XXIX

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C’était pénible de rester à la base sans pouvoir faire son métier de soldat. Oh, Erk et moi avons fini la peinture des motos mais on n’a pas eu le plaisir de les tester.

Par contre, on… enfin, il a eu une surprise lors de la livraison hebdomadaire par hélico.

Au début, un hélico arrivait, un truc capable de porter beaucoup, comme 12 motos de trial, par exemple. Ou une Land Rover… Il posait un filet, et se posait ensuite à côté, les pilotes allant boire un jus au mess pendant qu’on ouvrait et vidait le filet.

Quelqu’un, peut-être Lin, a trouvé que c’était pas très efficace, donc maintenant, l’hélico pose délicatement le filet au sol, l’un de nous le décroche du treuil, raccroche le filet de la semaine passée et le merdier repart.

Ce jour-là, Tito venait de finir sa punition, Doc l’avait libéré de l’infirmerie et, avec moi et quelques autres, il s’est trouvé à devoir vider le filet. Erk, avec l’interdiction formelle d’utiliser son bras, se contentait de flasher les codes-barres sur sa tablette, pour s’assurer que la liste de colisage et la livraison correspondait. Barbant, comme truc, mais nécessaire. Heureusement, le poids de nos péchés étant très lourds, on utilisait des diables (hé hé !).

Les objets sur la liste de colisage correspondaient à la liste des courses, sauf deux paquets, l’un adressé à E.Hellason et l’autre à Fratelli Hellason. On les a déposés au mess et on s’est agglutinés autour comme des scarabées sur une bouse bien fraîche.

- C’est qui, Fratelli ? Un troisième islandais ? a demandé Tito.

- Non, ça veut dire Frères en italien.

- Ah.

- Oui. Et des Italiens, on n’en connaît pas tant que ça. Donc ça ne peut venir que de Rizzi.

- J’ai entendu le nom de Matteo ? a dit la voix de Kris, qu’on n’avait pas vu depuis un moment.

- T’es rentré, p’tit frère ?

Les frangins ont échangé un regard puis Kris est venu se placer à côté du Viking. Ils se sont penchés sur la lettre de transport.

- Là, instructions : per aprire a Natale. Va falloir attendre Noël, mon grand.

- Mais qu’est-ce qu’un parrain de la Mafia peut bien nous envoyer à Noël ?

- Une tête de cheval, a commencé quelqu’un.

Y a eu un ricanement de Tondu, puis une inspiration soudaine de Frisé.

- Attends, attends, Matteo Rizzi, LE parrain de la Mafia lombarde ?

- Tu peux rajouter le Piémont, la Vénétie, la Ligurie et, en fait, tout le nord de l’Italie jusqu'à Bologne et San Marin, a fait Kris.

Frisé s’est assis un peu brutalement.

- Putain, j’y crois pas ! LE Rizzi qui vous envoie des cadeaux pour Noël… Pourquoi…

Les deux frangins se sont encore regardés.

- Nei, Kris, nei, a fait Erk en secouant la tête très fort.

Kris l’a fixé droit dans les yeux avec un sourire diabolique.

- Erik lui a sauvé la vie… il nous a dit sans lâcher son frère du regard.

Dans les yeux bleu bourrache, j’ai vu le sentiment d’être trahi, de la colère, de la tristesse, puis Erk a fait demi-tour et est sorti en coup de vent.

- Skítt, a fait Kris et il a filé derrière lui en s’excusant.

On a suivi et on est arrivés dans la cour au moment où Kris a rattrapé son frère.

- Excuse-moi, mon grand, je…

Erk a chopé son frangin par son pull, de sa bonne main, et l’a presque soulevé de terre en le secouant.

- Je t’avais demandé de ne rien dire, mais non, il a fallu que tu ouvres ta grande gueule et que tu déballes tout !

- Mais quel est le problème, Erik ?

- C’est un putain de mafieux, Kris ! Un criminel !

- Et alors ? C’est un mec bien ! Tu as vu ce qu’il a fait pour réguler tout ça !

- Ça reste un mafieux, un criminel, un… un… un truand !

- C’que tu peux être balai dans le cul, des fois.

