Agent K717
AGENT K-717
"La partition du groupe Edéniste était prévisible bien avant qu'elle n'ait eu lieu, aux abords de 2050.
Les puissances industrielles traditionnelles avaient fusionné dans un seul gouvernement mondial, en premier lieu dans l'optique d'apporter une réponse collective à l'impératif du moment, qui était la lutte contre les successives pandémies meurtrières et la gestion des flux de refugiés, refugiés de guerre, et des , beaucoup plus nombreux, refugiés climatiques.
Une gouvernance collégiale avait été, dans un contexte globale de raréfaction des ressources, la solution la plus praticable.
De plus, les puissances industrielles s'étant transformées en technocraties: la plupart des innovations de scientifiques, ingénieurs ou inventeurs avaient été raflées par les grands groupes financiers, états puissants au sein d’ états moribonds. Ces organisations transversales comptant plus d'aspirants à leur citoyenneté que de citoyens, s'étaient hatés de les breveter, cadenassant des licences et des droits qui étaient ensuite protégés par de hautes murailles barbelés les cloitrant à jamais dans le domaine privé.
Le cartel militaro-industriel avait ainsi, sur des décennies, fait passer les plus grandes découvertes dans le domaine des Neurosciences, des Biotechnologies, de l'Informatique et des Sciences Cognitives dans la sphère occulte de l'ultra-secret, auquel l'indélébile tampon "Defense" avait été apposé.
Le domaine public, et la société civile, avaient été volontairement privés des informations auxquelles ils auraient du avoir accès si l'idée d'interet général et bien commun, se matérialisaient vraiment en période-post electorale au lieu de rester dans l' illusion féerique du scrutin, au même titre que les lutins, les fées et les barbus en costume rouge.
Le citoyen lambda, qui avait réellement pensé, à défaut d'être au coeur des préoccupations des candidats et des élus, posséder un quelconque pouvoir d'agir grâce à l'empowerment utopique dont il avait bénéficié entre les années 90 et 2000, avait déchanté dès les années 2020. La démocratisation de l'information, de son partage et sa libre circularité au début de l'ère numérique, et le vent de liberté apporté, n'avait été qu'un mirage collectif. Mais mirage efficace.
La moindre interrogation? La réponse était aussitôt déroulée sur la toile, sur des dizaines de pages , dans plusieurs variantes parfois contradictoires donnant l'illusion du débat. Des révolutions avaient été organisées à la force du clic, des réputations détruites et d'autres, au contraire, crées de toute pièces. Le pouvoir semblait n'avoir jamais autant appartenu au peuple, qui regardait à présent- pauvre peuple parvenu- de haut l'époque des encyclopédistes durant laquelle le savoir était confisqué et thésaurisé par quelques scriptes, sans réaliser qu'eux-même subissaient la même éviction des zones réelles de pouvoir, qu'étaient l'information et le savoir.
Dès 2035 le domaine militaire fût le premier à comprendre le potentiel illimité et démiurgique du secret, autour des découvertes scientifiques et technologiques les plus avancées, en terme de manipulation et domination. Car là résidait le vrai pouvoir, bien plus dans l'omerta que dans les avancées technologiques aussi éminentes soient-elles.
Un groupe cible fût désigné comme cobayes humains pour les expériences nécéssaires à la mise au point de ces innovations, à la pointe du progrès. Des listes secrètes fûrent ensuite dressées. Souvent de façon arbitraire: des lanceurs d'alerte un peu trop alertes, des militants ecologistes trop virulents, parfois de simples dénonciations non fondées de citoyens faisant l'objet de la jalousie ou vindicte de leurs pairs. Seuls les terroristes en herbe avaient parfois tendance à disparaitre de ces listes, notamment les éléments les plus prometteurs car ce groupe social était souvent recyclé pour les besoins d'actions de terrain.
Les décideurs, autrement dit ceux qui finançaient ces programmes, restaient tapis de l'ombre. Nul ne les connaissaient, et leurs desseins étaient encore plus obscurs. Ils avaient réussi là où même le diable avait échoué: faire croire au quidam qu'ils n'existaient pas. Quiconque les évoquait était aussitôt taxés de l'étiquette honteuse de "complotisme".
Tout au plus, trouvait-on la trace, en filigranne, de ce conglomérat de décideurs dans le regard biaisé des médias, chargés d'orienter habilement l'opinion publique.
Les premiers cas de Havana Syndroms, correlés à la cybertorture et à une forme aussi furtive qu'efficace d' élimination sociale déjà pratiquée seculairement dans certaines cultures comme sanction et mise au ban du groupe, apparurent simultanément dans les bassins territoriaux majoritairement occupés par les populations édenistes.
Outre la cybertorture, les groupes cibles, volontairement isolés individuellement, subissaient des dénis de droit, de justice , de services et autres atteintes à la personne, ainsi que des menaces et intimidations dont il était impossible d'identifier clairement celui, ou plutôt ceux qui les perpétraient.
