LVI

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Les R&R sont rentrés chez eux, on avait tous passés un très bon moment. Bon, je vous disais qu’on commençait nos journées tôt, mais ce matin-là, certains avaient du mal à ouvrir un œil, sans parler des deux.

On savait qu’on avait encore une journée de tranquillité – ou presque – avant de repartir en patrouille. En fait, ce jour-là, on devait vérifier notre équipement, sélectionner nos rations, s’assurer qu’on avait assez de munitions, d’eau, de fringues pour se changer un peu. On emportait généralement sous-vêtements et chaussettes et un ou deux teeshirts, tout simplement parce que si on pue un peu, un bon chien peut nous suivre à la trace, ce qui peut-être sacrément dangereux.

Au mess, parce que le bureau de Lin est vraiment trop petit – et puis le Gros l’occupait à préparer la liste de courses de la semaine et il semblait y avoir quelques objets un peu difficiles à obtenir. Entre le PC Ops et le bureau de Lin, qui sont séparés par l’armurerie toujours fermée avec un code, connu des officiers et sous-officiers et je me suis encore perdu en chemin…

Bon. Je vous disais au tout début qu’on n’utilisait Internet que rarement. Ce n’est pas uniquement pour éviter la détection et le hacking, même si ça y participe. C’est aussi parce que notre connexion au Web se fait par satellite et que ça coûte drôlement cher. Nos smartphones persos, s’ils n’avaient pas été trafiqués par Jo, auraient pu tenter de se connecter à la 7G, ce qu’il y a de plus moderne par ici, sachant qu’en Europe, Chine, Russie, ils en sont à la 9G et planchent sur sa suite, pas la 10G mais la 12G. Parce que oui, bizarrement, on saute deux générations. C’est trop, il n’y a plus rien qui demande autant de capacité que la vidéo en streaming de l’époque glorieuse de la 5G, il y a un siècle. Même les jeux vidéos se satisfont de la 7G, même la réalité virtuelle s’en contente. Mais non, faut toujours plus, toujours plus. Finalement, y a pas beaucoup de choses qui ont changé…

Bon, je me suis encore perdu. Je ne me souvenais pas être aussi brouillon en disserte au Bac, moi. Ah, c’est vrai, mon Bac, je ne l’ai pas passé, moi, puisqu’à l’âge où mes camarades de classe le passaient, moi je faisais le con sous les drapeaux au 1er régiment d’Infanterie à Sarrebourg, payant ma blague potache à Balard. Pendant que mes camarades passaient un Bac général option Sciences ou Géopolitique, moi je passais un Bac pro option parcours du combattant, marches forcées et coups de pied au cul.

Et voilà, je me suis encore égaré. Putain ! Je pars du bureau de Lin et j’arrive à mon pas-Bac ! Et je ne peux même pas accuser les Islandais de m’avoir mis la tête à l’envers, ils étaient au mess en train de préparer les patrouilles.

BREF.

Donc, entre le bureau de Lin et le PC Ops, on a tendu un câble Ethernet entre les deux pièces, passant au ras du plafond. Y a donc un ordi portable dans le bureau de Lin, une box satellite au PC Ops, reliée à la radio, et c’est de cet ordi que le Gros passe ses commandes de matériels et ses coups de fils – la VoIP, c’est top, et ça fait plus de cent ans que ça existe – en pétard pour obtenir la livraison dudit matos. Et comme son bureau est petit, et qu’il était en train de râler comme un pou et d’agonir d’injures, mettant en doute sa filiation, le type d’en face, les officiers et sous-offs avaient préféré s’exiler au mess, nettement plus silencieux, même si Dio s’est levé à un moment pour aller fermer la porte du bureau.

On avait fait appel à moi pour jouer avec la table holographique, j’avais chargé une carte du coin. Quand il aurait fini de houspiller le type à l’intendance et fini d’insulter son lignage et la pilosité de ses ancêtres – un rapport avec les chimpanzés, me sembla-t-il –, le Gros viendrait faire de la saisie dans la carte pour mettre à jour les titres de propriété des divers champs de pavots. Quand les Talibans avaient pris le pouvoir dans les années 1990, ils avaient quasiment éradiqué la culture de cette plante dont le suc permet la fabrication de l’opium, de la morphine et de l’héroïne. L’intervention américaine avait fait refleurir (!) cette culture et malgré quelques tentatives de retour au pouvoir des Talibans, elle était restée. Alors, vous me direz, c’est bien d’éradiquer le pavot. Oui, c’est sûr. Mais relisez donc vos livres d’histoires et vous verrez qu’entre les deux maux qu’étaient islamisme (intolérance religieuse, « guerre sainte », sacrifice des unes et des autres) et opiomanie, finalement, l’opiomanie était la moins meurtrière puisqu’elle ne tuait que son adepte… Bon, en réalité, c’était quand même pas terrible…

