Chapitre Cinq : Apprivoisé écrit par MehdiEval

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Chapitre Cinq : Apprivoisé écrit par MehdiEval

La gamine a souri de ce genre de sourire solaire que Myriam avait tout le temps. Qu'elle a toujours, j'espère. Je sais pas. Ça fait un an maintenant que j'ai pas revu ma fille et ça changera pas tant que je traînerai le fond de mon pantalon dans la fange en tendant la main. Quelle ironie. C'est pour elle que j'avais accepté le deal de ce patron infect, au fond. Tu parles d'un deal : un chantage, plutôt !

Je pouvais pas me permettre un procès pour coups et blessures, vraiment pas. Quand bien même ce vaurien de Bernard les méritait dix fois. Mais ce vaurien de Bernard, c'était un protégé. Le rejeton du patron, rien que ça. Ceux qui lui permettaient d'avoir de l'avancement pouvaient espérer être eux-même promus. Mais bon avec moi y avait pas besoin de se donner tant de peine. Ils allaient étouffer l'incident, ouais, Bernard sera officiellement tombé sur sa canne de golfe ou quoi, à condition que je ponce tout son boulot à sa place. En plus du mien, bien sûr. Et c'est lui qui récolterait tous les lauriers, bien sûr.

J'ai pensé à la frimousse de Myriam, son visage rond qui avait déjà dû changer. Ça se transforme vite à cet âge-là, une vraie métamorphose. La mère avait argué au divorce que j'avais des penchants violents. Si j'avais ce procès sur le dos avec le Bernard, sûr et certain que jamais j'allais récupérer ne serait-ce qu'une miette de droit de garde. Alors j'ai courbé l'échine et j'ai accepté l'humiliation. J'ai fait le nègre du fiston doré. Et puis d'autres petits "arrangements" du même genre, du genre abus. Jusqu'à ce que j'en ai ma claque.

Une claque, c'est bien ce qu'avait dû recevoir la gamine aussi. Et pas que. Elle avait des ecchymoses bizarres dans le cou. Ça m'a flingué de penser que moi je pouvais aller en taule pour avoir cogné sur un con et que y avait des gars pour stranguler des gamines et s'en tirer. Moi, jamais j'avais levé la main sur ma fille, et jamais je l'aurais fait.

La gamine a commencé à caresser mon Jojo. Lui avait l'air d'être le plus heureux des chiens. Il leur faut pas grand-chose, aux chiens.

- Fais gaffe. Je crois qu'il a des puces.

Elle a haussé les épaules et elle a continué à gratouiller mon clébard. C'est peut-être bien ça qui m'a apprivoisé. Ou la ressemblance avec Myriam. Ou un peu tout ça.

Je me suis assis à côté d'elle, pas trop près. J'ai dit :

- C'est quoi, ton nom ?

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