Le pendentif d'Adem

 Il chargea, passant en trombe par la grande porte en pierre. Tous les défenseurs avaient fait de même. Chaque porte faisait sortir des colonnes de combattants. Les alentours de la ville allaient une nouvelle fois se transformer en champs de bataille.

 Kharel était habillé de son habituel habit de campagne à capuche qui cachait son visage longiligne au trois quart. Ses oreilles longues et pointues étaient également recouvertes et en plus de sa tenue verte, sa façon de s'élancer trahissait ses origines elfiques. Il portait à la ceinture une épée dont on pouvait apercevoir le pommeau. Un arc et un carquois sur son dos complétaient son équipement, lui donnant un air de combattant aguerri.

 Il aperçut un groupe de Gobelins sur sa droite, à quelques mètres de lui et changea de direction pour foncer droit sur eux en dégainant son épée elfique à la garde sculptée. Ils étaient quatre mais avançaient en désordre, ce qui procura au guerrier un avantage. De son épée, il repoussa le coup d'estoc maladroit du premier adversaire, lui asséna un coup de pied qui lui enfonça le nez et le fit basculer en arrière, raide mort.
Dans le même temps son épée décrivit un arc de cercle parfait pour venir s'abattre violemment sur le casque du deuxième, qui se fendit, tout comme le crâne en dessous. Un nouveau coup de pied lancé en arrière coupa le souffle du gobelin suivant. Kharel pivota et lui trancha la gorge. Le dernier, sentant son groupe perdu chargea avec l'énergie du désespoir. L'elfe fit un pas vers le coté en laissant son pied dans la trajectoire de l'assaillant, qui s'étala de tout son long dans la terre meuble. L'elfe l'acheva d'un coup sec dans la colonne vertébrale.

Étrange qu'il n'ait pas fui remarqua Kharel, mais il était trop occupé pour s'attarder sur cette pensée.

Il scruta l'entrée de Garvin, ville qu'il avait appris à apprécier. De prime abord, elle ne payait pas de mine, ses murailles grises n'engageaient pas vraiment le voyageur à s'arrêter. A l'intérieur de ces murailles, on trouvait un ensemble d'habitations hétéroclites, comme si elles avaient été déposées là, au gré des besoins. Au centre de la ville se trouvait la villa fortifiée du seigneur local, dont la riche décoration jurait avec le reste de la ville. A l'extérieur, habitaient surtout les paysans qui nourrissaient la population. Garvin était donc en partie entourée de fermes, fermes qui servaient depuis quelques jours de champs de bataille. Il se réjouit quand il vit qu'encore une fois les habitants semblaient avoir l'avantage et que l'assaut serait sûrement repoussé. C'était justement ces habitants qui lui avaient fait aimer la ville.

Toujours une rencontre intéressante à faire ici, et une majorité des habitants étaient droits, même si comme toute ville, elle avait aussi ses cotés sombres.

Quoi qu'il en soit, il avait décidé de se battre pour défendre ce joli coin lorsque les attaques avaient commencées quelques jours auparavant. Il avait prouvé sa valeur en prenant la vie de nombre de ces créatures fourbes et cupides. Cependant il restait encore un bon nombre de gobelins, et il ne fallait pas les sous estimer. Bien que peu intelligents, ces petites créatures vertes au long nez étaient tenaces.

Soudain, un cri l'alerta.

Se retournant, il vit un homme massif à la chevelure hirsute et une femme entourés de gobelins. L'homme était dans une situation périlleuse, il venait de se faire larder le ventre d'un coup d'épée. Ne possédant pas d'armure, on pouvait voir la plaie béante. Il était à genoux et luttait désespérément pour éviter de se faire submerger. En effet, les gobelins ayant remarqué la situation du duo se précipitaient pour en finir. L'homme tomba, victime d'un coup mortel. La femme réussissait pour le moment à tenir tête aux créatures. Elle virevoltait avec son bâton, brisant coup sur coup tibias, mentons et crânes. Autour d'elle s'était formé un cercle de gobelins. Les plus hardis s'élançaient par vagues, mais la femme les repoussait.

— Elle ne va pas tenir longtemps, remarqua Kharel, mieux vaut aller lui porter assistance.

En effet, peu à peu sa défense se faisait moins expéditive et le cercle se resserrait sur elle. Un ultime assaut, composé de presque tous les gobelins entourant la femme s'esquissa. Elle fit de nouveau voleter son bâton, brisa le menton d'un premier assaillant d'un coup sec en avant. Balançant son bâton en arrière, elle brisa bon nombre de côtes appartenant à un gobelin derrière elle. Elle tournoya sur elle même en frappant deux autres sur le crâne. Elle réussi in-extremis à bloquer l'attaque de deux adversaires derrière elle. Mais ce faisant, son bâton se trouva immobilisé et un gobelin posté derrière elle chargea, suivi d'un autre.

