Jardiland

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3 CORS

1. INT. CHAMBRE — JOUR

ARTHUR et GUENIÈVRE sont dans leur lit.

ARTHUR — J'aimerais redynamiser Kaamelott, il me faut des idées neuves.

GUENIÈVRE (semblant chercher une idée) — Des idées neuves, des idées neuves… Qu'est-ce-que j'en sais, moi…?

ARTHUR — Bah justement, vous n'avez rien à foutre de vos journées, vous pouvez quand même trouver des idées…

GUENIÈVRE (en colère) — Non mais dites-donc, vous ne pourriez pas être aimable le matin…

ARTHUR (en colère) — Et vous, vous pourriez arrêter de maugréer dès que je vous parle ?

GUENIÈVRE (comme éclairée par la grâce) — Si ! J'ai trouvé… Pourquoi ne pas cultiver un champs de betteraves qu'on vendrait ensuite sous forme de verrines, de compotes… ?

ARTHUR (ironique) — Qu'est-ce qu'on vendrait sous forme de verrines, de compotes ? Les champs de betteraves…?

GUENIÈVRE (naïve) — Bah non, les betteraves…

ARTHUR (ironique) — Mais bien sûr. Vous croyez vraiment que j'ai le temps de m'occuper de faire la tambouille pour tous les débiles profonds du monde breton ?

GUENIÈVRE (en colère) — Oh bah ce n'est pas pour le temps que ça prend.

ARTHUR (calme) — Je suis Dux Bellorum, moi, je ne suis pas la cuisinière du Royaume de Logres.

GUENIÈVRE — Dux quoi ?

ARTHUR (blasé) — Dux Bellorum, c'est un chef de guerre ma p'tite dame.

GUENIÈVRE (en colère) — Oh, c'est bon. Qu'est-ce que j'en sais moi…

ARTHUR (ironique) — En même temps, vous n'aviez pas fait le rapprochement entre les saturnales et Saturne. À partir de là, tout est possible…

GUENIÈVRE (déçue) — Donc, pour mon idée, oui ou merde ?

ARTHUR — Merde !

OUVERTURE

2. INT. SALLE DU TRÔNE — JOUR

ARTHUR est sur le trône. LEODAGAN, BOHORT, KARADOC, PERCEVAL, CALOGRENANT sont assis près de lui. PERE BLAISE est sur son estrade.

ARTHUR — Si je vous ai réunis ce jour, c'est pour parler d'une envie personnelle, celle de dynamiser Kaamelott. Alors il me faut vos idées. Même les plus farfelues…

LEODAGAN (ironique) — Même les tourelles ?

ARTHUR (exaspéré) — À part les tourelles…

PÈRE BLAISE (étonné) — Bah… Ce n'est pas à l'ordre du jour ça.

ARTHUR (conciliant) — Non, mais ce n'est pas grave…

PÈRE BLAISE — Mais si je l'avais su, je l'aurais rajouté à l'ordre du jour.

ARTHUR (calme) — C'est juste un petit aparté.

PÈRE BLAISE — Bah, je vais le rajouter à l'ordre du jour.

ARTHUR — Merde avec l'ordre du jour…!!!

PÈRE BLAISE (à lui-même) — De toute façon, avec vous, c'est toujours pareil.

ARTHUR (énervé) — Si ça ne vous plait pas, vous n'avez qu'à vous barrer !

Sortie de PÈRE BLAISE

LEODAGAN (provocateur) — Et mes tourelles ?

ARTHUR (énervé) — Merde ! Vous allez me gonfler longtemps avec vos tourelles ?

LEODAGAN (provocateur) — Jusqu'à ce que vous les posiez…

ARTHUR (en colère) — Allez les poser en…Carmélide…vos putains de tourelles et laissez Kaamelott tranquille…!!!

BOHORT — Peut-être pourrions nous en revenir à la réunion et proposer nos idées…

ARTHUR — Oui ! Justement, vous, Bohort, que proposez-vous…?

BOHORT — Je trouve cette idée de culture de betterave excellente…

ARTHUR — Oui mais non, déjà ce n'est pas la saison et puis, vous croyez que j'ai le temps de m'occuper de faire la cuisine.

BOHORT — Sans compter que les cuisinières doivent être débordées… Dois-je rappeler à notre bon roi que les Burgondes viennent prochainement pour négocier ?

ARTHUR (paniqué) — Oh, putain, c'est vrai. Il y a ça aussi…

LEODAGAN (provocateur) — Essayez de ne pas leur offrir une mèche de cheveux cette fois-ci…

ARTHUR (ironique) — Je les avais offerte parce qu'il y avait le chef Viking. Il ne vient pas avec, au moins…

LEODAGAN (jouissif) — Oh vous savez… Quand on accueille un trou du cul, il ne serait pas étonnant qu'il y en ait un autre pas loin…

ARTHUR (appeuré) — Possible (reprenant le contrôle de la réunion) Et vous, Karadoc, à quoi avez-vous pensé avec votre ami ?

KARADOC — On pourrait installer un marché avec des produits régionaux…

ARTHUR (coupant Karadoc) — On n'a pas de produits régionaux. Le vin est dégueulasse. Le pain, vous l'avez dit vous même, c'est de la merde !

KARADOC (n'écoutant pas Arthur) — …des saucissons, du fromage et du lait de chèvre !

PERCEVAL (partant dans le même délire que Karadoc) — On pourrait se fournir chez le tavernier, il est d'accord !

