Les deux filles arrivèrent au sommet d’une colline dans la forêt. On pouvait voir entre les arbres qu’il y avait une sorte de clairière plus bas. Seulement, de ce côté-ci, la côte ressemblait presque à une falaise.

« C’est là! C’est un peu escarpé… », annonça Emmy comme si c’était franchissable aisément.

Elle sourit à Lucy puis prit son élan… pour sauter. Ce n’était pas une hauteur ahurissante, mais c’était tout de même assez pour se blesser sérieusement, sans compter les branches qui poussaient ici et là et le fait que la jeune fille portait avec elle une énorme valise. Pourtant, Emmy réceptionna parfaitement et se releva sans la moindre égratignure.

« T’inquiète pas! Il y a un chemin par-là! » dit-elle en riant.

Lucy réussi finalement à descendre et les deux adolescentes arrivèrent dans l’espèce de clairière, qui semblait être en fait le terrain des « quartiers d’habitation ». C’était magnifique. On distinguait un toit bleu foncé en bas de la pente douce couverte de fleurs. Un escalier menait en bas de cette pente. Le tout était entouré de forêt.

Lucy s’avança vers l’escalier, un peu anxieuse à l’idée de rencontrer ses autres colocataires. Emmy était gentille, mais qu’en serait-il des autres?

Emmy coupa court à ses hésitations en dévalant l’escalier à toute vitesse, lui passant sous le nez. Lucy n’eut pas trop le choix de la suivre. Emmy poussa la porte de la maison. Car oui, on ne pouvait décrire ce bâtiment que comme une maison. Elle devait avoir un étage en plus du rez-de-chaussée puisqu’il y avait des fenêtres en haut. Elle n’était évidemment pas imposante, mais c’était beaucoup plus grand que ce que Lucy s’était imaginé.

Emmy et Lucy entrèrent dans la maison. Pendant qu’Emmy se débarrassait de ses bottines de cuir, Lucy entreprit de défaire les lacets de ses Converses. En effet, une de ses occupations pendant le trajet d’autobus Baie-Comeau – Montréal avait été de dénouer et renouer lesdits lacets. Ils étaient donc presque impossibles à détacher tellement elle les avait serrés. Quand elle réussit finalement et qu’elle releva la tête, elle vit une fille à demi levée d’un fauteuil qui la regardait. Elle était grande et avait une impressionnante tignasse rousse attachée en queue de cheval. Ses yeux brillaient de curiosité mais aussi de quelque chose d’autre que Lucy n’arrivait pas à identifier. Emmy se chargea des présentations :

« Lucy, voici Gen et Helena. »

Il y avait en effet une autre fille, un peu plus effacée, avec un livre sur les genoux.

« Gen, Helena, voici Lucy. »