Plus rarement, on retrouvait aussi parfois dans ces listes occultes d'anciens agents et employés repentis des renseignements généraux, ou encore des scientifiques dissidents refusant de voir leurs découvertes détournées de leur objectif curatif et préventif, initial.
Au fur et à mesure des années, et malgré les pertes civiles liées à ce ciblage qui en isolant les cibles avant de systémiquement les liquider, empêchait toute association de victimes d' émerger puisque seuls subsistaient dans la durée, les agents infiltrés se faisant passer pour des victimes,
des voix commencèrent à s'élever avec persistance pour dénoncer ces abus.
La pierre angulaire de ce système reposant sur l'idée de communauté, des années d'observation dans le cadre libertaire de la démocratisation numérique avaient permis grâce au succès immédiat des réseaux sociaux, de comprendre comment s'organisaient et fonctionnaient les "tribus modernes" , et surtout de subtilement saisir les mécanismes de viralité et circulation de l'information en leur sein.
A la fois famille extra-élargie et groupe social régis par des codes identiques à ceux des états, avec un referentiel de valeurs morales et éthiques partagés, des tribunaux et assemblées participatives informels, des mécanismes de sanctions ou au contraire de validation, une hiérarchie et une organisation interne leur étant propres,
la communauté était l'échelle, ou corps intermédiaire, qui interessait véritablement ces puissants conglomérats de l'ombre.
Les édenistes étaient une minorité qui avaient eu le mérite de trés rapidement s'organiser économiquement et de devenir une force politique incontournable sur l'échiquier national.
Mais les valeurs qu'ils portaient, s'accomodaient de plus en plus mal du modèle prétendumment démocratique, alors en place, et inquiétaient beaucoup en raison des dérives rigoristes.
Leurs dogmes présentaient la particularité de changer suivant l'interprétation qu'on en avait. Ainsi il était souhaitable qu'une femme se couvre le chef, soit à l'aide d'un voile ou d'une perruque, même lorsque le mercure grimpait si haut qu'il devenait difficile de supporter sa propre masse capillaire. En revanche, on appréciait qu'une femme présente un visage nu et sans artifice, comme si le naturel avait des zones précises et cartographiées dans le corps féminin.
L'humilité et la pondération étaient des traits de caractère recherchés, y compris en milieu professionnel face à des collègues masculins autorisés à afficher ostentatoirement leur jubilation à la moindre, fût-elle médiocre, réussite. Comme partout ailleurs, la femme devait être "sous contrôle".
C'était cependant une communauté forte et solide, implantée par vagues migratoires successives depuis des centaines d'années sur un territoire qu'elle avait aidé à batir. Elle était à la fois crainte, admirée et jalousée, parfois même haie au point de régulièrement servir de bouc-émissaire aux différents échecs des politiques publiques en leur direction.
Le sénateur Fontaine fût le premier à entrevoir le potentiel que lui offrait son capital social si avantageux, et associa ses représentants les plus populaires, des présidences associatives aux personnalités en vue, à la plupart de ses campagnes de pacification. Reconnaissance publique qui lui valut une adhésion sans réserve.
L' ascension de cette communauté connut dés lors deux trajectoires: l'une visible au sein d'institutions, sociétés privées, établissements publics, organismes internationaux où elle fût de plus en plus représentée, à des niveaux de responsabilité de plus en plus élevé. Digne et méritante, régulièrement citée en exemple.
Puis une autre, secrète, plus larvée, au travers de sa pègre, car comme dans toutes communautés ou organisations sociales, chacun des deux extremes, le fleuron de la méritocratie comme le background mafieux, avait son utilité.
Le marché des cobayes humains et la sous-traitance du gang-stalking et de la cybertorture représentant un marché informel florissant, les investissement affluèrent massivement quand l'occasion se présenta. Sans état d'âme, comme l'esclavage en son temps.
La seule solidarité qui subsistait à ce moment là, quand les liens familiaux, claniques, matrimoniaux, religieux, ethniques s'effondraient, était la solidarité de classe réunissant les pionniers dans le même "doux" commerce.
Ceux qui avaient le capital social et financier leur donnant accès à une information et un marché encore confidentiels, une niche.
Certes, les mafias edenistes et les quelques afrodescendants admis, n'avaient accès qu'à la partie opérationnelle du modèle économique: la filature, les theatres de rue, campagnes de bruit, sabotage, intrusion à domicile et autre intimidations ayant pour but de déstabiliser la victime, avant le stade fatidique de la "décomposition".
Mais si le gang-stalking était un système de triangulation visant à encercler la victime, la cerner de tous les côtés en ne lui laissant suivant l'art de la guerre que l'issue qu'on voulait la voir prendre afin de mieux la piéger,
ce triangle supposait une base et une hiérarchie. Les cercles mafieux issus des dernières vagues migratoires, méprisés du haut de la pyramide, étaient encore à la base, tout en intégrant très vite les codes du "métier".