On utilisait la carte, ce jour-là, pour préparer le plan de route des patrouilles à moto et en Land, puisqu’à pied, même si, en poussant bien, on peut atteindre les 80km par jour, on est quand même limités en territoire parcouru.

Donc, nous, on allait faire nos patrouilles habituelles, en essayant de tirer un peu plus vers le nord. Frisé et Mac et Dio, eux, allaient devoir partir l’un vers le sud et l’autre vers l’est. On laissait l’ouest en suspens pour l’instant, étant le territoire du Vioque.

Pendant le briefing, Kris, d’un seul coup, est devenu blanc. Blanc comme nos draps de lit et raide comme un piquet. Lin et Erk ont reconnu les symptômes. Erk l’a soutenu pendant que Lin lui tapotait les joues.

- Kris ? Kris, réponds frangin.
- Kris, a demandé Lin, c’est quoi, c’est qui, quand ? Réponds, Kristleifur.

Son prénom entier l’a fait sursauter, il s’est repris, s’est passé une main sur le visage.

- Rien de… Ecoutez, ça n’est pas dangereux pour la Compagnie. J’y vais, mais continuez sans moi.
- Kris !
- Je te promets, Lin, je peux régler ça tout seul, sans problème.

Il s’était retourné en sortant, descendant les marches dans la cour sans se casser la gueule. On l’a vu partir en courant, parce qu’on l’a un peu suivi, sauter par-dessus la barbacane, et disparaître vers l’hélipad.

Les deux Islandais restant se sont regardés, surpris, puis Erk a haussé les épaules et s’est replongé dans la préparation des patrouilles motorisées. Parce que, même si la sienne est à pied, il est l’un des trois officiers supérieurs combattants de la Compagnie et il participe donc à son commandement.

Kris s’est repointé à l’heure du déjeuner, Erk s’est foutu de sa gueule en disant que c’était son estomac qui le dirigeait, Kris n’a pas daigné répondre. Le géant l’a regardé d’un air un peu soucieux. Après le déjeuner, où il était presque aussi silencieux que mon p’tit pote qui venait de réapparaître lui aussi, Kris a fait un signe de tête à Lin qui m’a attrapé par la manche et on s’est enfermés tous les trois dans sa chambre.

Kris n’a pas eu l’air ravi de me voir mais Lin a dit quelques mots en Islandais et il a cédé.

- Tu as raison, Lin. Bon, Tudic (ça, c’est bizarre, d’habitude, c’est mon surnom de mercenaire, pas celui que me donne Tito), si je suis parti tout à l’heure, et si tu es là, c’est parce que Tito prévoyait de se suicider.
- Quoi ?!

Je me suis levé d’un bond, le cœur battant à 200 à l’heure. Kris m’a pris par les épaules, très gentiment.

- Il va bien, je suis arrivé à temps.
- Raconte, s’il te plait, Kris, a demandé Lin.
- Bien. Mon… épisode de tout à l’heure, c’était mon Don de prescience qui se manifestait, comme tu le sais, Lin. J’ai eu le flash avec assez d’avance pour me dépêtrer de mon adorable grand frère et pour courir jusqu’à la vigie Beta, où Tito s’était caché. Je suis arrivé juste à temps pour choper le couteau avec lequel il avait l’intention de s’ouvrir les veines.

J’ai ouvert la bouche, inquiet pour Tito. Kris m’a relâché.

- Je suis arrivé à temps, Tudic. J’ai longuement parlé avec lui, et apparemment son amour à sens unique pour Erik était devenu difficilement supportable. Mais il y avait autre chose aussi. Tito… Depuis que nous sommes arrivés et que chacun ou presque peut trouver un peu plus que de l’amitié, Tito est désespérément amoureux d’Erik et terriblement seul. Il m’a ouvert son cœur, on a parlé parfois crument, mais j’ai compris que ce n’est pas uniquement cette attirance qui l’épuise. Je… je l’ai… réconforté.