- Peut-être, mais quand je te demande de ne pas en parler, j’aimerais que tu m’obéisses.

Kris s’est hérissé en frappant sa main pour se libérer.

- Que je t’obéisse ?! Mais je ne suis pas ton subalterne, ducon, je suis ton frère !

- Petit frère ! a rugi Erk en insistant sur petit.

- Et ça change quoi, hein, grand frère ? Je suis fier de toi, hálfviti, fier, moi, que tu lui aies sauvé la vie, à ce type que j’apprécie. Fier que tu aies mis ton dégoût de côté pour faire ton boulot en vrai pro que tu es. Tu n’as pas eu le temps de le connaître comme moi je le connais, puisque tu as passé la plupart de ton temps soit à l’éviter soit dans le coaltar. Mais moi j’ai découvert un type avec un grand sens de l’honneur, et qui a rétabli dans le nord de l’Italie une criminalité certes organisée, mais honorable et sans dommages collatéraux. Et sans lui…

- Sans lui, quoi ?

Kris s’était arrêté pile sur ce mot et sa colère avait disparu.

- Dis-le, Kris, dis-le, cette fois, je te l’ordonne !

- Et cette fois encore je vais te désobéir, frangin.

- Espèce de petit con !

Et Erk a levé son poing massif, prêt à l’abattre sur son frangin. Et Lin, qui avait assisté à toute la scène sans rien dire, laissant comme toujours les choses se passer par elles-mêmes, s’est soudain trouvée devant lui, les mains sur les hanches, les sourcils froncés. Elle avait bougé tellement vite qu’on aurait dit qu’elle s’était téléportée.

- Assez, Hellason. L’un comme l’autre.

Le poing gigantesque s’est abaissé lentement, le géant s’est affaissé, Kris s’est approché, passant ses deux bras autour de la taille de son frère et s’appuyant contre lui.

- Pardon, Erik. Je suis tellement fier de toi, tu sais, que je voulais le partager.

Le Viking a pris une grande inspiration tremblante, s’est passé une main sur le visage.

- Crétin.

- Moi aussi je t’aime Erik.

Un sourire a enfin déridé le géant et il a ébouriffé les cheveux de son frangin, laissant sa main reposer sur la tête blonde de son petit frère.

- Bon, a dit Lin. Erik, le colis à ton nom est de ma part, je veux que tu t’y mettes au plus vite, ça devrait te faire du bien.

Il y a eu une lueur d’espoir sur le visage du Viking.

- Il y a trois colis à mon nom, elle a continué, j’aimerais les avoir dans mon bureau avant ce soir. Et je pense qu’un jour il faudra satisfaire la curiosité dévorante – et maladive – des spectateurs de votre algarade.

On s’est sentis un peu mal d’avoir assisté à l’engueulade fraternelle. Mais Lin avait raison, la curiosité nous bouffait littéralement tous crus. Comment deux Islandais, ex de la Légion Etrangère, pouvaient-ils être suffisamment appréciés par le parrain de la Mafia lombarde pour qu’il leur envoie des cadeaux de Noël au fin fond de l’Afghanistan ? Et comment… pas pourquoi, pourquoi, dans le cas d’un mafieux, on peut imaginer, non, comment Erk avait-il été obligé de lui sauver la vie ? Et à quel prix ? Kris avait bien dit coaltar, ce qui voulait dire qu’Erk avait morflé, pour changer. Après l’histoire du tigre, on s’attendait à tout.

Mais en voyant la lueur d’espoir dans l’œil bleu, j’ai décidé de jouer les petits chefs et j’ai viré tout le monde de la cour, les renvoyant à leurs occupations qui étaient, pour certains, de tester les bécanes. Ils sortirent les douze motos vers l’héliport, la zone à peu près plane où s’étaient posés les E-assaults des R&R et l’hélico de ravitaillement.

On avait reçu lors du ravito une série de bidons de gasoil, qu’on avait roulé jusqu’au générateur et pendant que les couillons faisaient un rodéo sous les ordres de Kris, Tito et moi activions la pompe pour remplir la cuve.