En haut de cette pyramide se trouvait des cercles totalitaires plus expérimenté, d'une cruauté froide et sanguinaire. Composé de tout ce que la pègre pouvait compter de politique, policiers, militaires, élus, journalistes regroupés en factions de gangstalkers, ils pratiquaient la cybertorture aussi bien récréative que génocidaire, via des agressions satellitaires, par voix intracraniennes et ondes éléctromagnétiques.
Cette mafia fasciste étaient elle-même la lie, du triangle dont ils étaient la base. Et ainsi de suite. L'ultime sommet n'était visible d'aucun de ceux avec lesquel l'agent 717 avait pu être en contact."
Certains, cependant, parmi les minorités visibles évoluant dans l'univers informel du crime organisé, visait le plus haut sommet de l'échelle sans considération pour leur milieu d'origine, auquel ils ne se sentaient que trés vaguement lié. L'agent k-717 était arrivé dans ce monde/secteur d'activité un peu par hasard, enchainant successivement les petits jobs de receleur, faussaire ou encore de gros-bras pour des trafiquants notoires. Le marché noir des cobayes humains étant encore ultraconfidentiel, il se hissa dabord, après avoir fait ses preuves, au niveau le plus accessible. Celui de chef de secteur, en charge de recruter les agents pérpetrant des dénis de services et et de justice dans le quotidien d'une personne ciblée, tout en portant atteinte à ses droits: Elus federaux, magistrats, Directrice de banque, employé de poste ou d'un fournisseurs d'accès à l'énergie ou de télécommunications, Travailleurs sociaux, directeurs d'écoles, professeurs, fonctionnaire de police ou pompiers, employés municipaux, d'hopitaux,.... Inflation rimant avec corruption, la libre coopération de ces derniers n'étaient pas difficile à obtenir. Ni celle de collègues, voisins, amis et membres de la famille.
Cette activité apportait de nombreuses satisfaction, en particulier sur le plan matériel, sans majeur inconvénient: les cibles ayant été officieusement placées sur des listes noires para-gouvernementales, leurs plaintes n'entrainaient aucune poursuites. Les éliminer comportait même moins de risques que le recel, ou la vente d'opiacées, bien que ce secteur était appelé à évoluer en raison de projets de lois abrogeant leur interdiction.
Les missions étaient répétitives et consistaient pour la plupart à rendre la vie de la cible la plus insupportable possible à travers des fraudes repétées sans possibilités de réparation ou dédommagement, puisque tout l'écosystème était complice. Le climat continuel de harcélement otait progressivement toute résistance à la cible, rendant le boulot encore plus soporifique. Mais certains se révélaient dans l'adversité, et loin d'être des pignatas géantes, renvoyant parfois par effet boomerang, une risposte qui aurait dû être dévastatrice pour leur organisation, si leur crime n'était couvert en haut-lieu.
Il était alors recommandé de pousser plus loin le recrutement, jusque dans l'entourage de la cible. Les équipes lançaient souvent des paris sur le temps qu'il faudrait à un mari pour partaciper à la traque de sa propre épouse, voire son enfant. Ou sur le temps moyen de dislocation des liens familiaux, une fois cette sphère infiltrée. Mais aucun d'eux n'avait de doute sur le principe sur lequel se fondait leur modus operandi: Les êtres les plus proches de la cible, avaient aussi un prix. Et ceux qui n'étaient pas à vendre, echappaient peut-être à la loi de l'offre et la demande, mais pas aux lois physiques de la vie et la mort.
Lorsque le supérieur de K-717 l'informa d'une place vacante- un repenti parti faire pénitence dans l'au-delà- au sein des équipes dédiées à la cybertorture, une cellule chargée de la torture éléctromagnétique depuis les murs mitoyens du lieu de vie de la cible, il se positionna aussitôt dessus.
Ces ondes incapacitantes, étaient capables de déclencher des cancers en un temps record, des AVC quasi immédiats, des lésions cérébrales irreversibles. Les cibles se plaignaient auprès de medecins, n'y comprenant rien, de symptomes les invalidant durablement. Les pathologies provoquées par des facteurs exogènes, passaient pour des affections endogènes que les spécialistes, même les plus pointus, cataloguaient dans la categorie fourre-tout des "maladies orphelines" ou psychosomatiques.
Combien de cibles, dépassées et esseulées, se jettèrent dans le froid matinal et glacé du lac, afin de n'avoir plus à affronter de lendemains douloureux? Leur nombre était probablement plus élevé que celui imaginé, mais K-717 avait été témoin d'au moins une dizaine d'entre eux, en lien avec le harcélement infligé. Sortie de dispositif positif. Prime collective, et individuelle pour l'agent le plus impliqué dans cette réussite.
Sa candidature auprès de la cellule de cybertorture, fût bien entendu suivi d'un entretien. Il rejoint le supérieur qui l'avait copté, dans un bar huppé du 8ème arrondissement. Malgré sa mise extremement soignée, k-717 dont la qualité première devait être sa capacité à se fondre dans la masse, était encore parfaitement identifiable comme étranger à ce lieu de socialisation. La jeunesse dorée fréquentant ce bar portait des vetements simples et débraillés, dont le prix représentait le triple de son complet italien.
