Épilogue

Une minute de lecture

La peau était d'un subtil rose pâle, les yeux pareils à des braseros rougeoyants. Le nez, fin et délicat, figurait le centre parfait d'un visage magnifiquement équilibré, sublimé par une bouche aux lèvres brillantes, rebondies. Les épaules nues, pareilles à de petits pains blancs, invitaient à ce qu'on les dévore de baisers brûlants. La perfection faite femme.

Pourtant, devant le grand miroir de sa chambre, son reflet renvoyait à Freyia une tout autre image : celle d'une horrible créature flétrie à la chair brune et aux orbites complètement vides.

Alors, sous les rayons de lumière asgardienne filtrée par les fenêtres, elle fit glisser ses longs doigts sur sa clavicule gauche. Il aurait été aisé de croire qu'il s'agissait là d'un geste cajoleur, destiné à chasser cette horrible vision, mais la déesse cherchait en réalité un objet qui avait déserté son cou depuis des âges. À la façon d'un membre fantôme, il donnait l'impression d'être toujours là, son contact encore frais contre la chair blanche.

Le collier des Brisingar, ces odieux nains-orfèvres, était le bijou le plus beau et précieux des neuf royaumes. On racontait que sa valeur, qui n'était pourtant ni magique ni guerrière, était telle qu'il n'existait aucun trésor suffisamment grand pour lui être substitué. Freyia l'avait cependant obtenu des mains consentantes et calleuses de leurs créateurs, après s'être donnée à eux une nuit entière malgré le dégoût qu'ils lui inspiraient. Elle l'avait ensuite porté mille ans avant de le perdre dans un pari avec Odin. Depuis, il ne se passait pas un jour sans qu'elle souffre cruellement de son absence. Pendant longtemps, elle avait bien résisté. À présent, le souvenir de son cher collier lui dévorait littéralement l'esprit.

Silencieusement, Freyia planta ses ongles profondément sous sa peau. Le sang coula pendant que son double monstrueux, dans le verre du miroir, était pris d'atroces convulsions. C'en était trop. Là, elle se jura de récupérer son bien : il fallait contraindre Odin à le lui rendre, peu importait le nombre de mondes qui devraient brûler pour cela.

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