Chapitre 43 1/2

11 minutes de lecture

Point de vue de Thomas :

Sa voix douce et sensuelle me répond :

  - Bien sûr Thomas, je te dois bien ça. Par contre là je suis hébergée chez une amie qui est présente avec son fiancé et je ne serais pas totalement à l'aise pour discuter. Tu préfères que l'on se voie dans un restaurant ou chez toi ?

  Je réfléchis à sa question pendant quelques secondes. D'un côté cela serait plus simple de la voir en terrain neutre. Mais la fatigue de la journée me rattrape. J'aspire à retrouver mon chez moi et puis au moins, je n'aurais pas à contrôler mes émotions. Je lui réponds donc :

  - Si cela ne te dérange pas je préfèrerais à mon appart, j'aurais besoin de prendre une douche et de me reposer après cette journée éprouvante, je t'envoie l'adresse et tu n'as qu'à m'y retrouver dans une heure et demie.

  -Pas de soucis Thomas à tout à l'heure.

  Je reprends la route et me dirige vers notre logement. Cela me fait bizarre au moment d'en passer le seuil en me disant que nous en étions partis à deux et que j'y reviens seul. D'autant plus que tout m'y rappelle son absence, son odeur est encore présente. Ses produits de beauté sont là dans la salle de bain où je viens en partie dissiper les tensions de la journée. En y repensant je me dis que ce n'est peut-être pas une si bonne idée que ça de la voir ici, où s'est passé une bonne partie de ma vie de couple. Je resterais bien tout seul avec mes réflexions, je n'ai pas envie d'une nouvelle discussion tendue. Je me saisis de mon smartphone pour lui envoyer un message afin de repousser à demain, quand la sonnerie de l'interphone retentit. Trop tard, elle a fait vite. Sa voix retentit quand j'appuie sur le bouton.

  - Salut Thomas je suis en bas, si tu veux toujours me voir. Ne t'inquiète pas je comprendrais si ce n'est pas le cas.

   Maintenant qu'elle a fait la route, je ne vais pas la renvoyer chez elle. Je lui ouvre donc la porte en lui indiquant le chemin jusqu'à l'appartement. Lorsque j'ouvre, elle me regarde timidement. Elle porte une petite robe relativement sage, qui met particulièrement en valeur sa beauté. Elle tient un carton dans les mains et me dit :

  - J'ai pris à manger sur le chemin, je me suis dit que tu aurais la flemme de te préparer quelque chose après une journée pareille. Tu m'as bien dit que tu aimais manger indien ?

  Je suis presque malgré moi touché par son attention, je comptais me rabattre sur un bol de céréales après son départ, même si la solution ne m'enchantait pas vraiment.

  -Merci beaucoup Cynthia rentre et installe toi. Si tu as faim toi aussi, on n'a qu'à se mettre directement à table.

  Nous nous dirigeons vers le petit plan de travail qui nous sert de salle à manger. J'ai un pincement au coeur lorsque je la vois s'asseoir à la place qu'occupe habituellement Chloé. Mais je décide de n'en rien montrer et me mets à côté d'elle, l'appartement étant petit, je n'ai guère le choix. Un silence un peu pesant s'instaure pendant que nous déballons ce qu'elle a apporté. C'est elle qui brise la glace en premier.

  - J'aime bien votre appart, vous l'avez décoré avec goût, c'est toi ou Chloé qui était chargé du home staging ?

  Je la regarde profondément, elle se tortille nerveusement sur sa chaise. Je ne peux m'empêcher de me dire qu'il n'y a pas si longtemps, c'est moi qui aurait été nerveux en sa présence. Elle remet ses cheveux derrière l'oreille en baissant les yeux.

  - Quoi qu'est ce qu'il y a Thomas, j'ai dit quelque chose qui ne fallait pas ?

  Je la regarde encore plus intensément avant de lui répondre :

  - Je ne crois pas que l'on soit ici pour que tu fasses l'agente immobilière, d'autant plus que je sais que tu es habituée à un autre standing de logement. Si tu veux savoir, on choisissait à deux, mais la plupart des idées venaient de Chloé. Mais si je t'ai fais venir ici, c'est pour que tu puisses t'expliquer sur ton rôle dans ce panier de crabe et parce que tu m'avais promis des réponses.

  - Je le sais bien Thomas et je vais te les donner. Mais ma remarque était sincère, ce n'est pas parce que je suis habituée au luxe, que je ne peux pas apprécier le reste et de toute façon le luxe, j'ai choisi de m'en passer. J'ai quitté PJ.

  - Je sais il me l'a dit, c'est une des raisons qui font que tu es là avec moi.