Le recruteur parla le premier. L' effaceur ne lui adressa jamais directement la parole. Son recruteur qui l'avait chaudement recommandé, répondait à toutes leurs questions, avec l'habituelle assurance qui le caractérisait. K -717 fût ensuite autorisé à echanger des banalités avec le recruteur sur sa perception du métier et sa motivation, ses trois qualités et défauts, le folklore habituel des entretiens conventionnels. Le recruteur hochait la tête en prenant aléatoirement quelques notes: seule son attitude l'interessait. Le recruteur s'éloigna ensuite avec son supérieur au motif impératif de parler d'une affaire sensible et confidentielle. K-717 se retrouva donc seul, face au mutique effaceur et au sentiment diffus que le véritable entretien venait de commencer:
- Vous m'autorisez à vous lire?
- Je vous demande pardon?
Il sourit sans découvrir ses dents, ni même bouger un seul muscle du visage. Une lueur ironique et glacial traversa à peine son regard impitoyablement froid.
- Votre mémodio présente une étrange particularité: il est complétement lisse.
- Je ne vois pas ce que vous voulez dire....je suis désolé.
K-717 sursauta intérieurement , sans nulle autre trace qu'une insivible empreinte. Il pensa ostentatoirement: entretien, promotion, avantages, rémunération....Il avait même intercalé dans cette liste suffisamment longue et anarchique pour faire illusion, une petite amie, vénale et frivole, justifiant de régulières dépenses et la nécéssité d'une promotion.
- Elle s'appelle comment votre petite amie? demanda tout à coup l' effaceur.
- Léa! répondit K-717 en mimant à la fois surprise et décontraction virile, une vraie pompe à fric!
L'effaceur détendit visiblement ses zygomatiques, et se hasarda même à ricaner faiblement:
- Comme toutes les femmes, du reste...en tout cas, celles qui existent!
K-717 garda prudemment le silence, tandis qu'il poursuivait:
- Vous êtes trés doué. Votre plasticité cérébrale est remarquable! Je dois l'avouer.
- Mais enfin, de quoi parlez-vous? insista k-717 avec assurance.
- Vous le savez trés bien!
- Ok, c'est pas moi qui vous jugerai...même si tout ceci devient trés bizarre. Je ne veux pas vous juger. Je sais pas de quoi vous parlez, mais c'est cool, ça me va!
- Il ne s'agit pas de juger mais de penser. L'acte de penser est trés instructif et implique, dans une interaction normale de s'interroger sur les aberrations discursives du locuteur qui nous fait face. Or, votre premier reflexe a été de penser à une petite amie imaginaire au lieu de vous inquiéter de mon discours ...."décousu", c'est bien ça,
- Je ne dois pas être trop curieux! tenta K-717 de plus en plus acculé, il vaux mieux pas dans ce métier.
Il ne se départit pas de sa tranquillité surfaite et travaillée. C' était une autre de ses compétences, devenue habitude à force de pratique. Il avait une particularité: personne ne pouvait lire dans sa tête. Sa pensée profonde était protégée par un flot de pensées moyennes qu'il avait appris à moduler. Il était indetectable.
- Et comment va l'autre femme de votre vie? Votre mère?
Là, K-717 ne put reprimer à temps le mouvement occulaire trop rapide qui lui échappa. Stupeur? stupéfaction et peur? Il n'avait pas eu le temps d'adapter assez vite sa pensée de surface. Cette fraction de seconde, ce bref moment de décomposition, pouvait l'avoir trahi.
- On dit que les illisibles ne survivent pas plus de 3 à 5 ans dans ces camps de rétention. Vous le saviez? Ils disent que ce sont des asiles pour fous, mais bon...on connait, dit l'effaceur en avalant une olive noire.
K-717 garda prudemment le silence , en réponse à sa froide et gourmande impassibilité. L'effaceur prenait un plaisir grossier à parler la bouche pleine:
- Vous n'avez fait que votre devoir citoyen. Vous n'avez pas à vous en vouloir! Mais pourquoi ne l'avoir fait qu'à moitié? Il eût fallu vous signaler aussi, non?
- Que voulez-vous? , demanda t-il finalement, préférant jouer carte sur table.
- Beaucoup parmi nos agents de terrain de premier niveau,comme vous et l'équipe que vous encadrez à merveille- vos chiffres sont remarquables- savent qu'il existe une unité de cybertorture, mais peu savent vraiment quelles sont leurs attributions.
