Chapitre 2

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— Putain connard réveilles toi.

Une voix grave et lointaine. Ma tête me faisait affreusement mal. Une douleur me pinça subitement la côte alors que j’essayais d’inspirer.

Je tentais de bouger mes mains mais je les sentais attachées derrière mon dos.

— Mmmmh…

— Arrête de gémir. Ouvre les yeux.

J'ouvrais difficilement les yeux. Mon visage me faisait mal. J’essayais d’analyser mon environnement comme je le pouvais. Mon regard se portait d’abord sur mes cuisses, mon jean noir était tâché de ce que je supposais être du sang. Je levais difficilement la tête, une douleur lancinante me prenant. Autour de moi, une grande pièce plutôt insalubre sans fenêtre, un éclairage au néon, une porte à droite. Une porte à gauche. Il y avait tout de même un canapé, une télévision, un tapis, une minuscule cuisine ouverte … Ça ressemblait à un petit appartement mais glauque.

Je le voyais en face de moi. Namjoon. Assis sur une chaise. Son regard me glaçait le sang. Il était fermé, froid. D’habitude son visage était doux et il semblait toujours assez jovial. Je pouvais voir des griffures sur ses avant-bras. Il tenait ses mains jointes en l’air, les coudes sur ses genoux, son dos légèrement courbé en avant et il me fixait sans sourciller.

Posée à ses pieds, une batte. Je supposais que c’était avec ça que j’avais pris des coups.

Merde.

— Jungkook. Enfoiré. Je savais que t’allais me mettre des bâtons dans les roues à un moment ou un autre.

— Co-comment ça ? Ma voix était cassée. J’avais soif.

— Je sais pas ce que je vais faire de toi. Pour le moment je crois que tu vas rester là.

Il se levait. Il était soudainement agité.

— Putain mais pourquoi il a fallu qu’elle essaie de se barrer maintenant. Putain de porte de merde !

Il tournait en rond, il faisait les cents pas. Il hurlait soudainement comme un fou.

Je ne savais pas dans quel état j’étais, mais pas dans mon état normal, mon taux d’anxiété a atteint son paroxysme. Je ne comprenais pas ce que je faisais là, ni ce qu’il venait de se passer, depuis combien de temps d’ailleurs ? C’était irréel.

Et cette jeune femme. Et Jimin ?

Jimin !

— Jimin…

J’essayais de parler malgré ma voix rocailleuse.

— Quoi Jimin ?

Il me toisait avec un dédain perceptible. Il était debout et s’approchait de moi, se postant juste devant mes genoux. Il me forçait à lever la tête me provoquant une forte douleur dans la nuque. Il me regardait de haut, ça le rendait menaçant.

Merde, comment j’en étais arrivé là serieusement ?

— Il est où ?

Il appuyait son regard dans le mien. Je ne baissais pas la tête, je ne voulais pas flancher si facilement. Je connaissais le stress, je connaissais l’épuisement, je connaissais les mauvaises âmes.

Il tiquait, un sourire en coin en reculant dans la pièce.

— Il est rentré chez lui.

— Je te crois pas. J’avalais ma salive pour éclaircir ma voix.

— Il est rentré je te dis. Cet abruti n’a rien entendu, il tient pas l’alcool ton pote. Je lui ai dit que t’étais rentré et que tu l’avais laissé dormir.

Merde. C'était le genre de choses qu’on faisait souvent. Evidemment que Jimin y a cru.

— Et si t’es en train de me mentir ?

— Franchement j’ai autre chose à foutre là tu vois. Ton pote je m’en carre.

— Il va voir que je suis pas rentré chez moi.

— Jungkook, Jungkook, Jungkook ….

Il m'attrapait les cheveux et tirait brusquement ma tête en arrière. Je grimaçais. Mes lèvres étaient tiraillées, ses coups de poings au visage m’avaient fait saigner. Il serrait ses doigts contre ma mâchoire.

— Je te conseille de pas jouer au malin avec moi. Je sais qui tu es. Toi, tu vas rester ici.

