CHAPITRE 23 : « Royaume de Fram » « Florian »

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CHAPITRE 23 : « Royaume de Fram » « Florian »

Toujours allongé et recouvert de cette substance riche en nutriment qui préserve sa santé et son corps, Florian reprend petit à petit conscience en se demandant où il peut bien être.

Étrangement ses souvenirs restent vagues, un peu comme s’il avait subi un lavage de cerveau, le seul sur lequel son esprit se raccroche est le moment où il arrive aux pieds de cette chaîne montagneuse avec semble-t-il deux compagnons.

Le visage d’Alexandre lui revient ainsi que ce qu’il représente pour lui au niveau sentimental, pour l’autre garçon l’image reste suffisamment floue alors que son cœur lui dicte que pour lui aussi les sentiments étaient également là, bien présents.

Ensuite plus rien, le noir absolu jusqu’à ce bref instant où il a pu puiser quelques forces à peine suffisantes pour qu’après un sommeil réparateur, il en soit là à pouvoir se poser toutes ces questions.

Florian comprend bien qu’il ne puisse pas connaître le passé proche puisqu’il semble qu’il était inconscient, le hic c’est que le passé plus lointain ne remonte que par bribes à la surface de son esprit et son instinct lui déclenche la peur de revivre encore et toujours quelque chose qui quoique perdu dans sa mémoire flageolante, reste suffisamment présente pour déclencher cette alarme qui voit couler les larmes de désespoir humidifiant son visage.

Une brève présence non loin de lui, lui redonne cette sensation de puiser une énergie nécessaire à sa survie mais cette fois la sensation a non seulement été beaucoup plus brève que la précédente, mais également beaucoup moins profitable pour son organisme, sans doute parce que plus éloignée de lui que celle antérieure.

Florian ressent un poids sur tout son corps, ses muscles se bandent pour tenter un mouvement mais il se sent vite vidé de toute énergie et cesse provisoirement toute tentative pour se libérer, voulant conserver suffisamment de force pour rester au moins lucide.

Le temps passe qui lui semble maintenant particulièrement long du fait qu’il en est conscient, quand soudain il sent ses nerfs se tendre et une forte pulsion sexuelle le prendre, ramenant quelques forces alors qu’un long mais bien trop bref frisson de plaisir lui prend les reins.

***/***

Nok est dans la cour accompagné de Tim, méconnaissable dans sa tenue de novice du temple, ils marchent tous deux pour rejoindre le bureau où les attendent leurs maîtres et passent devant les deux gardes qui protègent le secret du cabanon, secret qui ne l’est que pour de rares personnes venant juste d’arriver du seul fait que le bouche-à-oreille fonctionne ici comme partout ailleurs et nombres gardes se retrouvant seuls la nuit ont eu la curiosité d’entrouvrir la porte rien que pour trouver une réponse à ce vrombissement incessant venant de l’intérieur.

Tim est le premier à ressentir quelque chose d’encore malgré tout inhabituel pour lui, sentant ses reins devenir bouillonnants alors que sa virilité le rappelle également à l’ordre en se tendant douloureusement.

Ses pas bifurquent instinctivement vers la porte du cabanon, bientôt suivi par Nok qui maintenant en est dans le même état d’esprit à rechercher l’aboutissement ultime du plaisir divin qui ne demande qu’à éclater.

Les deux gardes réagissent rapidement en les ceinturant, alors que déjà la force nerveuse des deux garçons les amène dans un état d’épuisement proche de l’inconscience.

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Plusieurs sentiments contraires viennent s’enchevêtrer dans l’esprit de Florian, celui du plaisir ressenti mais le plus important pour lui et celui qui l’inquiète le plus sans réellement comprendre d'où il lui vient, est sans conteste celui de danger pour la vie de ceux avec qui il se raccorde pour puiser cette énergie nécessaire à sa survie.

Il se rappelle vaguement avoir déjà donné un avertissement mental quand deux personnes se sont retrouvées trop proches alors que sa connexion neurale était ouverte au maximum.

La force lui manque encore pour faire cette introspection nécessaire dans son esprit, afin de mettre des limites supportables qui ne mettraient pas en danger la vie d’autrui.

