Chapitre 26

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Point de vue Chloé, peu de temps avant le chapitre précédent :


Je me réveille tranquillement. Le fait d'avoir dormi un peu m'a fait du bien. Je suis moins énervée. Je regarde autour de moi, Thomas dort profondément. J'adore l'admirer quand il est comme ça, il est si paisible. On dirait un petit enfant, cela me donne envie de prendre soin de lui, de le protéger. Je pose mes yeux sur son sexe au repos. Je pourrais le stimuler pour un réveil coquin. Mais je vois que PJ est lui aussi réveillé et je ne veux pas me donner en spectacle devant lui. Autant c'est une chose de le faire dans le noir, alors qu'ils en faisaient de même de leur côté, autant là son regard posé sur moi me paralyse.


Cynthia émerge doucement de sa sieste elle aussi. Je ne peux m'empêcher de ressentir de la colère à son égard. J'ai bien compris qu'elle compte faire son quatre heures de mon Thomas. Comment est-ce qu'elle a pu se débrouiller pour qu'il se colle à elle tout à l'heure ? Je suis sûre qu'elle l'a manipulé. Nos yeux se croisent. J'y vois de la surprise. Oups, j'ai peut-être eu un peu de mal à dissimuler mon agressivité. Elle s'adresse alors à moi en désignant le dormeur de la plage qui lui heureusement n'a pas deux trous au côté:


-Il est beau, j'espère que tu te rends bien compte de la chance que tu as de l'avoir.


Pour qui elle se prend, bien sûr que je le sais. C'est mon homme. Je suis sur le point de le lui dire sèchement, mais je suis arrêtée par l'expression sur son visage. J'y lis bien autre chose que de la convoitise. Elle a les traits mélancoliques, comme si elle regrettait quelque chose. PJ semble intrigué tout comme moi d'ailleurs. C'est pourquoi je lui réponds.


-Oui j'ai eu de la chance que nous nous trouvions et j'espère qu'il en pense de même.


-C'est un homme qui sait écouter et consoler, c'est une qualité rare.


Qu'est-ce qu'elle veut dire par là ? J'imagine que leur conversation de tout à l'heure n'était pas celle que j'ai imaginé et pourquoi consolée ? Quand j'y repense c'est vrai que leur étreinte ne semblait pas sexuelle. Plutôt comme un frère et une sœur.


-En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il tient à toi.


Ça doit vouloir dire qu'il l'a repoussée. Je ne peux m'empêcher d'éprouver de la reconnaissance vis à vis de mon beau rêveur et aussi un peu de culpabilité de m'être montrée si froide avec lui. Je me dis qu'il faut vraiment que je lui fasse plus confiance, après tout s'il est capable de repousser une beauté comme Cynthia, c'est sûrement qu'il tient vraiment à moi. Je me promets d'être beaucoup plus avenante avec lui. Ce n'est pas de sa faute s'il lui plaît, l'important c'est qu'il ne dépasse pas les bornes.


Je repense à mon idée de surprise pour lui suite à son gage et au plaisir qu'il m'a donné ce matin. Il faut vraiment que j'en parle avec Cynthia. Je sais qu'elle a de l'expérience, elle pourra m'aider. Mais je vais attendre que nous ne soyons que toutes les deux. Il est hors de question que j'aborde le sujet devant Pierre-Jean, il a déjà les idées qui lui viennent à une vitesse folle, il ne faudrait pas en rajouter.


Quand on parle du loup, je vois qu'il est contrarié, il faut dire que le discours de Cynthia sur Thomas doit être un peu dur à encaisser. Il interpelle d'ailleurs sa compagne :


-Eh bien ma chérie, si j'étais jaloux, je crois que je devrais m'inquiéter. Qu'est-ce qu'il t'a fait pour te mettre dans cet état  ? 



-Rassure-toi mon amour, rien que tu n'aies pas su faire il y a bien longtemps. Il s'est intéressé à qui je suis réellement, mais ça fait toujours du bien.


Décidément, il y a là une énigme que j'aimerai élucider, en tout cas je vois la compréhension apparaître sur le visage du bel athlète, même s'il semble toujours un peu contrarié. Il faudra que je tire les vers du nez à Thomas pour mieux comprendre. En tout cas, cela confirme le caractère non sexuel de leur accolade.


