Les années passèrent. Les saisons, les guerres, les gens. Mais elle restait.
Le banc tenait debout. Elle aussi.
Les fleurs poussaient puis fanaient à ses pieds. Des oiseaux venaient parfois, des souvenirs toujours.

Certains jeunes, par curiosité, venaient lui parler. Elle répondait poliment, mais avec un regard ailleurs.
Un regard qui cherchait…
Qui espérait.
Qui refusait d’oublier.

Un vieil homme du quartier l’observait parfois. Il lui apportait de la soupe en hiver.
— Tu devrais rester chez toi, Min-Seo. Il ne reviendra pas, tu sais.
Elle souriait doucement, presque comme une excuse.
— Je sais, mais… et s’il revenait juste un jour en retard ?

Puis un matin d’hiver, un silence plus lourd que d’habitude enveloppa le parc.
Min-Seo ne s’était pas levée. Elle était là, sur le banc, droite, les mains croisées.
Ses yeux fermés. Son parapluie fermé à ses pieds. Et un petit carnet sur ses genoux.

À l’intérieur, quelques mots :

Je n’ai jamais cessé de t’attendre.Si tu reviens, assieds-toi un peu. Le banc est encore chaud.

Depuis ce jour, certains disent qu’on entend parfois deux voix rire sous la pluie, là-bas.
Mais personne ne s’y assoit jamais longtemps.
Par respect pour ceux qui se sont aimés sans fin.