Le choc. Je ne sais pas qui j’ai en face de moi, mais c’est mauvais signe. Une autre organisation ? Un fou solitaire ? J'ai compris à ce moment-là que je me retrouvais dans une situation vraiment compliquée.

— ...On est où ?

— Putain tu comprends pas ? Ferme là. Tu m’agaces. Il secouait ma tête et je gémissais de manière bruyante ; il le faisait exprès.

Mon pied se levait instinctivement pour essayer de le toucher. Il rigolait d’un rire jaune.

— Nan mais tu te crois où ?

Il sortait ensuite par une porte derrière moi. Elle avait l’air lourde, cette porte.

C’est à ce moment-là que j'ai réellement pris conscience de mes douleurs. Ma nuque, le haut de mon crâne, ma tempe droite surtout.

— Haaa….

Je gémissais assez fort. Mes poignets étaient fermement attachés derrière moi, j’essayais de bouger mais ça faisait trop mal. J’étendais mes jambes malgré tout, ça me soulageait un tout petit peu.

Je n’avais pas la notion du temps, j’attendais. J’essayais de ne penser à rien.

Après peu de temps, j’entendais de nouveau la porte s’ouvrir. Je me tendais. J’étais avachi sur ma chaise, douloureusement épuisé.

— Bois ça

Il me tendit un verre d’eau. Je le regardais méfiant.

— Bois ou je t'assomme.

Il dirigeait le verre à ma bouche. L’eau était transparente. Il força en me tenant encore la tête en arrière et le liquide coulait dans ma bouche puis dans ma gorge. Un affreux goût amer effleurait mes papilles. Il ne me laissait pas respirer, levait le verre et je fus obligé de tout boire d’une traite. Une partie coulait sur mon t-shirt. Je toussais difficilement.

— Bon garçon

Il me disait ça avec un sourire en coin. Il essayait de m’intimider, de m'infantiliser. Je suis écoeuré par ce comportement depuis le début de cette soirée qui ne cessait de tourner au cauchemar mais le goût amer dans ma bouche me paniquait davantage. Le Jopok le butera lui et son air de premier de la classe. Moi faut que je sorte de là.

— C’est quoi ?

— Rien mais tu vas bien dormir.

Il s’accroupit devant moi et me donna trois tapes sur la joue. Il se dirigea ensuite sur la chaise en face de moi, il s'asseya et croisa les bras en me regardant. En attendant quelque chose.

Je sentais ma tête tourner petit à petit, j’avais l’impression de sortir de mon corps. Mes membres me semblaient insensibles. Une envie de dormir me prenait, j’avais du mal à ne pas fermer les paupières. Je luttais, d’abord un peu… puis … je tombais dans un sommeil lourd.

Sans rêves.

Je sentais une main sur mon front. J’ouvrais les yeux légèrement. Puis je me suis souvenu.

Terreur.

Je me redressais d’un bond puis je poussais un cri de douleur. Je pouvais sentir qu’on m’avait allongé dans un lit et que mes liens avaient été détachés. J’avais mal, j’avais chaud. Je n’ai jamais été dans cet état et pourtant j’ai souvent fait des missions pour Jopok assez dangereuses. Je me sentais complètement perdu depuis que j’avais compris qu’il allait être difficile de m’enfuir et encore plus depuis qu’il m’a mis dans les vapes. Mais ce que je sais aussi, c’est que j’allais pas le laisser s’en sortir facilement.

— Attends s’il te plait, calme toi ! me disait une voix féminine.

Attendez. Je regardais autour de moi. J’étais dans une chambre assez petite, mais dans un lit très dur. Des néons au plafond, pas de fenêtres. Les murs étaient gris.

J’étais toujours en t-shirt noir avec mon pantalon cargo taché de sang. Je levais difficilement les yeux vers … cette jeune femme.