La femme s'aperçut du danger, et envoya bouler d'un coup de pied l'un des gobelins qu'elle avait bloqué. Malheureusement, le second évita la charge. Derrière elle, la bête leva son épée et sauta pour porter le coup mortel.

Soudain, un sifflement dans l'air se fit entendre et le gobelin fut fauché en plein air par une flèche plantée dans son crâne. Les gobelins proche hésitèrent un moment, suffisamment pour que la femme se ressaisisse et élimine le gobelin devant elle. Un deuxième gobelin s'effondra, une flèche dans l'œil droit. Les créatures, incapables de voir d'où venaient les attaques, commencèrent à se regarder entre elles. La femme elle, avait parfaitement vu d'où venait la dernière flèche, elle était d'ailleurs passée bien trop près d'elle à son goût ! Elle se tourna et lança une charge vers cette direction, espérant surprendre les gobelins et rejoindre la personne qui l'aidait. Elle passa deux gobelins, leur assénant un coup de bâton chacun. Un troisième un peu plus loin subit le même sort. Mais quatre gobelins un peu plus malins firent mouvement pour l'intercepter. Tant pis, elle devait passer; les autres gobelins s'étaient repris et tentaient de la rattraper. Elle accéléra sa course.

Au moment ou son bâton toucha le premier adversaire, l'envoyant rouler à quelques pas, Kharel surgit de nulle part et fit sauter la tête de deux des gobelins. La femme n'eut aucun mal à se débarrasser du dernier.

— Merci pour le coup de main ! Cet idiot de Joris s'est cru invincible ! Pouvez vous les tenir en respect un moment ? lança la femme, j'ai quelque chose qui devrait les faire réfléchir.

— Bien sûr ! Acquiesça Kharel. Et il se mit en chasse.

Alors que Kharel virevoltait autours d'elle, la femme ferma les yeux un instant. Lorsqu'elle les ouvrit de nouveau, de bleus, ils étaient passés au blanc et luisaient dans la pénombre grandissante de l'après midi d'automne. Elle s'accroupit et toucha le sol de la paume de ses mains. La terre se mit alors à gronder, et tout le champ de bataille s'interrompit. Tous étaient surpris, tant gobelins qu'humains. Tous virent un gros morceau de terre s'arracher du sol, il changea de forme et bientôt un énorme être humanoïde fait de terre se tenait à coté de la magicienne.

— Vas, et débarrasses moi des gobelins ! Cria la femme à sa création.

Le golem se mit alors à écraser tous les gobelins sur son passage. Du moins, ceux qui avaient eu trop peur pour s'enfuir. D'ailleurs les humains avaient eux aussi, sauf rares exceptions, convergé vers les portes de la ville. Dix minutes plus tard, aucun gobelin ne restait dans les parages. Les yeux de la magicienne redevinrent alors bleus et le golem disparut.

— Impressionnant ma dame. Ce fût une surprise de voir telle créature ici. dit Kharel, d'un ton respectueux.

— Merci, mais vous n'avez pas fui comme beaucoup, je suppose que vous avez déjà eu affaire à un golem. répondit la femme. Elle avait tout de même l'air fatiguée et haletait.

— En effet, mais je ne vais pas vous raconter ça maintenant, vous avez usé vos forces à ce que je vois. Il vaudrait mieux que vous vous reposiez. Je vais vous conduire à l'auberge.

Il indiqua l'entrée de la ville de la main.

— Allons-y, je m'appelle Kharel. Puis-je connaître votre nom, ma dame ?

La femme se redressa et plongea des yeux fatigués pleins de gratitude dans ceux de Kharel. Il n'avait pas encore remarqué comme elle était attirante. D'une chevelure noire d'ébène lui tombant sur les épaules, habillée d'une riche robe courte volante couleur azur qui mettait en valeur ses longues jambes, elle possédait de sérieux atouts pour séduire la gente masculine de plusieurs espèces. De plus, sa façon de combattre ajoutait du charme au personnage, aux yeux de Kharel tout du moins.

— Bien entendu, lui répondit elle. Moi c'est Jil. Enchantée. Quelle rencontre inoubliable ! J'ai particulièrement apprécié votre flèche de bienvenue, finit elle en souriant.

— Veuillez m'excuser, c'est que dans toute cette agitation je vous ai presque pris pour un gobelin ! Railla Kharel.

Ils rirent de bon cœur et se mirent en route vers l'auberge du Cheval boiteux.

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