  - Ce qui s'est passé pour toi et Chloé ça a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, mais je pense que de toute façon, nous arrivions au bout du chemin que nous devions faire ensemble, j'aspirais à autre chose et PJ ne semblait pas se diriger vers les mêmes objectifs de vie que moi. Mais je ne suis pas là pour parler de moi. Je pense que j'ai beaucoup de choses à me faire pardonner. D'abord sache que j'étais au courant de leurs plans depuis le début. J'en étais même une participante active si tu veux le savoir.

  J'encaisse ses paroles, je m'en doutais, mais c'est difficile de se le faire confirmer. Elle guette nerveusement ma réaction, mais je reste impassible, elle reprend donc.

  -Pour moi, j'y ai vu l'opportunité de me faire moins haïr de la mère de PJ, je me suis dit que si je lui démontrais mon utilité, elle me rabaisserait peut-être moins. Tu ne peux pas savoir à quel point c'était difficile de sentir son regard méprisant sur moi, à chaque fois que je la voyais. C'est pourquoi quand Pierre-Jean m'a demandé de te séduire, pour les aider dans leur vengeance, je n'y ai pas vu d'inconvénient et puis après tout, si tu me cédais, tu méritais ce qui t'arriverai non ?

  - Sur ça, tu as sans doute raison, mais je ne l'ai pas fait et je ne crois pas mériter ce qui m'arrive.

  D'un sourire crispé je l'invite à continuer.

  -Oui tu as raison bien évidemment. Mais à ce moment-là je n'avais aucune idée de comment les choses allaient se passer. Toujours est-il que lorsque je t'ai vu la première fois, mon objectif était de te séduire, quitte à passer pour la fille facile que je ne suis pas à ce point habituellement. J'ai juste eu à forcer un peu ma nature, mais ça n'a pas été difficile d'autant plus que tu es mignon et que ta conversation était agréable. On va dire qu'en temps normal j'aurais attendu d'être au club avant de te faire du rentre dedans, là j'ai un peu anticipé les choses.

  Mais ce qui s'est passé ensuite a changé ma vision. L'agression de Chloé c'était une ligne rouge pour moi. tu te doutes qu'avec mon parcours, ça m'a rappelé des évènements que je préférais laisser de côté. D'ailleurs PJ a été affecté lui aussi et il après en avoir discuté avec moi, il voulait tout abandonner. Mais sa mère a su le faire plier et le ramener au plan initial. En ce qui me concerne, je l'avais prévenu que ma participation était exclue.

  PJ l'a compris, mais il m'a fait promettre au nom de tout ce que nous avions vécu ensemble de ne pas intervenir dans ses plans. Il faut savoir que quand je donne ma parole, je la tiens. Plusieurs fois, cela m'a démangé de vous parler, mais je ne pouvais pas.

  Quitte à passer du temps avec vous, j'ai alors décidé d'apprendre à mieux vous connaître et je t'avoue que ça m'a fait un bien fou de sortir de notre cercle social habituel. Que ce soit toi ou Chloé, je peux dire que vous avez changé ma vie.

  Nos discussions, ta bienveillance, m'ont amené à réfléchir sur ce qu'était mon existence avec PJ. Je me suis rendu compte que ce que je voulais, c'était me poser, construire vraiment quelque chose ensemble. Je te l'ai dit, mais je crois que je suis tombée amoureuse de toi...

  A ces mots, je ne peux m'empêcher de rougir. Elle reste toujours aussi cash dans sa façon de dire les choses. Mais sa réaction corporelle envoie un autre message. Elle fuit mon regard, le son de sa voix diminue, s'achevant presque en soupir.

  ...Sauf que tu aimais Chloé.

  - C'est pour ça que tu as décidé de coucher avec elle, tu t'es dit que de cette façon, tu aurais la place libre !

  Elle me regarde choquée, presque terrifiée, puis s'écrit :

  - Non ne pense surtout pas ça de moi. Je ne suis pas machiavélique comme cela. Ce qui s'est passé avec Chloé, c'était un moment d'égarement, une pulsion auquel ni elle ni moi n'avons su résister. Même si je reconnais que j'en ai été à l'initiative, il n'y avait aucun calcul de ma part, juste prendre du plaisir avec la plus belle femme qui ait partagé mon lit. D'alleurs si mon but était de vous séparer, j'aurais tout fait pour que cela se sache, or je l'ai caché y compris à PJ. Et pourtant il avait senti quelque chose. C'était la première fois que je n'étais pas franche avec lui.