Encore une fois une activité peu physique et prenant peu de temps réel. Il suffisait de dévisser le bouchon – fallait pas mal de force, vu qu’on pouvait pas arroser les paysans avec un bidon mal fermé –, glisser la pompe et son tuyau par l’orifice, amorcer à la main et ensuite appuyer sur le bouton du moteur et écouter jusqu’au moment où on entendrait l’air se faire aspirer par la pompe. Et rebelote avec le bidon d’après.

Erk, avec l’aide de Frisé, avait trimballé son paquet dans sa piaule et s’était enfermé. Quand il a émergé le soir, il était tout détendu, heureux et il avait de la glaise sur le nez, le front et sous les ongles.

Bon, donc, dans son colis, y avait de la terre glaise. Il en faisait quoi ?

On a eu la réponse trois jours plus tard. Avec une seule main et l’aide silencieuse de Cook, il a dégagé une étagère au mess. Faut dire que le mess étant aussi le « living room » de la Compagnie, y a une bibliothèque avec des vrais bouquins, des magazines, des jeux de cartes, de plateau, des trucs, des fois… On va dire des souvenirs.

J’étais tranquillement assis à une table en train de tenter de lire mon bouquin d’heroic-fantasy – ouais, toujours le même –, quand Cook et Erk ont commencé à poser des choses qui sortaient du four. Sur l’étagère est apparue une petite maison à trois murs. Bon. Ça m’évoquait vaguement quelque chose. C’est quand sont apparus un bœuf et un âne que j’ai compris. Je me suis approché.

- Dis-moi, le Viking, je croyais que les Islandais étaient chrétiens ascendant protestants…

- Et ?

- Eh bien, si mes souvenirs sont bons, vous n’êtes pas très crèche…

- Tu as plus ou moins raison. Ça dépend. Mais ici, c’est une tradition de la Légion, dit-il en déposant devant les deux animaux couchés un homme et une femme, Joseph et Marie.

Les santons – parce que c’est bien de ça qu’il s’agissait – faisaient 5 cm de haut et n’étaient pas peints. Comme les détails étaient très fins, c’était facile de voir qui était qui. Mais le géant avait pris des libertés avec les santons traditionnels.

Par exemple, j’ai vu une femme en treillis, avec une mèche qui tombe à moitié sur des Aviator, mais avec une crosse de berger. Lin. La symbolique n’était pas subtile. Elle était accompagnée de deux chiens. Bon, quand j’ai vu Doc en montreur d’ours avec Nounou comme ours, ou quand j’ai vu Kris en ravi, j’ai supposé que les autres seraient les moutons. Je me suis gouré mais bon…

Il avait mis Cook en gardian sur un cheval et Ketchup en arlésienne – en croupe –, Moutarde en marchande d’ail, le Gros en petit vieux au fagot de bois… Avec de l’alu il avait fait un étang et au bord posé JD en pêcheur. Au fur et à mesure qu’il les prenait sur la plaque et les déposait sur l’étagère, je reconnaissais chacun d’entre nous. Certains étaient identifiables aux personnages classiques des crèches provençales, d’autres non. Mais je dois avouer que Tito en rémouleur, avec sa meule et un grand couteau à la main, ça m’a bien fait marrer.

Ensuite Ketchup est venue avec une saupoudreuse et la neige – de la farine – s’est mise à tomber sur les santons. Je me suis senti tout bizarre, comme si on me comprimait le cœur. Des souvenirs d’enfance qui remontaient à la surface, des odeurs de cannelle, de bougie chaude, le goût du chocolat chaud et de la brioche d’après la messe de minuit. J’ai dû laisser échapper quelque chose, parce que l’instant d’après j’avais la main du Viking sur l’épaule. Et ses yeux dans les miens.

- Cook, tu pourrais nous faire du chocolat chaud ? il a demandé puis il m’a conduit vers une des tables et on s’est assis.

- J’avais oublié…

- Oui, dans notre métier, c’est difficile de garder trace du temps qui passe. C’est une des traditions de la Légion que j’ai beaucoup aimé, cette crèche. On faisait des concours, entre unités, tu sais.

- Et tu faisais toi-même les santons ?

