Dans mon monde à moi, il n’y a pas grand monde, justement.

Une petite île, une maison au bord de l’eau. Une vie solitaire, avec des livres, des toiles, un exil dans un rêve éveillé.

Du calme, de la volupté, et le temps qui passe lentement, caressant mes lectures, colorant mes peintures, ponctuant mes écritures.

Un monde hors du monde, où il n’y a plus de repères, d’habitudes, de sollicitude et de contraintes.

Vaguer à  longueur de journées, de nuits, nourrir ainsi ses années, plus que sa vie.

Dans mon monde à moi, la solitude est telle une gourmandise, une ivresse attachante.

Errer et se prélasser : se nourrir d’art, de bons vins et de friandises.

L’esprit enfin libéré,  lâchant son inspiration à la création, plus de crainte de la critique,  uniquement la contemplation et  l’autosatisfaction.

Une nature qui m’est dévouée, entièrement, moi qui suis là, seule. Pas d’arrachage, de cueillettes, de mutilation. Cette nature qui s’embellit à mon rythme, qui me rend cette paix d’âme.

Dans mon monde à moi, le silence est d’or, ponctué du chant des oiseaux, de leur quête d’amour, honorant mon réveil à chaque aube.

Plus de peur d’être happé, capturé.

Dans mon monde à moi, il y a tout un monde d’oubli du passé, course à la véracité, complice d’une réalité, à chaque levée, esseulée.

Quand la nuit assombrit mon atelier, il est temps d’errer sous le ciel étoilé, marcher pieds nus dans le sable froid, regagner mon antre et tomber dans les bras de Morphée.

Dans mon monde à moi, mes rêves se confondent avec la réalité, plus de conformité, je glisse dans une jolie folie et en un voyage astral, je regarde :

Votre monde à vous, où il y a trop de monde, malheureusement.