PJ retrouve en quelques secondes son sourire naturel et s'adresse à nous en changeant de sujet :


-Est ce que ça vous dit d'aller visiter les grottes marines dans la falaise. Je te promets que ça vaut le coup Chloé, moi je ne m'en lasse jamais et pourtant ça fait des années que je viens.


L'idée me tente, j'adore visiter les grottes. Lorsque j'étais petite, mon père m'avait emmené visiter les grottes de Morgat sur la presqu'île de Crozon en kayak, j'en garde encore un souvenir émerveillé des années plus tard.


-Ok, je suis partante, j'essaie de réveiller Thomas.


Je passe délicatement ma main sur son torse pour le faire sortir de son sommeil. Mais c'est en pure perte. Je comprends bien vite qu'il est endormi profondément. Je le connais quand il est comme ça, un troupeau d'éléphant passerait à côté de lui, il ne s'en rendrait même pas compte. Deux solutions s'offrent à moi, soit passer à la vitesse supérieure, mais le réveil risque d'être brutal pour lui, soit le laisser dormir, mais cela me gêne de le laisser tout seul. A sa place je n'aimerais pas me retrouver toute seule en me demandant où les autres sont passés. Cynthia prend la parole et m'aide à choisir une solution en s'adressant à PJ.


-J'ai un peu la flemme de marcher, je préfère rester là, si ça ne te déranges pas.


Si elle reste là je peux laisser Thomas avec elle, après tout s'il l'a déjà repoussé une fois, il n'y a pas de raison que cela change quelques heures plus tard. Je peux donc partir avec PJ sans culpabiliser.


-Ça ne te dérange pas de veiller sur Thomas, quand il dort comme ça, il est quasiment impossible à réveiller.


-Non ne t'en fais pas, je lui expliquerai où vous êtes partis. Vas-y avec PJ, tu verras ça vaut le coup.


Une fois la décision prise, nous nous rhabillons tous les deux et prenons avec nous une partie de nos affaires. D’une part car je ne me sens pas d’aller toute seule avec PJ totalement nue et d’autre part, car le terrain nécessite que nos corps respectifs soient un minimum protégé. Pierre-Jean m’entraîne d’un bon pas derrière lui sur un chemin qui monte depuis la plage sur la falaise. Rapidement, je me rends compte que nous nous élevons très au-dessus du niveau de la mer et lui en fait la réflexion. Il m’explique alors que les grottes ne sont normalement accessibles que par bateau. Mais la voute d’une d'entre elles s’est partiellement écroulée à cause de l’érosion. Créant un accès depuis la falaise. Après quelques minutes de marche, nous finissons par atteindre l’ouverture dont il me parlait. Il s’agit en fait d’une cavité surplombant un amoncellement de rochers situé quelques mètres plus bas. Nous ne pourrions sûrement pas descendre si deux troncs d’arbres taillés en forme d’escalier ne dépassaient pas du creux. PJ s’adresse à moi :


-Je vais passer en premier, cela te permettra de mieux appréhender le chemin, soit quand même prudente, une chute pourrait faire mal.


Il s’engage immédiatement et descend le long des troncs d’arbres avec l’agilité d’un singe. Après l’avoir bien observé je m’engage à sa suite, non sans une certaine nervosité. Je fais bien attention de poser mes pieds dans les encoches des troncs. PJ est déjà arrivé tout en bas et m’attend sur le gros rocher plat sur lequel repose les échelles artisanales. Au fur et à mesure de la descente, je me décrispe et prend peu à peu de l’assurance. Je commence à accélérer mon rythme, tout en observant les parois de la grotte qui se dévoilent à mes yeux ébahis. Les rochers lissés par l’action de l’eau révèlent une multitude de couleurs dû à la présence de différents minéraux dans la roche. Je relève la tête pour mieux apercevoir la voute au-dessus, alors que je ne suis plus qu’à 2m du sol. Mais brusquement, ma main glisse sur une portion de bois un peu pourri. Je me sens partir en arrière et n’arrive pas à me rattraper. Je n’ai même pas le temps de me rendre compte que je vais m’écraser sur les rochers, que je me retrouve dans les bras athlétiques de mon compagnon d’expédition.