Les ondes incapacitantes (............................DECRIRE.............) ne sont qu'une infime dimension de tout ce que nous sommes capables de faire. Je ne vais pas faire semblant de vous apprendre ce que sont les outils comme la télépathie synthétique , l' interface cerveau-machine et compagnie. Nous avons lancé une nouvelle activité souterraine, une sous-traitance spéciale et confidentielle. Nous cherchons de nouveaux talents et votre don, ainsi que votre agilité peuvent particuliérement nous interesser. Nos cibles sont exclusivement des illisibles, des personnes qui échappent pour une raison qu'on ignore encore, aux technologies de lecture de pensée. Oubliez les dissidents, activistes, lanceurs d'alerte, ect...ils ne seront jamais aussi nuisibles qu'un illisible, même bien intégré. Je ne parle pas de vous, n'ayez crainte. Je comprends votre réserve. Comprenez aussi que nous ne pouvons les combattre, sans les comprendre. Nous avons nécéssairement besoin de profils aussi...précieux que le vôtre, pour y parvenir. Voulez-vous vous joindre à nous?
L'effaceur lui tendit la main.
- Je suppose que vous ne me laissez pas le choix. C'est avec vous ou contre vous?
K-717 saisit la main de l'homme, scellant leur accord.
- Votre remuneration sera sans commune mesure avec celle pour laquelle vous postuliez. C'est comment dejà....Léa? Elle sera ravie.
Il rit à gorge déployée, en secouant sa main avec poigne.
Cela semblait être le signal qu'attendait le faux recruteur, et le supérieur qui avait organisé ce recrutement innattendu. Les deux le félicitèrent chaleureusement, et portèrent un toast à sa nouvelle promotion, sans en aborder les détails.
Sur le chemin du retour, dans sa déambulation lente et sinueuse entre les allées de la capitale, semblables aux galeries d'un gruyère, K-717 repensa au sourire glauque de l'effaceur dont il ne sut jamais pourquoi il était appelé ainsi, puisqu'au final, il était le véritable recruteur. Ce dernier avait fait remonter en lui un souvenir qu'il avait essayé d'effacer toute sa vie durant: le regard embrumé et désorienté de sa mère, la brève douleur qui crispa son beau visage à l'ovale d'une douceur parfaite, quand elle comprit. Et enfin, le pardon qui accompagna l'acceptation de son tragique destin. Il dut lutter toute sa vie contre cette insoutenable bonté dans le regard qui le paralysa tel un dard ambré. Ce jour-là, une partie de lui resta figée, comme l'adolescent qu'il était alors, pétrifiée par sa propre trahison et crucifié par l'immediat pardon sacrificiel de sa mère. C'était elle ou lui. Il n'avait pas eu le choix. Il s'était choisi. Une marée fauve l'encerclait depuis, menaçant de l'engloutir, l'anéantir à tout instant.
Le sourire carnassier de l'effaceur le lui avait rappelé ce soir: cette vie que sa mère lui avait donné par deux fois, ne lui appartenait désormais plus. Lorsqu'il intégra le cercle, c'est ainsi qu'était nommé entre initiés le pôle de contrôle des opérations psychotroniques d'ultra-surveillance, qui comprenaient des actions invasives sur le cerveau des cibles via neurotechnologie, et des actions de manipulations visant à les conduire aux portes d'une folie ambre.
Ce niveau de technicité était jalousement gardé par une communauté hermétiquement homogène qui ne s'etait jamais perçue autrement qu'en garante légitime de l'ordre établi et de la perennité des équilibres sociaux. Cette aristocratie du renseignement accueillit l'etranger dont il avait l'air avec condescendance, voire un franc mépris. Un des agents les plus ouvertement racistes ne lui adressait même pas les salutations d'usage. Parfaitement imbuvabe malgré les pintes d'alcool ingurgité aux heures de service, il s'appelait Bender.
Cette ultrasurveillance, doublée de moyens technologiques innovants et ignorés du commun des mortels qui accusait 30 à 50 ans de retard sur les avancées militaires et scientifiques, rendait l'état de guerre à la fois permanent et indétectable.
Lors de son allocution dans le contexte explosif de la première pandémie, le secrétaire général des états féderaux réunis, alors en fonction, avait bien repété à sept reprises le mot "Guerre". Mais tous avait imputé ce martélement sémantique à l'âpre combat que les médecins, infirmiers et aide-soignants devenus mercenaires de la santé ferraillant jours et nuits sur les premières lignes de front contre une forme inconnu et meurtrière de SRAS, qui décima la population mondiale de plusieurs millions de personnes, en cinq ans seulement.
En marge, les pires exactions étaient commises par un petit nombre d'experts ultra-entrainés dont je venais de rejoindre les rangs sur des cibles isolées, cobayes d'experiences médicales non consensuelles, allant des tests interface-cerveau-machine, des nouvelles molécules, des lasers ou tout simplement l'étude comportementale dans un contexte simulant l'effondrement. C'était aussi une guerre secrète, une guerre de territoire, contre la menace que ces profils ciblés représentait.
K-717 fut affecté dans un premier temps à l'unité Precrim, les illisibles étant par défaut des criminels dont l' éventualité du passage à l'acte ne souffrait aucune contestation.
- Bon, comme tu t’en doutes, c’est un programme occulte, au sens de caché hein…pas le truc de sorcier, façon Dr Dramé-amoureulogue heun…..