  Je me rappelle effectivement que Pierre-Jean m'a fait part de doutes à cette période. Elle dit peut-être la vérité. Elle reprend alors :

  - Je sais que j'aurais dû me contrôler, avec le recul, je me rends compte que ce qui s'est passé ensuite découle de ce que nous avons fait Chloé et moi cette nuit là. Mais sur le coup, ça a été si bon, si inattendu. Pour te dire la vérité, j'ai conseillé à Chloé de ne rien dire et de garder le secret. Mais elle culpabilisait trop pour cela. Je pense que vous êtes bien les mêmes. Donc quand elle est venue me voir avec cette idée de trio, j'ai tout de suite acceptée. D'une part, je t'avoue que j'avais envie de goûter à tes charmes et de l'autre, l'idée de retrouver la douceur de Chloé ne me laissait pas indifférente. Le problème c'était que je devais le cacher à PJ, parce que là, j'allais vraiment à l'encontre de ses plans. Je pensais que nous avions été assez discrètes, je me trompais manifestement. La suite tu la connais. Ce que je peux te dire, c'est que quand je les ai surpris, ce qui m'a fait le plus mal, ce n'est pas de voir Chloé céder à PJ, mais c'est surtout la souffrance qui en résulterait pour toi. J'en ai d'ailleurs voulu à Chloé sur le moment. Je l'ai même incité à ne rien te dire, tout en sachant que ça sortirait à un moment ou un autre, histoire que son hypocrisie soit révélée. Je dois dire qu'elle est remontée dans mon estime en choisissant l'inverse. Je pense qu'elle s'est vraiment laissée dépasser par les évènements de la soirée. Mais je comprends que tu nous en veuilles à tous.

  En tout cas, personnellement, ça m'a amené à remettre en question ce que je voulais faire de ma vie. Dès le lendemain, j'ai décidé de quitter PJ et maintenant mon objectif, c'est de vivre pour moi et pas à travers quelqu'un et si je dois bâtir une relation de couple, je voudrais qu'elle ressemble plus à celle que vous avez toi et Chloé.

  - Tu parles, tu devrais dire celle que vous aviez !

  - Je pense que ça dépend de toi. Qu'est-ce que tu comptes faire.

  - Là je n'en sais rien, me reposer, je pense, puis faire le point pendant quelques jours, j'ai plein de noeuds dans ma tête à défaire.

  - Je comprends, si tu veux, je vais te laisser. J'espère que mes explications seront suffisantes pour te dissuader de me rayer totalement de ta vie, mais tu devais connaître ma vérité. Je te souhaite bon courage, sache que je suis de tout coeur avec toi. Tu resteras à jamais l'homme qui m'a permis d'avoir une meilleure image de votre sexe et rien que pour ça, je t'en remercie.

  Ses mots me touchent. Pendant qu'elle franchit le seuil de ma porte, je me rends compte que je n'ai pas vraiment envie de rester seul dans cet appartement avec mon chagrin, à ruminer sur mon malheur, me refaire en boucle l'intégralité de ces derniers jours, affronter le silence. Je me précipite à la porte et l'arrête dans un cri.

  -Cynthia, tu veux bien rester encore un peu.

  Elle se retourne, dans le couloir, des larmes coulent en silence de son visage. Elle devait les retenir depuis un certain temps, afin de me les cacher. Un sourire s'illumine au milieu de l'eau qui dégouline le long de ses joues.

  -Avec plaisir Thomas !!!

  Elle revient doucement vers moi, je ne la lâche pas du regard, je ne peux m'empêcher d'admirer sa beauté, rehaussée par la fragilité qui l'habite à cet instant. Je sens que mes mots ont changé la dynamique qui était présente jusqu'ici. Je les ai lancés sans réfléchir. Mais quel est mon but en voulant qu'elle reste ? Avoir une amie présente, ou plus ?

  Lorsqu'elle arrive à mon niveau, le temps semble suspendu, seul existe ses yeux bleus dirigés légèrement vers le haut pour croiser les miens. Je sens qu'elle espère que quelque chose se passe et pourtant je n'ose pas sortir de l'ambiguité. D'abord il y a Chloé, je ne suis pas totalement au clair avec elle et puis je ne suis pas sûr que pour se reconstruire, Cynthia ait besoin d'avoir un mec fracassé par la vie comme je le suis actuellement. J'en suis là de mes doutes qui j'imagine se lisent sur mon visage quand sa main vient délicatement se poser sur ma joue.

  -Qu'est-ce que tu veux faire Thomas ?

  La sensualité qu'elle dégage dans ces quelques mots fouette instantanément ma libido. Je crois que j'en ai marre de toujours tout contrôler, toujours anticiper, penser à ce que cela fera aux autres. Qu'est ce que ça m'a apporté jusqu'ici ? Qu'est ce que je veux faire ? A ce moment précis, je veux m'oublier dans ses bras, lui faire l'amour toute la nuit et ne penser à rien d'autre. Doucement, centimètre par centimètre, tout en lâchant pas son regard, nos lèvres se rapprochent, je sens son souffle sur mon visage, jusqu'à ce que sa bouche vienne se poser sur la mienne, à moins que ce ne soit l'inverse, je ne sais pas vraiment et qu'importe. Nous rentrons ensuite emmêlés dans l'apppartement et nous dirigeons tout en faisant tomber nos habits sur le sol vers ma chambre.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire fonebone ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0