Il a dit ça avec un petit sourire en coin et en rougissant légèrement quand Lin a eu son propre sourire en coin. Je les ai regardés un instant puis, fiat lux, j’ai compris.

- Oh, j’ai dit, c’est pour ça qu’il avait l’air détendu à midi… Tu es… ?
- Oui, et oui. Bi. Mais ce… réconfort n’est pas ce qu’il lui faut. Ça n’est pas suffisant parce que c’est purement physique et que ton pote a besoin de tendresse et d’amour, surtout. Et que si je peux lui donner de la tendresse, l’autre, je ne peux pas sinon ce serait un mensonge.
- A cause de ton frère ?

Il a hoché la tête, j’ai réfléchi un moment sur ce besoin de Tito de contact humain, de tendresse et de caresses, que moi non plus je ne peux pas lui donner. Je suis aussi hétéro que le Viking, et je tiens à mon amitié avec le petit Albanais, et… Non, vraiment, je ne me vois pas faire ce que Kris a fait pour le… réconforter.

L’atmosphère devenait un peu lourde, alors j’ai opté pour la légèreté.

- Oui tu as raison, j’ai répondu, il lui faut une distraction. Bon, Lin, tu l’as écrite, ta petite annonce ?
- Petite annonce ? a demandé Kris, surpris du coq à l’âne apparent.
- Oui, Lin a répondu, tu sais, Compagnie de mercenaires…
- Oh. Et tu as pensé à rajouter « hétéros s’abstenir » ? Lin, c’est pas sérieux, ça !
- Non, elle n’est pas écrite, et je ne vais pas commencer à recruter par quota, merde ! On a déjà assez souffert au siècle dernier de ces embauches soi-disant non-discriminantes, où on se faisait embaucher parce qu’on était comme ci, ou comme ça, et non parce qu’on était compétent. Non, je vais faire passer le mot en France et à Kaboul et aux alentours et, qui sait, on aura peut-être de la chance. Je vais mettre Karl dans le coup, aussi.
- Ouais, a fait Kris, pensif. On n’est pas à l’abri d’un coup de bol. Mais pourquoi Kaboul et les alentours ?
- On manque cruellement d’effectifs. Dès que j’ai deux hommes à terre dans une patrouille, c’est toute la patrouille qui reste bloquée. Et avec la propension de ton frère à foncer tête baissée vers le danger… Kaboul, c’est le plus rapide, peu de temps de transfert. Si on n’a pas de retour rapide, ou pas de chance, je passerais par l’ONU.
- Quand je pense qu’il va falloir recommencer à trouver les bonnes synergies… Bon, très bien, embauchons puisque tu y tiens. Erik et moi aurons notre mot à dire, j’espère ? Pas comme avec Kitty ?
- Ça s’est plutôt bien fini, avec Kitty, non ? a demandé Lin.
- Je n’en suis pas si sûr, tu vois. Entre le dos d’Erik…
- Qu’a-t-il, le dos d’Erik ? a interrompu Lin, un peu inquiète.
- Rien, il va bien. Mais faut avouer que c’était impressionnant.
- Il faut avouer que ton frère est impressionnant, Kris, a assené Lin, d’une voix encore un peu tendue. Mais donc rien de grave, non ?

Kris l’a regardée et a commencé à compter sur ses doigts :

- Kaymani détruit…
- Une bonne chose, je trouve. C’est sûr que j’aurais préféré les recruter tous.
- Karl en franc-tireur…
- J’en avais besoin.
- Je ne lui fais pas confiance, Lin.
- Moi non plus, c’est pour ça qu’il est loin de nous. Tout ce qui le retient chez nous, qui l’amène à se comporter décemment et à m’obéir, c’est Cassandra.
- Ce qui m’amène au dernier point : une adorable morpionne de six ans à gérer… ça fait beaucoup.
- Sur ce point, Cook et Ketchup… Tugdual, tu peux aller me les chercher, avec Kitty ?

J’ai filé au mess récupérer les cuistots et j’ai demandé à Mike, de permanence radio, d’envoyer Kitty dans la chambre du Capitaine. Comme la chambre était trop petite, on est allés dans celle des frangins. J’ai retenu Kris avant de suivre la bande.