Il rit grassement, sans réaliser le racisme suintant de sa blague.
- “Je veux dire que c’est classé, en fait. D’ailleurs, je ferai bien de te faire signer la fiche de confidentialité” Il la lui tendit, avec un stylo en même temps qu’il prononcait ces mots. Donc , tu observeras bien vite que ce programme comprend différents aspects qui le rendent assez unique: pour ceux qui en douterait encore, il s'agit bien d'un programme "occulte" ou "classé" corroboré entre autres: -par les moyens mis en Oeuvre, par les moyens humains et le moyens technologiques issues d'innovations secret-défense, par le protocole appliqué similaire à des milliers de cibles à différents endroits du monde, par la coordination et le contrôle du ciblage, par l'omerta qui l'entoure, ainsi que la peur que cela suscite chez les non victimes, par la facilité à recruter des harceleurs et à leur faire commettre des actes criminels (on les fait quand même signer des clauses de confidentialité) et enfin par le fait que des technologies autres que le GPS sont utilisés pour tracer le gibier au mettre prés et à la seconde prés (implant, empreinte biodynamique etc)....T'as des questions? Non! Tant mieux! Au boulot!"
Il ne lui avait même pas laissé le temps de répondre, et lui tourna le dos en s'éloignant à grands pas.
Tout comme le pouvoir profondément enfoui dans les racines mêmes du pouvoir représentatif, celui qu'on ne voyait jamais, instrumentalisait les communautés les plus influentes à leur insu, les mafias communautaires avaient aussi leurs propres stratégies de contrôle social, leur assurant une domination complète sur une portion de territoire ou une part de secteur de l'économie informelle.
Ils exerçaient des pressions simultanées sur leurs proies et leurs environnements immédiats, afin de créer d'irréductibles antagonismes et une telle situation de stress et d'angoisse qu'émergeaient systémiquement les conditions d'une implacable guerre fratricide et une escalade de la haine, se nourrissant de leurs peurs respectives, là où il y aurait dû y avoir coopération suivant leurs us et coutumes.
Ces pègres communautaires étaient si douées qu'elles parvenaient à fractionner le tissu social, entrainant même des représentants d'associations afrodescendantes, autrefois idéalistes et combattifs, dans l'instrimentalisation de cas d'abus graves relevant du droit commun, à des fins de promotion personnelle.
Dans le cas de Guinée Ebode, un des cas d'illisibles les plus problématiques, ce réseau intermédiaire et souterrain s'était assuré que le plus emblématique activiste de la cause afrodescendante, après qu'ils l'aient contacté, rejoignent leurs rangs d'indics, et l'ayant adoubé, réaffirme le discours cousu de gros fils drus et mensongers, suivant lequel elle serait folle, et que les armes furtives dont elle parlait, armes militaires aujourd'hui homologuées, n'existaient pas.
Contrairement aux commanditaires distribuant les primes en cas de sorties positives, eux n'avaient aucun interêt à tuer. Outre le fait que cela allait à l'encontre de leurs principes, cela bousculaient aussi leurs interêts. K-717, étranger et insensible à tout cela, observait ce marché noir placidement. Il tolérait les double-facturation énergétiques, la surfacturation en eau, les régulières ponctions des comptes bancaires des ciblés, le détournement de leurs pretations sociales...A la condition que l'opinion publique ne soit jamais avisée du fait qu'une femme absente de son domicile pouvait voir sa consommation d' eau augmenter de 80 mètres cube en un week-end, sans fuite d'eau, ni explication logique.
Ou encore qu'un conseiller bancaire pouvait s'approprier le contenu du compte d'un particulier à la gestion saine, pour peu que ses équipes "arrosent" les bonnes personnes: aucune enquête ne sera lancée nulle part, et le dossier sera clos, sans l'ombre d'une poursuite judiciaire.
K-717 devait parfois intervenir dans des situations trés délicates. Il n'était pas fier d'avoir du recourir à des solutions extrêmes pour couvrir les abus de ses équipes "terrain" qu'une cible, particulièrement alerte, un fonctionnaire territorial, avait réussi à dévoiler. Il avait alors dû créer un chantier pour chaque membre de sa famille, en leur offrant les opportunités qu'ils souhaitaient, et en leur permettant d'accéder à des sommets leur parraissant inatteignables:
Qui l'amour fou d'une trop jeune et belle dulcinée aux formes affolantes, Qui une ascension professionnelle fulgurante dans les plus hautes sphères étatiques, Qui la renommée sur la scène internationale, le succès, la gloriole...Tous avaient refusé de revenir au point initial, après avoir goûté aux délices d'une vie facilitée par une main invisible et agissante. Ayant déjà trempé dans plusieurs subterfuges illégaux visant à harceler "gentiment", "pour la forme", leur proche, poursuivèrent leur belle lancée, en allant crescendo.
