Chapitre 1 LE PROJET OCTOGONE 136

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-mais monsieur james, vous ne pouvez pas continuer à vous opposer au directeur general Bruno LUTETE de la société  EPC (Établissement Privé de construction) au sujet du projet OCTOGONE 136

-et pourquoi cela? Répliqua James

-juste pour la simple raison que monsieur Bruno et sa société sont bien plus expérimentés que la nôtre 

–fichtre! Nous ne sommes pas moins expérimentés qu’eux quand même, donc il faut que tu arrêtes avec ton pessimisme et que tu donnes de la place au travail et à l’audace monsieur!

James TANSI avait un caractère qui forçait non seulement l’admiration mais aussi de la réticence, c’était quelqu’un de très difficile à cerner et à comprendre: parfois compréhensif parfois colérique, parfois gentil et parfois méchant, c'était quelqu’un de bipolaire. Néanmoins, derrière cette carrure d’homme à corpulence modérée se cachait une certaine peur constante… il n’avait peur de personne, ni même du Président de la République, il n’avait que de se voir non respecté par ses convives et qu’ils le regardent d’un œil de supériorité 

la faiblesse et l’abandon, la peur du risque et des hommes, la réticence et la dépendance, tels sont les mots qui n’existaient pas dans son vocabulaire, très réservé, très attentionné au moindre détail de ses projets et de sa société SPC (société privée de construction) c’était un homme qui ne vivait que pour son travail et son ambition de marcher sur tout le monde.

la perte prématurée de sa femme a transformé dans un temps record l’agneau en loup très  solitaire à une vision du monde où absolument tout est centré sur son existence et sa quête effrénée du pouvoir, Pour sa personne l’amour, le bonheur, la politesse n’étaient qu’une utopie qu'il fallait nécessairement éradiquer de la société; 

- monsieur? Demanda Vincent, son directeur de projet. Je sais que vous êtes le Directeur Général de cette société, donc forcément vous devriez connaître mieux que moi les potentialités qu’a cette dernière 

-indubitablement ! Et je sais avec pertinence que le projet OCTOGONE 136 sera bien géré par notre société de construction.

-vous trouvez votre force dans votre pertinence mais jusqu'où elle vous mènera...?

James cogitait seul dans son bureau sur la façon dont il allait faire savoir au Président de toutes les sociétés privées du pays, monsieur Albert MULAMBA qu’il n’était pas d’accord au sujet de la décision qu’il a prise : donner le projet OCTOGONE 136 au DG Bruno
Le projet OCTOGONE 136 est un nom de code désignant le projet secret, non porté au public de façon momentanée et pour des raisons d’ordre politique, que le gouvernement congolais représenté par son ministre de l’infrastructure et travaux publics devrait remettre à une société privée compétente qui sera préalablement choisie par le Président de toutes les sociétés privées, monsieur Albert pour la construction d’une cimenterie publique et qui en catimini aux sous-sols aura une base militaire pour les entraînements accélérés des nouvelles unités d’élite congolais, raison qui justifie sa discrétion la plus totale vis-à-vis de l’opinion publique. Ce qui serait sans doute le plus gros projet de construction de la société qui l’aura comme marché
-Bonjour Patron ! disait une voix féminine qui interrompit James dans sa cogitation.
-Bonjour mademoiselle Jeanne, j’espère le jour vous est favorable ?
Mademoiselle Jeanne, comme l’indique la douceur à caractère classique de son nom, était une femme de talent dont l’intelligence et les belles prouesses lui ont été d’une grâce incalculable dans l’évolution de sa vie professionnelle ; elle était d’une beauté qui ne laissait personne indifférent pour ceux ou qui avaient le bonheur ou le malheur de la fixer du regard, ses lunettes grises laissaient transparaitre une femme de valeur, dotée d’une intelligence inégalable, la couleur de sa peau telle un serpent après la mue ; Ses lèvres étaient dessinaient avec une précision chirurgicale sur son visage, ses cheveux étaient enroulés entre eux exprimant la femme respectable et responsable qu’elle était.
-Oui monsieur, et je l’espère pour vous aussi, Vincent m’a parlé tout à l’heure du projet d’Etat top secret OCTOGONE 136 et j’aimerais avoir quelques précisions là-dessus, si possibilité il y’a.
-Il y’a toujours eu des possibilités, madame la directrice financière c’est juste que vous êtes juste trop faibles de caractère pour vous rendre compte de l’ampleur de notre force, vous savez ce que je pense à ce sujet mais vous voulez juste l’entendre sortir de ma bouche.
-Vous vous trompez sur toute la ligne patron ! je ne suis pas pessimiste mais réaliste, et en ma qualité dans la direction financière, je suis certaine que nous allons bien nous défendre une fois le projet entre nos mains, néanmoins je suis aussi sûre que le marché sera donner à monsieur Bruno, sa société est plus vieille et plus expérimentée que la nôtre.
-Fort bien, cela est vrai mais je ne suis pas du même avis que tout le monde !
-Et vous comptez tenir tête à monsieur Bruno, dit Jeanne avec une voix baissée traduisant son incertitude dans la question, connaissant le caractère irascible de son Patron James
Une minute de silence s’écroula avant que James sorte de son champ de réflexion et reprit "tous savons où je veux en venir mais avant cela il me faudrait plus de souplesse et stratégie pour m’emparer de ce projet qui transformera nos vies en un claquement de doigt, vous verrez vous-même miss Jeanne". Puis il embrassa la porte et la ferma avec une délicatesse inhabituelle.