Elle était assise sur le bord du lit, à côté de moi, elle reculait un peu face à ma réaction impulsive. Elle avait les cheveux bruns coupés en un carré court avec quelques cheveux en frange qui lui tombaient sur les yeux. Elle avait de longs cils et des yeux verts. Assez déroutant pour une Coréenne. Un petit nez, une bouche plutôt pulpeuse. Elle était mince et assez petite. Mais elle avait une joue bleutées, ainsi que la mâchoire et une blessure à la tempe droite. Quel bâtard.

Depuis combien de temps suis-je ici déjà ?

Je n’avais pas remarqué que je la fixais toujours. Je devais avoir l’air perdu. Elle prenait alors la parole de sa voix douce mais incertaine.

— ...Je suis désolée, je voulais pas te faire peur, je voulais juste vérifier que ta température avait baissé.

Elle baissait la tête, elle avait fini sa phrase en chuchotant. Elle avait l’air si fragile. Je la regardais se lever et prendre une bouteille d’eau sur ce qui semblait être une sorte de table de nuit.

— Tiens bois de l’eau ça va te faire du bien, me disait-elle en me tendant la bouteille. Je suis désolée, je t’ai détaché et porté jusque là, c’était dur et j’ai du te faire mal, t’es tombé plusieurs fois. Mais il fallait que je t’allonge pour que tu ailles mieux.

J’avais soif. Ma nuque était un peu moins douloureuse qu’auparavant. L’eau me remettait un peu les idées en place. J’essayais de parler malgré ma forte fatigue. Je m'allongeais car je ne tenais plus vraiment en position assise et ma côte me faisait trop mal.

— Où on est ?

— Dans son sous-sol.

— Je dois sortir d’ici

— On ne peut pas sortir d’ici … Elle me regardait et je pouvais percevoir un début de larmes. Puis elle ajoutait :

— Bienvenue dans mon enfer.

J’avais beaucoup trop de questions. Sur elle, sur lui, sur toute cette situation, sur moi. Mon anxiété et ma colère revenaient en flèche. J’essayais d’établir un lien logique entre les évènements mais je n’y arrivais pas.

Par quoi je commence ?

Elle devait remarquer mon air grave et perplexe. Elle se rapprochait de moi et s’asseyait à côté de ma taille. Elle posait doucement sa main sur ma joue.

A cet instant, je ne savais pas que ce premier contact allait être le début d’une longue série. Que mon cœur et mon âme seraient liés à elle pour l’éternité.

— Tu devrais d’abord te reposer, tu dois guérir de tes blessures.

— Juste … depuis combien de temps je suis là ?

— Tu es arrivé dans la nuit de samedi à dimanche. Elle regardait un réveil posé par terre un peu plus loin. On est dans la nuit de dimanche à lundi, il est 4h28.

Quoi ?

— J’ai dormi autant de temps ?

Il t’a drogué. Tu as eu beaucoup de fièvre, il a abusé sur la dose, j’ai eu peur … Déjà qu’il t’a bien amoché… Me disait-elle d’une voix basse.

Drogué ?

— Hein ? Je me souviens … Il te courait après enfin j’ai essayé de te sauver merde !

Ça y est, on y est, je panique. Résonne toi Jungkook, tu sais gérer ton stress.

Mais bordel, pas un stress comme celui-là.

— Je te promets de tout te raconter. Pour le moment, il faut que tu essaies de te reposer…

Elle chuchotait, pour m’apaiser je suppose. C’est fou, elle essayait de m’apaiser alors qu’elle était dans la même situation que moi. Depuis combien de temps ?

Le temps.

Combien de temps.

Elle me caressait la joue gentiment. Je n’aimais pas trop ce genre de contact d’habitude, on ne se connaissait pas. Mais au vu de la situation, ça me faisait un petit peu de bien, infime était il. Elle avait un petit je ne sais quoi cette femme.

— Je peux juste savoir comment tu t’appelles ?

— Kim Yeoni.

Yeoni. C’est joli.

Si j’avais su, à quel point, Yeoni allait changer ma vie.

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