Ces proches bienveillants, niant les actions qu'ils perpétraient sur la cible, en lui conseillant même de demander de l'aide, de prendre soin de sa santé mentale, se sont au final tous retrouvés dans des situations les contraignant quelque soit leur regain de conscience ou remord, à continuer: Fraude fiscale, scandale sexuel, extorsion de fonds, escroquerie en bande organisée. Ils étaient, sous la pression de mafia communautaire, secondées des cellules "Precrim"/De renseignement, si loin qu'il leur semblait impossible, même en groupe, de venir lui demander pardon. Ils préféraient fomenter un complot interne encore plus glauque, quitte à faire peser sur la cible, leur proche, de fausses charges les dédouanant, aux yeux de la société, de leurs vrais crimes.
Non, K-717 n'était pas fier: ils n'avait pas gravi les échellons pour ce spectacle affligeant, car les tortionnaires dans leurs tentatives ridicules, tentaculaires et desespérés de piéger la cible, étaient pris à leur propre piège, comme une araignée s'emmelant les pattes dans sa propre toile, prisonniers de leur propre haine.
Ce qui l'interessait à l'exclusion de tout autre chose, c'était les mécanismes de surveillance et les imperceptibles leviers de ce jeu de traque, composé de deux catégories: Ceux qui savaient que cela reposait sur de la manipulation, et ceux qu'ils l'ignoraient.
Il ne pouvait s'empêcher de mépriser ces derniers. De ce qu'il avait observé, chaque information glannés par les indics-terrain et les agents Pécrim-Renseignements, était remontée vers les commanditaires, qui à leur tour, diffusaient de fausses informations, melées d'éléments réels dans le but de créer une émulation, invitant un maximum de personnes à participer avec conviction à la traque et à l'ingérence insidieuse dans la vie privée de la cible. L'infiltration d'initiatives de solidarité citoyennes comme "Voisins Smart" avait par exemple donné d'excellents résultats dans le cadre de campagne de calomnie et diffamation. Cela allait au delà du simple fait de livrer à un groupe servant de relais, à un autre groupe, et ainsi de suite, une personne désignée.
Cela s'inscrivait, et c'est le niveau que K-717 voulait atteindre, dans la maitrise de processus naturel plus vieux que le monde lui même, du moins le monde habité, et sur lequel l'homme avait enfin une prise: le détournement des ondes Alpha du cerveau humain, se situant exactement sur la même fréquence que la résonnance éléctromagnétique terrestre, afin d'asservir toute âme qui vive aux désirs, mais plus encore aux interêts convergents des commanditaires. La liberté devenait dans ce contexte une utopie inutile, comme l'était l'amour dans les mariages de convenance.
Quelle place dès lors pour le libre-arbitre? N'avait-il jamais été autre chose qu'une vaste farce illusoire? Si le monde se divisait entre les possédants et les possédés, K-717 était prêt sans état d'âme à servir le premier groupe, les observer, apprendre , maitriser leurs codes afin d' en être adouber et d'échapper à la condition servile de la deuxième catégorie.
( Suite TAPUSCRITE)
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La notion de COMMUNAUTE est au Coeur du crime organisationnel qu'est le harcèlement en réseau.
Prenez la au sens le plus large possible: communauté d'influence, communauté d'interêt, communauté religieuse, communauté ethnique, communautés d'idées, communautés d'âge, communauté financière....
Pour bien le saisir, il faut prendre en compte l'essor des RS (Réseaux Sociaux) et la façon dont un individu a agregé une communauté qu'il croise dorénavant tous les jours et avec laquelle il interagit, là où dans les années 80....il ne les croisait qu'en des occasions comme les mariages, fetes d'entreprise, tournoi de foot, réunion de CA précédant la distribution de dividendes, AG annuelle permettant aux membres réuni autour d'un mm projet asso de se connaitre, ect....
Corps intermédiaire supposé protéger l'individu, la communauté TEL UN CANCER s'attaque aujourd'hui à celui-ci, en devenant via son backgroung mafieux....le prestataire de service idéal pour toutes sortes de sales besognes.
Elle a été détournée de son sens et ses valeurs, et CECI est le propre du système de prédation dans lequel nous évoluons.
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Le réseau secondaire, celui qui menait dans une dynamique communautaire des actions de terrain pour le compte des agents de la PRECRIM, avait réussi l’exploit de créer un modèle économique prospère basé sur l’extorsion, la fraude et la spoliation de cibles faisant elles-même l’objet de traffic humain. Tout ce qu’ils pouvaient tirer de cet informel marché étaient ensuite revendus à prix d’or à d' autres sans-droits d'un niveau supérieur, migrants ou étrangers de passage, également victimes de menaces et pressions ultérieures.
L’une d’elles avait été spécifiquement recrutée afin d’usurper le statut de « peintre de la nouvelle vague » de Guinée: plus jeune, plus belle et plus docile, elle était parfaitement « bankable ». Selon les estimations de leurs projections financières, elle devait leur assurer une rentabilité immédiate dans un monde où l’image primait sur le talent. Le milieu académique des arts n’ échappait ni à la logique tyrannique de l’offre et la demande sans considération pour la valeur intrinsèque de l’œuvre ou de l’artiste, ni à la corruption. Et l’ ère était aux bimbos pédantes.