֍֍
James gagna le Boulevard du 30 juin où était garé sa voiture personnelle de marque GMC, une division du groupe américain Général Motors qui produit des voitures utilitaires de sport (SUV en sigle anglais).
-Où allons-nous Patron, questionna Rodrigue, son chauffeur et garde du corps personnel.
-Rodrigue, conduit moi dans un petit bistro, histoire de me changer les idées, je me sens un peu débordé par mon travail ces temps-ci...
Ils traversèrent tout le long du Boulevard du 30juin. Le soleil était torride malgré l’avancé de l’heure ; les capots des véhicules luisaient d’éclats des rayons solaires, la ville était plus calme qu’habituellement, on pouvait écouter avec effort les receveurs des bus communément appelés 207 criaient "500 FC KITAMNO MAGASIN !", "SOCIMAT MAYELE !" ou encore "MILLE MILLE GARE CENTRAL !" ; A quelques distances près on pouvait aussi écouter les gyrophares des cortèges d’hommes politiques ou des militaires de la FARDC ; Circulation des piétons par ci par là, la ville était le théâtre d’une scène sur laquelle chacun se débrouille pour trouver quelque à apporter tous les ventres affamés de ses enfants et de sa femme ; mentalité forte où la vie ne se cherche que par la sueur et le courage.
Assis sur une chaise d’un bistro, il sirotait paisiblement un jus de fruit et restait parfois immobile et pensif pendant de très longues minutes ; Cet homme ne vivait que pour son travail ; le divertissement, le sexe, l’amour et toutes théories pacifistes n’avaient aucune emprise sur lui, "il vivait pour travailler et il travaillait pour vivre !"
"Alors, bien le bonjour monsieur, puis-je me joindre à vous ?" disait une voix d’homme que James ne reconnut point.
-"Qui êtes-vous ?" retorqua t-il de manière réactionnelle.
-Calmez-vous monsieur, je vous ai vu bien seul et je voulais juste vous tenir compagnie, mais je pense que ma présence a créé quelque de très mauvais, de la mal aisance.
-NON MONSIEUR ! veuillez excuser mon impolitesse, prenez place à votre guise.
-"Bien merci, et comment on vous appelle" questionna l’inconnu d’un curieux désintéressement. "James, TANSI James et vous-même ?"
-Je répond généralement au nom de Pierre, LIMBAUD Pierre, alors qu’est-ce qui a conduit notre jeune James à une situation aussi accablante ayant pour conséquence de le faire boire un verre tout seul et très pensif dans ce bistro ?

James lança un léger sourire et sans trop réfléchir répond de façon directe "MA FEMME EST MORTE IL Y A UNE ANNEE DEJA". "Par conséquent je hais la vie ainsi que ses composantes parce qu’elle a été ingrate et non patiente avec moi"
-Désolé, je ne savais pas ! c’est bien tragique votre histoire, et pourquoi n’avez-vous jamais songer à trouver quelqu’un d’autre, KINSHASA est rempli de belles dames prêtes à sauter sur un homme aussi beau, stylé et bien éduqué comme vous
-Je sais qu’elles me veulent ! James laissa voir un sourire charismatique sur ses lèvres et continua avec une sérénité très légère "mais est-ce que moi je les veux ? tel reste le gros point d’interrogation qui plane sur nos têtes, mon frère"
-L'ego passe de l'extrême de la mégalomanie à l'expression la plus claire de son impuissance et de sa fragilité ; de l'amour excessif de soi à l'autodestruction ; de l'amour des autres à la haine annihilante de l'étranger. Tout cela a un nom : "le narcissisme". Il faut voir le côté évolutif des choses, tournez la page, car s’apitoyer sur son sort ne fera que te ronger de l’intérieur, ainsi ton présent ne sera que le reflet du miroir de ton passé
-L’avenir et le bonheur, que des utopies ! Qu’y a-t-il en dehors au présent ? Tel l’écho des mots dans un puits sans fond et qui reviennent obscurcis, énigmatiques. J’ai très souvent cherché quelque grain d’amour dans un champs de haine et de maltraitance
-Vous avez cherché seulement, et vous n’avez pas trouvé parce que vous n’avez pas voulu chercher, faire et vouloir sont deux choses différentes, bien que le destin soit capricieux et que le tenter soit imprudent, l’audace et la force d’avoir les rênes de sa vie doivent primées !
-"Merci !"dit James en se levant de son siège "mais je préfère économiser mon audace et ma force pour quelque chose de plus important que mes pulsions et mes émotions, monsieur je ne crains que dans mon état actuel ma compagnie ne soit de plus déplaisante, sur ce je prends congé de vous, et j’espère vous revoir dans très peu monsieur Pierre, mon étranger confident".
-Tout le plaisir est pour moi, mon cher ami ! Place à la raison et à l’objectivité.
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