- Kris, c’est à cause de Joseph que tu n’as pas fait appel à Erk ?

Il a hoché la tête. Oui, demander à Erk de venir soigner Tito après sa tentative, ç’aurait été rappeler au Viking qu’une autre personne avait déjà voulu mettre fin à ses jours à cause de lui et ça, le gentil géant de notre Compagnie avait bien du mal à le supporter.

On s’est installés dans la chambre des frangins, assis par terre, sur les petits tapis colorés que les deux frères avaient disposés un peu partout. J’ai remarqué, en descente de lit de Kris, un magnifique tapis de prière persan, représentant un arbre de vie dans les tons de bleu, une vraie splendeur. Il y avait son pendant en rouge près du lit d’Erk. Partout ailleurs, des kilims rouges et bleus, tous de petite taille. Donc, quand on s’est assis au sol, on avait les fesses au chaud.

- Kitty, si tu es là avec Cook et Ketchup, c’est parce qu’ils ont… une proposition à te faire. Et je vais les laisser s’exprimer.

Mari et femme se sont regardés puis Ketchup a pris la parole. Ketchup est une belle rousse à la peau mate et aux yeux bleu-verts en amande. Je me demande si elle n’a pas du sang berbère ou kabyle.

- Kitty, on s’est attachés à ta sœur et le contraire est vrai. On voudrait la mettre à l’abri, dans une école en France ou en Suisse. Lin s’est proposée pour la sponsoriser, mais il lui faut des parents. Et … on se propose de l’adopter, si tu es d’accord. On peut t’adopter aussi, si tu veux.

Kitty a ouvert de grands yeux et une grande bouche, prise par surprise. Pendant un moment, ouvrant et fermant la bouche parce qu’elle ne trouvait pas ses mots, elle a eu l’air d’un poisson rouge. Puis…

- Vraiment ? Toutes les deux ?
- Oui, toutes les deux.

Le sourire de Kitty valait tout l’or du monde.

- Alors, oui, mille fois oui ! a-t-elle répondu en se jetant dans leurs bras, les larmes aux yeux.

Si son rire de joie était un peu nerveux, c’était plutôt normal et personne n’a fait de réflexion. J’ai tendu la main à Lin, elle l’a prise et l’a serrée. Voici un problème résolu.

Ce moment si fort en émotions diverses et variées a été interrompu par Erk, qui, une fois ses plans de route établis, avait décidé qu’une petite sieste s’imposait. J’sais pas pourquoi, il a eu l’air surpris de nous voir là. On s’est levés, on s’est séparés et Lin a dit qu’elle préparerait les papiers d’adoption. Erk a levé un sourcil interrogateur, Kris lui a dit qu’il lui expliquerait.

Moi, je suis allé voir Tito.

Il était à l’armurerie, en train de vérifier les EMA 7 qu’on emporterait avec nous. On avait enfin reçu celui d’Erk, commandé spécialement pour lui car les nôtres, qui convenaient à presque toutes les tailles, étaient vraiment trop petits pour lui. Le flingue n’ayant jamais servi, Tito l’a entièrement démonté, a vérifié soigneusement la propreté de chaque pièce, l’a remonté en le graissant au fur et à mesure. Il a visé le mur du fond, a appuyé sur la queue de détente, déclenchant un tir à vide et le claquement de la culasse était plutôt satisfaisant. Il a mis un casque anti-bruit, a pris une cartouche à blanc (juste de la poudre et un disque de carton très fin), l’a insérée dans un chargeur vide et a tiré sur le mur, en faisant très attention aux possibilités de gaz d’échappement brûlants. Il a hoché la tête, satisfait, a démonté les pièces qui avaient été touchées par la poudre ou le carton, les a nettoyées puis remonté l’arme. J’étais resté près de la porte, fermée. La porte de l’armurerie est blindée et isolée phoniquement, et la sous-charge de la munition à blanc avait juste fait un gros bruit, qui avait à peine dû traverser la porte fermée.

Pendant qu’il remontait l’EMA 7 du géant, j’ai rouvert la porte pour faire sortir l’odeur de la cordite, j’ai sorti les boîtes de munitions et les chargeurs vides, me suis assis à la table, et j’ai commencé à les remplir, balle après balle. On n’est pas riches, on évite de jeter les chargeurs vides. Ça fait désordre. Bon, on reçoit aussi les munitions déjà dans les chargeurs, mais on les garde pour les urgences. Quand on a le temps, on vérifie les chargeurs vides et ceux qui sont encore en parfait état sont remplis à la main.