- Oui, la Nativité était toujours présente : Jésus, Marie, Joseph. Ensuite, les gars représentaient ce que leur unité avait vécu dans l’année. T’imagine bien le sujet après la Russie…

- Ouais… Erk, tu sais que dans la Compagnie, y a un peu de tout, comme religions ou philosophies.

- Je m’en doute. Mais tu vois, s’il y a bien une fête commune à tous, c’est bien celle-là. C’est une fête romaine, celte, viking… la victoire du Soleil sur la Nuit, de la Lumière sur les Ténèbres. Sol Invictus. Récupérée par l’Eglise Catholique, c’est devenu une fête de la famille. La Légion, pour beaucoup, représente une sorte de famille. Et, avec Lin et Kris, on s’est dit qu’on en ferait une tradition de la Compagnie. Le 24 décembre, on fait la fête, tous ensemble. On boit, on danse, on chante, on s’amuse et, si on veut, on se fait des cadeaux. Pas d’obligation. Le 25, on ira au village, on distribuera des douceurs et des trucs utiles, on partagera du jus de pomme chaud et épicé et je distribuerai des petits cadeaux aux mômes. Ma prochaine fournée.

- Qu’est-ce que tu vas faire ?

- Oh, des animaux. Sauvages ou domestiques…

- Un ou deux tigres ? j’ai demandé avec un sourire en coin.

- Ça se pourrait bien.

- Tu sais que tu es doué avec tes mains, j’ai dit sans trop réfléchir, mais je dois avouer que j’avais été surpris par la délicatesse et la finesse des santons.

- C’est ce que m’ont toujours dit mes petites copines.

Pouf ! J’ai rougi, le vrai homard !

- Mais je te remercie du compliment, mon pote.

- Tu réponds toujours à un compliment par une connerie, Erk ?

- Plains-toi à Kris, c’est de sa faute.

- Ah ouais ? a demandé le Kris en question, qui rentrait en apportant avec lui comme une odeur de gasoil.

Grand sourire du Viking.

- Il reste du chocolat chaud ? Ça commence à cailler, dehors…

- Demande à Cook, frangin et viens donc nous rejoindre.

Sa tasse en main, le p’tit frère est venu s’asseoir en face du grand.

- Bon, a demandé Erk, ces bécanes ?

- Toutes testées. Il y en a une dont le moteur déconne un peu, je vais demander à Jo d’y jeter un œil. Et puis, on va réfléchir à une civière, pour ramener un blessé rapidement.

- Bonne idée. Je pourrais tester, tiens, vu que je suis le plus lourd.

- C’était prévu, étant donné que c’est surtout pour toi qu’on l'a fait.

- Mais… Prévu ? Comment ?

- Erik, tu le fais exprès ?

Silence du géant, soupir du petit frère.

- Malgré le fait que tu devrais mettre ton Don merveilleux à l’abri pour pouvoir soigner les autres, tu es généralement le premier à foncer prendre des coups. Et tu en as les traces sur tout le corps… On parle de la Sibérie ? De Milan ? De la Guyane ? En remontant, on peut aussi parler de l’élingue du Varda

Le géant a plongé le regard dans sa mug, pensif.

- Dis-moi que j’ai tort, Eiríkur. Ou dis-moi que tu ne le feras plus. Même si je sais que tu ne pourras pas t’en empêcher.

Erk s’est assombri, tête toujours baissée il a détourné le regard. Ses émotions, toutes sombres, étaient inscrites sur son si beau visage. Kris, très doucement, très tendrement, a tendu le bras et caressé la joue de son frère, essuyant du pouce une larme que je n’avais pas vue. J’ai vu le géant accepter la caresse d’un homme pour la première fois. Je pense qu’ils m’avaient oublié.

Kris a glissé sa main sous le menton de son frangin et lui a relevé la tête.

- Bróðir, je ne te demande pas de changer. Jamais. Tu es comme tu es, toujours à servir de bouclier aux autres, prêt à t’épuiser pour les soigner. Ça fait partie de ce que j’aime chez mon grand frère. Sois juste un peu plus réaliste, des fois. J’adore cette innocence que tu n’as pas perdue, mais j’ai besoin que tu sois pragmatique, par moments. Tu veux bien essayer ?

