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Tu le sais : personne ne viendra te chercher. Le bateau, coincé dans la glace, a été évacué deux semaines plus tôt. Tu as choisi de ne pas révéler ta présence tant le sort réservé aux Étoiles noires était cruel et sans appel. Dépérir sur ce rafiot est une fin plus douce, penses-tu naïvement. Et les premiers jours après leur départ t’ont donné raison : ils dépeignaient une feinte insouciance, de celle qui précède l’inévitable dénouement. Tu avais épuisé le peu d’énergie qu’il restait en stock pour profiter de bribes de chaleur et de lumière éphémères. Bu les dernières bouteilles d'alcool, rassemblé les quelques rations laissées ici et là à l’abandon. Puis la nuit est tombée. Épaisse, d’un noir d’encre. Le vent glacé s'infiltre dans les moindres recoins de l’embarcation. Et l’impression que tu as eu ces derniers jours s’amplifie. Tu n’es pas la seule âme qui vive dans ces contrées glacées. Tu décides pourtant d'économiser la lampe qu’il te reste en l’éteignant, jusqu’à ce que l’obscurité enveloppe tout.

Tu l’as vue pour la première fois quelques jours plus tôt : une silhouette, au loin sur la glace. Qui pouvait bien s’aventurer dans ces contrées ? À peine le temps d’aller chercher les jumelles abandonnées à bord du navire, qu’elle avait disparu. Mais la sensation d’être épiée ne te quitte pas.

Tu entends des pas dans la neige. Quelqu’un rôde autour du navire. Et tu es dans le noir complet, dans l’expectative. Les pas se rapprochent, résonnent maintenant sur le pont. La porte grince sur ses gonds et laisse entrer l’air froid de la nuit. Tu n’oses pas parler.

“Je me souviens… de notre départ du clan”

Cette voix.

“C’était il y a mille vies et pourtant, tout est ancré dans ma mémoire. Rappelle-toi.”

La lampe s’allume doucement et la personne assise là n’est autre que toi, au jour du départ. Les cheveux tressés, le regard fier. Et “tu” reprends :

“Je sais combien les décisions que tu as prises te hantent mais il est trop tard aujourd’hui. Tu recherchais une existence plus trépidante et regarde-toi, dans l’immensité blanche, tentant désespérément de revenir chez toi… Laisse-moi te raconter quelle aurait été ta vie si tu avais choisi l’autre chemin.”

Et “tu” contes les fêtes mais aussi la vie dans tout ce qu’elle a de plus simple et ordinaire et tes larmes ont le goût amer des regrets.

“Cette vie-là est finie. Il ne te reste plus qu’à recommencer.”

La lumière se meurt doucement. Tout comme “toi”... et toi.

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