-Heureusement que j’étais attentif, ça va, pas trop de mal ?


Réalisant que je suis passée au bord de la catastrophe, je suis tétanisée par le choc. Je me colle à lui de toute mes forces en tremblant. Il me caresse doucement les cheveux tout en me rassurant.


-C’est bon Chloé, tu es en bas il n’y a plus aucun risque. Si tu veux bien me lâcher maintenant, nous allons pouvoir rejoindre le bas de la grotte. En temps normal, j’apprécierais de t’avoir dans les bras, mais là cela risque d’être compliqué de marcher sur le sol inégal.


Je me rends compte que par réflexe, j’ai passé mes bras autour de son cou. Leur pression incline son visage vers le bas. Ses lèvres sont à quelques centimètres des miennes. Ses yeux me regardent intensément, leur magnétisme m’hypnotise totalement. Gênée, je relâche instantanément mon emprise et précautionneusement repose mes pieds sur le sol, ce qui me permet d’échapper à son regard. Je suis troublée et il le sait sûrement, mais pour une fois il n’en joue pas. Au contraire il se contente de me guider pour descendre le long des derniers rochers. Une fois que nous avons tous les deux atteints le bord de l’eau, il me désigne la grotte et me dit :


-Alors, ça ne valait pas le coup de venir ?


Je reste silencieuse quelques secondes, admirant la vue qui s’offre à moi. Les différentes nuances de couleurs éclairées par le soleil qui se reflète dans la mer depuis les deux ouvertures mérite sans conteste l’appellation de merveille naturelle.


-De venir si, de mourir pour ça, non. Merci de m’avoir rattrapée. Mais tu aurais dû me prévenir que c’était aussi dangereux, j’aurais fait mon testament avant de t’accompagner.


-Excuse-moi, c’est vrai que j’ai un côté un peu casse-cou. J’aurais dû penser que ça n’était pas obligatoirement ton cas. Mais pour ma défense, Cynthia n’a jamais eu de problèmes.


-Ne t’excuse pas, c’est de ma faute, je me sentais trop sûr de moi sur la fin. J’aurai dû être plus attentive.


Le choc passé, je sens la tension retomber. Je m’assois alors pour profiter de la vision qui s’offre à moi. Cela me rappelle les grottes que j’avais visité avec mon père. Je ne peux m’empêcher de le dire à PJ. Il me répond alors :


-Tu avais l’air d’être très proche de lui ?


-J’étais encore jeune quand il est mort, mais oui, nous faisions beaucoup de choses ensembles. Il était très présent dans notre éducation à moi et mon frère. Pour lui le fait de découvrir de nouvelles choses était très important. La curiosité était une qualité et pas un défaut à ses yeux.


-Tu as un frère, je ne le savais pas ?


-Oui, il a trois ans de plus que moi. Mais je le vois peu aujourd’hui, il habite loin de chez moi. Cela me manque de ne pas le voir plus, mais c’est comme ça. Et toi tu ne m’as pas dit tu as un frère ou une sœur ?


-Non, je suis fils unique. Ma mère est tombée enceinte peu de temps avant que mon père décède, mais elle l’a perdu à quelques mois du terme. C’est sans doute mieux, ça m’évite d’avoir à partager l’héritage.


-Mais t’es horrible, t’imagine la douleur que ça a dû être pour ta mère ?


-Calme-toi Chloé, c’était juste une mauvaise blague. J’aurai rêvé d’avoir un frère ou une sœur. Cela m’aurait permis de me sentir moins seul.


Il marque une petite pause, le sourire ironique qu'il arborait disparaît pour un masque de tristesse.


-Contrairement à toi, je ne peux pas dire que j’ai eu des moments privilégiés avec mon père. Il était peu présent et quand il l’était, je le sentais toujours un peu absent. Malgré tout il me manque aussi. Je me dis que s’il avait vécu plus longtemps, nous aurions peut-être pu établir une vraie relation.


-Moi, il me manque un peu moins depuis que je suis avec Thomas. Comme si le fait de commencer ma vie de femme m’avait aidé à faire mon deuil. Tu ne ressens pas la même chose avec Cynthia ?


-Pas vraiment, je pense l’aimer, mais elle ne peut pas combler ce vide là.


