enlevée
Le véhicule s’arrêta enfin et l’on m’en sortit rapidement. Le sac sur ma tête m’empêchait de voir où j’étais, et qui m’accompagnait. À en juger par les aspérités du sol sous mes pieds, je me trouvais sur une route de terre. Je comptais les pas, me concentrer sur le compte que je devais tenir m’évitais ainsi de me remettre à pleurer. Malgré tout, c’était plus fort que moi, je sentais déjà les larmes perler à mes yeux. Les mains de mes ravisseurs me poussaient vers l’avant, et me tiraient contre eux à chaque fois que je manquais de trébucher.
Rapidement, le sol changea d’aspect, et fut remplacé par une surface lisse et grinçante. Du parquet, je viens d’entrer dans une maison. On me fit tourner à plusieurs reprises, et enfin, je récupérais la vue. Mes mains, elles, restaient attachées dans mon dos.
Face à moi, se trouvait mon père. Mes yeux s’embuèrent de plus belle. Il était de retour. Vraisemblablement, il avait été libéré après avoir passé plusieurs années en prison. Ses hommes me lâchèrent et s’éclipsèrent, me laissant seule avec mon plus grand cauchemar. Il plaça une mèche de cheveux derrière mon oreille en me souriant avant de prendre la parole.
- Bonjour ma chérie. Ça fait longtemps, pas vrai ?
Je ne répondais rien. Je ne voulais pas lui laisser penser qu’il m’atteignait. Son sourire carnassier, parfumé d’alcool, me donnait la chair de poule et la nausée. Je le regardais me détailler de haut en bas, une main dans son dos l’autre toujours sur ma joue.
- Tu as bien changé. Tu es encore plus jolie que ta mère.
- Tais-toi. Dis-je en avalant ma salive.
- D’ailleurs, elle pensait vraiment qu’en déménageant, je ne te retrouverais pas ?
- Tu me dégoûtes.
Son sourire s’accentua un peu plus, et se mit à faner lorsque je crachai à ses pieds. Il m’attrapa par la gorge et me força à le regarder. Son visage s’approcha du mien, assez pour que son haleine de whisky vienne m’attaquer.
- Écoutes-moi bien. À partir de maintenant, tu es à moi. Tu vas faire ce que je te dis, et rester bien sage. Sans quoi, je serais obligé de sévir. Et ni toi, ni moi n’avons envie que j’en arrive là. N’est ce pas ?
- Crève la bouche ouverte espèce de porc. Personne ne te regrettera.
Sa poigne sur mon cou s’intensifia un court instant. Une douleur vive me piqua la joue gauche. Il venait de me donner une claque. Ce coup fut rapidement suivi de quelques autres, suffisamment pour que mon nez se met à saigner et que ma lèvre inférieure soit entaillée. Je restais au sol, crachant un mince filet de sang qui s’écoulait de la plaie ouverte sur ma bouche.
- Lana.
Je levais la tête. Un flash m’aveugla.
- Ta mère sera contente de voir que tu es en vie.
Il se pencha sur moi après avoir appuyé sur « envoyer », et m’attrapa par les cheveux.
- Habitue-toi à ce genre de traitement, ça n’est que le début. Tu verras, on va bien s’amuser tous ensemble.
Des hommes sortirent de l’ombre et nous rejoignirent.
Tous avaient le sourire de mon père.
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