ARTHUR (vexé) — Donc vous ne me demandez même plus, quoi ! Vous faites les démarches direct…

BOHORT — Autant voir direct avec le fournisseur…

ARTHUR (énervé) — Moi, c'est le pain rassi et l'eau croupie, aux geoles, que je vais vous fournir…(s'adressant à Calogrenant) Et vous Calogrenant ?

CALOGRENANT (résigné) — Oh, vous savez, moi, je m'en fous royalement pas mal…

ARTHUR (énervé) — Et vous ? Yvain ? Une idée débile ?

YVAIN (l'air hagare) — Bah, moi, il faut que je vois avec Gauvain…

ARTHUR (à Leodagan) — En même temps, pourquoi je lui demande, moi…?…!!!

LEODAGAN (ironique) — Je ne sais pas…pour perdre votre temps sûrement. Vous savez bien que mon fils, sans son ami Gauvain, un autre taré avec lequel il semble s'accorder, ce n'est pas une flèche…

ARTHUR (ironique) — Ah ! Parce qu'avec, il a inventé l'eau chaude ?

LEODAGAN (ironique) — Bah, il passe déjà moins pour un con…

ARTHUR semble étonné, peu convaincu des propos de son beau-père.

ARTHUR (avec humour) — Il ne manquerait plus que je croise Venec qui me propose un marché pour vendre des esclaves ou des chinois… Là, je crois qu'on toucherait le fond…

3. INT. SALLE À MANGER — JOUR

ARTHUR est assis à table. À ces côtés se trouvent BOHORT et DAME SELI. Ils font face au ROI BURGONDE, sans interprète. Sur la table se trouvent une corbeille de fruits et 2-3 cruches d'eau.

LE ROI BURGONDE — Arthouuur !!! Moi avoir idée pour vous donner plus de pep's à chateau.

ARTHUR (surpris, à Bohort et Dame Séli) — Comment il est au courant de ça, lui ?

BOHORT — Il a de bons informateurs !

ARTHUR (ironique, au Roi Burgonde) Biennn ! Vous avez fait d'énormes progrès pour parler notre langue…

LE ROI BURGONDE — Arthouuur !!! On est fort…(montrant son godet)…en pommes !

ARTHUR (à Bohort) — J'ai peut-être parlé un peu vite.

DAME SELI (au Roi Burgonde) — Alors ? C'est quoi votre idée ?

LE ROI BURGONDE — Manger, jouer, négocier, chanter… Non posso volo, no tépo mayo. Un posso volo, tandolon toulo. Tamasso (pet) tanlamalasso. Tamasso (pet) les oiseaux petits (sur l'air de "À la volette")

ARTHUR (à Bohort et Dame Séli, se bouchant le nez) — J'aurais mieux fait de ne pas l'inviter. Il parle, on ne comprend jamais rien, il chante et il loufe…

DAME SELI (ironique) — Ah, bah ça, comme on n'a pas l'habitude de vivre en communauté.

BOHORT (à Arthur) — Alors on a quoi comme idées ?

ARTHUR (résigné) — Bah… On en a une qui propose de cultiver des betteraves, un autre qui me gonfle avec ses tourelles, un troisième qui ne pense qu'à bouffer, deux autres qui n'en ont absolument rien à cirer et (montrant le Roi Burgonde) ce dégénéré qui veut faire tout ça à la fois mais qui, je parie, ne sait pas de quoi il parle. À ce rythme-là, pas de doute, Kaamelott va devenir le cirque Pinder ou Jardiland. Ça va finir qu'on ne fera rien de plus et tant pis…

BOHORT et DAME SELI se regardent, dépités…

4. INT. CHAMBRE — NUIT

ARTHUR et GUENIÈVRE sont dans leur lit. ARTHUR lit un parchemin. Il répond à GUENIÈVRE sans décoller les yeux de son document.

GUENIÈVRE (avec compassion) — Alors ? Des idées ?

ARTHUR — Non !

GUENIÈVRE — Mais vous avez échangé quand même ?

ARTHUR — Oui.

GUENIÈVRE — Et donc ?

ARTHUR — Rien.

GUENIÈVRE (exaspérée) — Dîtes, ça vous embêterait de me répondre par une phrase de plus d'un mot ?

ARTHUR — Sais pas !

GUENIÈVRE (hésitante) — Et donc, mon idée de betterave ?

ARTHUR — C'est la moins pire.

GUENIÈVRE (blasée) — C'est charmant, ça…

ARTHUR (levant enfin les yeux de son parchemin) — Déja, ce n'est pas la saison, ensuite j'ai des missions plus importantes que de faire la tambouille.

GUENIÈVRE (blasée) — Demandez à Merlin ?

ARTHUR (ironique) — Merlin ? C'est une blague? Il n'a pas les connaissances requises pour faire des crêpes. La dernière fois qu'il a mis le feu, ça lui a pété à la gueule…

GUENIÈVRE (désespérée) — Ce n'est pas très gentil ça… (soudain comme éclairée par la grâce) J'ai une idée et elle devrait plaire à tout le monde…

ARTHUR (blasé) — C'est quoi encore ?

GUENIÈVRE (énervée) — Mais, attendez avant de râler, que je vous dise à quoi j'ai pensé…

ARTHUR (énérvé) — C'est juste que je m'attends au pire…

GUENIÈVRE (énervée) — Pfff… Que diriez-vous de créer une troupe de théâtre ?

NOIR

ARTHUR (over) — Il n'y a pas à dire… À chaque fois que vous avez une idée, bah…c’est de la merde.

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