-Comment ça tu penses l’aimer, c’est quelque chose que tu dois savoir.


-Je suis bien avec elle, nous partageons plein de choses ensemble. Mais est-ce que je resterai toute ma vie avec elle, je ne sais pas. Déjà ma mère ne l’apprécie pas et son opinion compte beaucoup pour moi. En plus je sais qu’elle voudrait avoir des enfants et je ne suis pas prêt du tout. Je ne suis pas quelqu’un que l’on peut aimer sur le long terme. C’est peut-être pour ça que mon père passait si peu de temps avec moi.


-Ne dis pas ça PJ. Moi je suis sûr que l’on peut t’aimer. Il faut juste que tu joues moins l’héritier arrogant et que tu laisses plus sortir ta sensibilité et Cynthia a l’air de beaucoup tenir à toi malgré votre mode de vie atypique.


-Tu as peut-être raison. Mais je ne suis pas sûr qu’aujourd’hui je suis la bonne personne pour elle. Je sens que nous nous éloignons. Sûrement un peu par ma faute. Bon on arrête de parler de moi. Est-ce que tu as envie de te baigner ?


-Ici ?


-Non à Dunkerque, ben oui ici. C’est une bonne manière pour explorer la grotte. Je le fais souvent. Alors t’es partante ?


-Si tu veux. Mais je mets mon maillot. Vu la vitesse à laquelle les idées te viennent, je ne voudrais pas t’induire en erreur.


-A ta guise, moi en tout cas je n’en mets pas.


Pendant que nous nous changeons tous les deux, je repense à la conversation que nous venons d’avoir. Je suis surprise par la mélancolie qui l’habite. C’est quelque chose qu’il ne laisse pas deviner. C’est vraiment quelqu’un de surprenant. Il peut se montrer vraiment attachant quand il veut. Quand il me parle du vide causé par le décès de son père, je le comprends totalement, j’éprouve le même. Heureusement que Thomas a été là pour l’atténuer. Lorsque je me retourne une fois changée, je ne peux m’empêcher de laisser mes yeux caresser sa silhouette. Il se trouve dos à moi, mon regard s’attarde sur ses fesses musclées. Si je n’étais pas en couple, j’aurais bien pu céder à l’envie d’en faire mon quatre heures. C’est quand même l’archétype d’une forme d’idéal masculin. Des traits réguliers et masculin, une belle chevelure blonde, un corps découpé par le sport, mais sans être bodybuildé. Mon esprit divague un peu en imaginant ce que l’on peut ressentir serrée dans ses bras. Je sens la chaleur monter dans mon bas-ventre. Bon Chloé ma fille, il faut que tu arrêtes de te faire des idées comme çà. Thomas n’a rien à lui envier et il te satisfait entièrement, donc arrête de fantasmer à mauvais escient. Refroidis-toi un peu ça va te faire du bien.


Sans plus attendre, je me rapproche de l’eau et fais glisser doucement mon corps dans la mer assombrit par la pénombre de la grotte. PJ me suit immédiatement et nous nageons tranquillement le long du boyau de roche, admirant silencieusement la perfection de la nature. Au bout d’une centaine de mètres, il me conseille de m'arrêter, car les vagues qui viennent s’écraser sur la falaise provoquent des remous à l’entrée de la grotte et nous pourrions être projeté contre les parois rocheuses. Nous faisons donc tranquillement demi-tour.


Après nous être séchés et rhabillés, nous ressortons précautionneusement à l’air libre. Il me faut un petit temps pour que mes yeux se réhabituent à l’intensité du soleil. Nous reprenons ensuite le chemin de la plage. Tout en marchant, nous échangeons tranquillement nos impressions sur cette visite qui m’a semblé hors du temps, quand j’aperçois Thomas et Cynthia qui se dirige vers nous. En le voyant, je m’aperçois que ça m’a manqué de ne pas la partager avec lui. Je me précipite dans ses bras pour le lui dire. Le fait d’avoir dormi semble lui avoir fait du bien à lui aussi. Il est plus souriant et détendu. Nous récupérons le reste de nos affaires et reprenons nos vélos pour rentrer à la villa. Les garçons adoptent un rythme que moi et Cynthia avons plus de mal à suivre. J’en profite pour lui parler du sujet qui m’intéresse.

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