Les éventuels réseaux communautaires afrodescendants sur lesquels Guinée aurait pu s’appuyer avait été retournés par un habile stratagème catoptrique dans lequel cette falsification était présentée aux groupes révolutionnaires, éparses et désunis, comme une action fédératrice, visant le financement d’ une levée de fond pour leur cause.
La moitié des révolutionnaires étant des agents infiltrés grassement payés pour faire tourner en rond les quelques vrais activistes de ces groupes de pression, et surtout faire échouer leurs opérations, l’illusion était complète. Par un savant jeu de manipulations et de réflections, où par effet d’ombres et de lumières, les miroirs reflétaient des faux révolutionnaires plus vrais que nature, accusant les activistes de la premières heures de trollisme, et les reléguant dans les angles morts de la défiance et l’oubli.
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Guinée était une illisible qui avait décidé de ne pas se cacher. Mais peut-être n’avait-elle jamais été entrainée à le faire. l’ agent K-717 avait dû lui-même appris, au prix d’efforts qui lui parurent parfois insurmontables, depuis sa vision d’enfant , non pas à taire sa voix intérieure, mais à amplifier celle qui était supposée la couvrir, comme une télévision dont le bourdonnement continuel avait pris corps au point de devenir une pleine présence.
« Cette maison est ton mental, lui répétait sa mère inlassablement. Tu reserves à ta voix de surface, ta « couverture », une pièce de cette maison. Une pièce importante, mais pas centrale. Fais bien la différence. Et tu apprends à circuler à pas feutrés dans l’ espace qui te reste. Sans un bruit.«
Il regardait cette mère si belle à ses yeux , si étrange aux yeux des autres. Il n’avait hérité que d’un œil, ce dette femme: le gauche et encore pas, en toute circonstances. Il ne sut d’ailleurs jamais définir ce qui animait cet œil gauche, résolument noir en temps normal. Des teintes chatoyantes mêlant le fauve, le vert et le gris, sur un lit de miel, ondoyaient autour de son iris: était-ce la luminosité, le temps, son humeur, la température ambiante? Une porte s’entrouvrait précisément au moment où les secrets dont recelait son âme devait rester muets. Sa magnifique mère dont le regard lumineux portait avec la même distance blasée sur toute chose, y compris son fils, la même contemplation incandescente, était inquiète.
Or, une certitude même tragique était préférable à l’inquiétude, plus grand péril que le danger lui-même. Elle le conduisit dans un magasin de jouet, un jour, en l’autorisant à choisir 3 jouets. Pas un, ni deux mais carrément trois. Tout à sa selection joyeuse et compulsive, il en oublia jusqu’à son prénom. Le choix fût difficile, il reposa le même jouet une demi-douzaine de fois, avant de se décider à le prendre, puis changeait d’avis et le reposait à nouveau. Finalement, son choix définitif s’arrêta sur trois articles au prix modéré.
Lorsqu’ils passèrent les portes du magasin, elles sonnèrent si fort qu’il eut l’impression de vibrer. Un drone se présenta aussitôt et lui intima l’ordre de retirer son sac à dos, pris de secousses assourdissantes. Sa mère saisit le sac et en sortit un des jouets qu’il avait reposé. Il la regarda avec stupéfaction, prêt à se justifier et comprenant en fixant la flamme de son regard, que c’était parfaitement inutile. Elle savait que ce n’était pas lui, c’était elle. Le drone scannait sa pensée, de présumé coupable, au même moment:
» Je n’aurai pas du poser mon sac entrouvert au sol. Ce foutu ballon a du tomber dedans, sans que je le vois. Je crois même que c’est maman qui a ramassé mon sac, elle a pas du non plus s’en rendre compte. C’est ballot de se faire engueuler pour un jouet qu’on voulait même pas. QUI joue encore au ballon de nos jours, comme les pépés des coupes du monde de foot, alors que la dernière génération de métavers offre plus de possibilités et sensations? Je suis dég! Je vais me faire tuer! Qui va croire que c’est pas moi! «
Le drone énonça l’article de loi qu’ il avait transgressé, mais établit en même temps la non-intentionnalité du délit, ce qui mit un terme immédiat aux poursuites que le procès-verbal aurait dû entrainer. Sa mère, responsable légale, n’écopa que d’un rappel à la loi, sans contravention.
Ses yeux irradiait d’un feu nouveau, il la vit rarement aussi fière et aimante, pas même lorsqu’il lui rapporta plus tard les meilleurs notes et distinctions des différents établissements scolaires qu’il fréquenta, au gré de leurs réguliers déménagements. Elle se pencha et l’enveloppa de tout l’amour dont, femme aux abois et traquée, était capable. Sans trace et sans bruit, comme ce jour où elle leva une dernière fois, son regard d’or et de pardon, elle lui cria, bien au delà des mots, son amour.
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