De victime à casse-croûte

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Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les jurés, mon client monsieur Poignon est accusé d’avoir sauvagement assassiné et mangé le chat de sa voisine, madame Lapigne.

Tout au long de ce procès l’accusation s’est appliquée avec beaucoup d’ardeur à donner à mon client, l’image d’un homme sans cœur, d'un sauvage... Laissez-moi vous démontrer que derrière l'acte en apparence odieuse qu'a commis mon client se cache des sentiments et des intentions nobles. Laissez-moi vous démontrer que l'homme qui se tient ici dans le box des accusés n'est pas une vermine mais bel et bien un héros. Pour bien comprendre cette affaire nous devons nous intéresser à la relation entre madame lapigne et son chat Pluton. De nombreux témoignages ont prouvé que madame Lapigne avait pour habitude de maltraiter, torturer son chat. Pluton a ainsi vécu l'enfer pendant des années au point qu'il est en devenu dépressif. Tous ceux qui ont connu ce petit être avant sa mort s'accordent à dire qu'il se laissait mourir. Je tiens également à préciser que le meurtre de Pluton et tout ce qui a suivi n'était en aucun cas prémédité comme s'obstine à le monter l'accusation.


Le destin a fait se rencontrer mon client et Pluton dans une petite ruelle alors que ce dernier à bout de force était couvert de sang, devinez grâce à qui... C'est alors qu'une chose curieuse s'est produite, leurs regards se sont croisés et monsieur Poignon a pu voir dans le regard de cet animal brisé par la vie la supplication suivante : ''pitié aidez-moi à en finir''. Mon client sensible au malheur de Pluton a décidé de laisser de côté ses valeurs pour l’aider à rejoindre l'autre monde. Je précise que mon client a tout fait pour offrir à ce chat une mort rapide et peu douloureuse. Il a ainsi mis fin à l'existence pitoyable et chaotique de Pluton en l'achevant avec bienveillance. Plutôt que de jeter le corps de l'animal ou de l'enterrer pour qu'il soit bouffer par plus misérable que lui, mon client a préféré le cuisiner et redonner ainsi un peu de dignité à cette chair meurtrie. De plus mon client a pris de soin de savourer cette tendre viande de chat non pas seul mais avec ses meilleurs amis comme se doit de le faire un homme digne de ce nom.


Alors je vous le demande Messieurs et Mesdames les jurés sommes-nous face à un meurtre ou simplement face au respect des dernières volontés de Pluton ? Si néanmoins nous nous obstinons à voir en monsieur Poignon un tueur et un mangeur de chat alors il nous faudra accepter que son complice n'est autre que la victime elle-même. Comme dans toute justice nous avons forcément besoin d'un coupable, je vous invite donc à vous tourner vers madame Lapigne, cette femme cruelle, perverse et extraordinairement hypocrite qui ose se tenir là, devant nous comme une mère éplorée.

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