Le jardinier
Elle est vivante et nue, éternelle et mouvante,
Sous l'herbe qui s’affole et son parfum de menthe,
La terre sur laquelle il s'esquinte à genoux,
En déplaçant sans fin la ronce et les cailloux.
Jamais il ne chancelle
Quand le soleil ruisselle,
Et la raison lui dit, quand le ciel est couvert,
Que ce sera l'automne et très bientôt l'hiver.
Il coule des ruisseaux, des croissants de feuillages,
Des bouquets de couleurs et des pensées sauvages
Sur son poignet brûlant,
Aux confins du couchant.
Voyez ! Il a dix mains pour cultiver sa peine
Et des rêves roulés en menus fils de laine.
L'humble vigne pucelle en ses liens de rotin,
On murmure qu'au soir, elle tremble et se plaint,
La vigne à l'aube ourlée
D'une sève mouillée...
Il pleut, il pleut toujours à l'ombre d'un chagrin,
Dans les sillons rangés d'un immense jardin.

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