Dans ses vagues souvenirs il en est pourtant un qui va dans ce sens, mais il se sent encore bien trop faible et ne désire pas pour le moment puiser dans le peu d’énergie qu’il vient par deux fois de récolter.

***/***

Quand la porte du bureau de maître Wong s’ouvre sur deux hommes habillés de noir portant chacun un garçon inconscient, aussi bien maître Wong que le grand chaman, ont déjà la réponse à une question qu’il est donc inutile de poser, se contentant d’indiquer du doigt où les déposer avant de les laisser repartir poursuivre leur garde.

Comme de bien entendu Nam se retrouve de suite au chevet de son meilleur ami et accessoirement compagnon de jeu pas forcément avouable devant tout le monde.

Son inquiétude est bien visible, suffisamment pour que le grand chaman s’approche de lui en lui posant sa main sur l’épaule en guise de soutien et de réconfort.

- Il va vite se remettre, ne t’inquiète pas et va plutôt chercher une bassine d’eau, cela les réveillera !!

Alors que son disciple ne demande pas son reste pour obéir à ces ordres et quitte la pièce, le grand chaman reste devant le jeune homme qu’il voit pour la première fois tel qu’il est réellement.

Une moue de compréhension lui vient alors.

- Ce garçon appartient incontestablement lui aussi à la haute noblesse, comment a-t-il pu arriver jusqu’à devenir nettoyeur de latrines, je te le demande un peu.
- J’ai déjà répondu à cette question il me semble !!
- Oui sans doute mais cela n’excuse pas ce qu’il a dû vivre, il y avait d’autres solutions que celle qui a été prise.
- J’avoue que nous ne voulions pas nous séparer de lui, j’avais sans doute quelque part imaginé qu’il pourrait reprendre mon commerce et j’attendais juste qu’il se sente assez fort pour résister aux pressions que son physique lui crée auprès du peuple, cela n’aurait pas été le cas s’il avait pu vivre avec ceux de sa condition, bien protégé par les murs de leur forteresse ou du palais pour les plus puissants. Tu es bien placé pour savoir quel sort est généralement réservé à ces pauvres garçons ou filles sortants de leur statut de privilégiés, la présence de tes deux novices fait foi à l’exactitude de mes paroles.
- Hum !! Oui j’en conviens volontiers.

Le grand chaman se prend le menton en cherchant à se rappeler le moment précis qui lui a valu sa décision de prendre sous sa coupe les deux tout jeunes garçons qu’étaient alors Nam et Nok.

- J’ai eu une illumination venant de nos dieux, il m’a été particulièrement difficile de déchiffrer mes visions mais une chose en ressortait cependant comme un leitmotiv difficile à ne pas prendre en considération.
- Vraiment ? De quoi s’agissait-il donc ?
- Que je devais garder à mes côtés ces deux petites bouilles innocentes et crasseuses, encagés comme des animaux au grand marché des esclaves du royaume d’Efri. Tu sais combien ils sont friands de jeunes esclaves à la peau blanche, surtout ceux qui après les avoir « dressés » en font le commerce du corps.

Maître Wong hoche la tête mais soupire quand même que cela soit ainsi partout dans le monde avec ceux perdus, vendus ou vaincus, issus des autres royaumes.

- Pourquoi certains ont droit à tout juste parce qu’ils ont un physique alors que le commun des mortels n’a que le droit d’essayer au mieux de survivre ? Même ceux comme tes disciples ayant connu l’infortune de perdre leurs parents et leur statut, ont encore pour la plupart la chance de trouver moyen de s’en sortir ?
- Tu ne peux rien à la nature des hommes, la beauté a toujours fortement marqué les esprits et tu dois reconnaître avec moi que ceux-là…

Il montre alors du doigt les deux garçons et ensuite le pointe sur le troisième arrivant avec sa gamelle d’eau et quelques linges de toilette propres, surpris d’être pointé de la sorte par son maître.

- … sont particulièrement remarquables sur ce point et sur d’autres qui n’apparaissent qu’ensuite, mais tout aussi inhabituels.

Son regard va vers la fenêtre en direction du cabanon.

- Je n’aurais jamais imaginé une seconde qu’il existait encore plus parfait, hélas la perfection n’évite pas le danger et nous allons devoir prendre d’extrêmes précautions si nous ne voulons pas qu’un malheur arrive.

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