Allégorie de Thanatos

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Après un cri strident porté jusqu'à la position des barbares, il avait demandé à son cheval de prendre le galop. Les sabots de son destrier avaient buriné la terre meuble. Il ne faisait qu'un avec sa monture qui avançait contre l'ennemi. Dans le cyclone infernal des bruits de métal qui se rapprochait, Pyrrhus jetait désespérément son tranchant au hasard sur les nombreuses cibles floues et mouvantes qui l'entouraient. Durant la bataille, plusieurs coups d'oeil rapide lui permirent de s'apercevoir de la diminution dramatique de ses troupes. Ses hommes tombaient par centaines. Bientôt, il ne voyait plus aucune couleur symbolisant son camp. Les corps ensevelis, plein de boue, de ses compagnons jonchaient le sol. Dans un élan de fierté, il parvint à se dégager des combattants pour rejoindre la forêt qu'il voyait à une cinquantaine de mètres. Arrivé à la clairière, le terrain vallonné l'obligea à descendre de son cheval. Les assaillants ne tarderaient pas à le rejoindre. Seul, il continua à marcher au milieu de la forêt. Il vit une petite colline et en entama l'ascension.

Il marchait doucement, sa lame vers l'avant, prêt à en découdre avec un ennemi qu'il savait proche. Il pensait que les dieux étaient avec lui. Il pensait avoir trouvé une échappatoire, mais sa respiration exhalait le doute. Soudain, des dizaines de soldats apparurent depuis le sommet de la butte arborée. Totalement seul, il se prépara au combat. Il ne pourrait pas tous les éliminer. Avec la rage du désespoir, le sentiment héroïque d'un dernier haut fait, il élimina quelques hommes. Puis, comme une délivrance, il sentit une lame transpercer son abdomen.

A présent, étendu dans une mare de sang, il se disait-il que les combats les plus héroïques étaient ceux que l'on perdait. Dans le silence, la pluie froide nettoyait le champ de bataille. Elle matraquait son visage stoïque. Sa main tenait fermement, pour quelques instants encore, le manche de son glaive. Avec la vie qui le quittait, disparaissait la loyauté qu'il éprouvait à l'égard de son roi. Il regrettait les vains sacrifices qu'il avait accepté pour une cause inutile. Par ce dernier combat, il avait appris une vérité essentielle : on naissait seul et mourrait seul, tout le reste n'était qu'une longue et inutile parenthèse. Il parvint pourtant dans un dernier effort à ramener son glaive sur son coeur, avant de relâcher complètement l'étreinte de son âme à ce corps usé et meurtri.

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