. Tambour fracassé dans ma tête. Et quelque part dans ce battement, je sens le feu. Il vit avec moi. Palpite avec moi. Ne me lâche pas.

Parfois, je sens ses langues de flamme sur ma peau. Leur chaleur s’infiltre dans mes membres. Même ici, dans le silence de ma chambre, je le sens encore. Tapis sous ma peau. Vibrant. Prêt à surgir. Le rouge, l’orange, des éclats violacés, ils dansent devant mes yeux, même quand il n’y a rien. Comme si le brasier ne m’avait jamais quittée.

Le silence tombe. Trop lourd. Trop profond. Le monde s’effondre. Je flotte dans un vide où mon cœur est seul. Mais le feu est là. Toujours. Il me regarde. Me touche. Sans jamais se montrer complètement. Parfois, je crois entendre un souffle chaud, un murmure.

Tu es à moi.

Les mois passent. Mais le brasier brûle toujours en moi. Un éclat de lumière, une odeur âcre, un souffle de vent suffisent à le réveiller. La peur revient intacte. Il m’habite. Une présence vivante. Insaisissable. Je sens ses vibrations dans mes veines, ses pulsations avec mon cœur.

Je ferme les yeux. Il est là. Tapis. Prêt.

Je respire. Je tremble. Je ne pourrai jamais l’oublier. Jamais.

Le feu danse en moi.

Toujours.