Au bout d’un moment, quand il a été habitué à ma présence silencieuse, et après avoir fini ses vérifications, il s’est assis à côté de moi sur le banc pour remplir lui aussi les chargeurs. J’ai attendu que la monotonie de la tâche le mette dans un état proche de la méditation, et j’ai ouvert la bouche.

- Tito, il va falloir qu’on parle, tous les deux, j’ai dit en mettant une main dans son dos, à le toucher.

Il a eu la réaction à laquelle je m’attendais. Il s’est figé puis s’est levé pour se tirer. Je n’ai eu qu’à fermer les doigts sur sa ceinture pour le retenir de force, me levant à moitié pour passer une jambe par-dessus le banc. Et comme il se débattait, je l’ai attiré contre moi, lui ai croisé les bras et chopé ses deux poignets pour l’immobiliser. Il restait ses jambes, mais à califourchon sur le banc comme il l’était, il était gêné pour s’en servir. Je l’ai bloqué contre moi, son dos contre mon torse, serrant de toutes mes forces et content de peser 20kg de plus que lui et de lui rendre presque 30cm.

- Shh, Tito, shh… calme-toi, mon grand, tu veux. Calme-toi, je veux juste parler. Je veux comprendre, bonhomme. Pourquoi ? Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ?

Il s’est immobilisé, il a cessé de se débattre. Il a poussé un gros soupir.

- Je… Je suis désolé, Tudic. J’avais tellement mal que… je n’arrivais plus à vraiment réfléchir.

Il s’est appuyé sur moi, alors j’ai desserré ma prise et l’ai transformée en étreinte de camarade.

- Kris nous en a parlé, Tito. Tu imagines dans quel état j’étais, mon grand ? Si tu… si tu… Putain, Tito !

Il s’est un peu tourné dans mes bras, m’a regardé et il y avait de grosses larmes qui coulaient sur ses joues.

- Oh, bonhomme…

J’ai compris qu’il savait ce que je voulais dire, qu’il savait à quel point j’aurais été dévasté s’il était allé au bout de son geste. Je ne savais pas si Kris lui avait parlé de Joseph, et j’espérais que non. Il s’est tortillé dans mes bras, passant une jambe par-dessus le banc, je l’ai laissé faire et j’ai senti ses bras autour de ma taille. C’est comme un petit frère, Tito, je l’aime et je ne veux pas qu’il aille mal. Il se complique la vie avec ses amours, mais je veux lui apporter mon amitié, mon soutien…

- Parle-moi de Kris, Tito, je lui ai demandé, voulant lui changer les idées.
- Il… m’a donné le soulagement et la tendresse dont j’avais besoin, mais ce n’était pas ce que je voulais.
- Ça, je m’en doute un peu, Tito. Est-ce que tu te sens mieux ?
- Oui, Kris est un gentleman, il s’est assuré que…

Il a rougi, c’était trop mignon.

- C’était bien ?

J’avais un grand sourire taquin en disant ça et il n’a pas répondu, il a juste enfoui son visage dans mon teeshirt en rougissant encore plus. Puis, il a hoché la tête contre mon épaule.

- Alors tout va bien, non ?

Là encore, il a hoché la tête contre mon épaule. Il s’est détendu, s’est redressé un peu.

- C’était extraordinaire.

Il avait un sourire un peu idiot sur son visage et je me suis bien gardé de le relever, le laissant planer encore un peu.

- Kris m’a fait jurer de venir le voir avant de penser à… recommencer.
- Tu le feras, n’est-ce pas, Tito ?
- Oui, Tudic, c’est promis.
- C’est bien, j’ai dit en resserrant mon étreinte de camarade.

On est restés un moment comme ça puis Baby Jane est passée devant l’armurerie, a regardé à l’intérieur et est entrée. Elle souriait, un gentil sourire, comme si elle avait une idée de la raison pour laquelle je faisais un câlin à Tito. Tout le monde est au courant de ses préférences sexuelles et de notre amitié.

- Alors, les gars, vous avez fini de charger ?

Comme on répondait non, elle s’est installée en face de nous, on s’est séparés et on a repris notre tâche un peu barbante.

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