Le Viking n’a pas bougé puis il a hoché la tête, relevant le regard vers son frère. Il y avait encore une larme au coin de son œil bleu. Il a dégluti. Kris lui a souri, un sourire tout doux, tout tendre. Erk a essayé de lui rendre mais apparemment il avait la gorge serrée, encore. La remarque de Kris n’était pas, enfin à mon avis, si chargée. A moins qu’elle n’ait rappelé au géant ce qu’il avait enduré et qui l’avait marqué physiquement…

- Tu me passerais un mouchoir, Kris ? a demandé Erk d’une voix rauque.

- Je croyais que tu en avais dans ta poche…

- Mauvaise poche, a grommelé Erk qui avait toujours le bras gauche en écharpe et était un peu limité dans ses mouvements.

Kris a souri, il a fouillé dans ses poches à lui et lui a tendu un mouchoir en batiste très fine. Propre et plié. Blanc. Avec de la dentelle. J’ai écarquillé les yeux. Erk aussi. Puis une petite lueur s’est allumée dans l’œil bleu bourrache.

- Tu t’es trompé, ça, c’est ta petite culotte.

Kris en est resté comme deux ronds de flanc. Puis, le visage redevenu inexpressif :

- Non, c’est la tienne. Tu sais bien que je me la joue commando, moi.

J’ai pas pu me retenir et j’ai essayé – et pas réussi – d’étouffer mon rire mais j’ai failli m’étrangler. Erk m’a tapoté le dos en rigolant à son tour, rejoint par Kris. Dans sa cuisine, Cook a secoué la tête, un sourire aux lèvres.

- J’ai vu que tu as fait la crèche, mon grand. Tu as mis Lin en Marie et lui – en me montrant – en Joseph ?

- Pas très subtil. Mais non, Lin en Marie, plus jamais !

J’étais dévoré de curiosité, mais faut dire aussi qu’ils ont eu des vies vachement intéressantes ces deux… ces trois-là !

- Regarde-le, Erik…

Les deux frères se sont tournés vers moi et j’ai tout à coup trouvé que le fond de ma tasse était vachement fascinant.

- Plus curieux qu’un chat, celui-là.

J’ai rougi, alors que je me remettais à peine de l’échange fraternel.

- Tu sauras peut-être un jour, mon pote, mais tu dois pouvoir deviner.

- Oh, je devine que ça lui a pas plus. C’est sa façon de gérer qui m’intéresse.

- Ah. Elle a pris Marie et l’a soi-disant laissée tomber par maladresse. Devant le commandant.

- Ah. Lin, maladroite ? C’est une première…

- Après, elle m’a dit, toujours en présence du commandant, que si je recommençais, elle me fesserait en public, comme quand j’étais petit. Ils ont donc tous appris qu’elle avait été notre baby-sitter…

- Alors c’est comme ça qu’elle te fait obéir, Erk ?

Et j’ai réalisé que j’aurais mieux fait de fermer mon clapet. Il m’a regardé d’un air bizarre alors j’ai replongé dans ma tasse, histoire de me faire oublier.

- J’ai eu une seule fessée. Kris aussi. Une tape sur la couche. Pour une colère. Après, elle a juste eu besoin de menacer. Heureusement pour nous trois, quand on a eu cinq, six ans elle est partie en Allemagne faire ses études en chimie puis a intégré la Légion un peu plus tard.

- Elle est chimiste ? j’ai demandé, surpris.

- Oui, c’est sa formation de base. C’est comme ça qu’elle peut synthétiser pour nous ce que Kris appelle la morphine maison. A partir de suc de pavot bio et avec le moins d’étapes et de produits annexes possibles. Pas aussi efficace que le truc légal, mais mieux que rien. Et pas addictif comme l’opium.

- Toujours votre allergie ?

- Ouais.

Et, inexplicablement, il a piqué un fard. Kris a rigolé bizarrement, un mélange de gloussement idiot et de ricanement.

Erk l’a regardé de travers. Mais, ce jour-là, je n’ai pas appris pourquoi il avait rougi. J’avais eu mon quota de confidences, je suppose.

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