Chapitre Dix : Une boîte à souvenirs écrit par Dixon

C’est à ce moment-là que la boîte avec les dessins d’étoiles et de lunes a bougé. Où bien est-ce un produit de mon imagination ? Le résultat du fond de ce délicieux whisky que j’ai terminé peu avant d’ouvrir le sac ?

Non, tu dérailles Joseph, une boîte n’a aucune raison de bouger toute seule. C’est quoi la prochaine étape ? Jojo qui s’adresse à toi dans un langage intelligible ?

Tu as l’air bien malin, avachi entre les flaques, à tenir d’une main cet accoutrement ridicule de la main gauche, tout en fixant d’un regard vide cette boite au fond du sac.

Je suis pourtant absolument certain qu’elle a bougé, et je vais en avoir le cœur net. Je dois simplement trouver un endroit plus approprié pour m’installer. Je ne sais pas encore quoi faire de mon nouveau déguisement, mais je ne souhaite surtout pas l’abîmer ou le salir, je pourrais éventuellement en tirer un bon prix, du moins juste assez pour me refaire une petite réserve de spiritueux. Je verrais cela plus tard.

Pour l’instant, je me dirige vers le supermarché de la ville accompagné de mon fidèle ami. Le parking est couvert et fera un abri parfait pour passer une soirée au sec, et ne pas être dérangé, mes homologues SDF préférant le passage souterrain au bord du fleuve.

Marchant entre les lumières des réverbères, l’enfant en moi refait surface sur le trajet, l’espace d’un instant fugace, me surprenant à prendre soin de ne marcher que sur la peinture blanche des passages piétons au gré de mes traversées de route.

Je me revois, plus jeune, devant ma télévision à regarder la statue de la Liberté disparaître à la télévision suite à un tour grandiose de David Copperfield. Je n’avais parlé que de ça durant des jours…

Je suis littéralement projeté dans le passé, mes sens sont en ébullition, et j’ai l’impression de ressentir très exactement les sensations et sentiments que j’avais il y a plus de 30 ans, devant cette télévision. C’est à la fois extrêmement réconfortant, mais laisse ce terrible goût amer, sachant que ce sont des moments bien passés. C’est donc ça la nostalgie ? Et si… ?

Il y a forcément une raison pour que, 30 ans plus tard, alors que je suis au fond du trou, ces souvenirs me jaillissent en plein visage.

Je n’ai jamais vraiment cru aux signes de l’univers. Je ne sais pas si c’est à tort ou à raison. Peut-être aurais-je une vie bien différente si j’y avais accordé une quelconque importance.

Tout ce que je sais, c’est qu’il est temps de reprendre le contrôle de ma vie, et j’ai exactement le matériel pour y arriver. Une tenue de scène flambant neuve, et cette boîte… Que peut-elle bien contenir ?

Une fois sur le parking du supermarché, j’établis mes quartiers entre deux caddies qui n’ont pas été rangés (il faudra d’ailleurs que j’en profite pour récupérer les pièces à l’intérieur un peu plus tard). J’ouvre le sac, retire et dépose délicatement mon costume de travail pour ne surtout pas le froisser, puis fouille dans mon sac à dos pour y chercher une maudite bière… Je n’y trouverais rien, mais j’étais pourtant certain qu’il me restait une cannette de ce poison…

Le moment est désormais venu. J’attrape la boite étoilée au fond du sac, et la dépose à plat devant moi. Elle n’a pas l’air de bouger, mais à l’air affreusement remplie. Tout ce que je peux dire, c’est qu’elle parait très usée, et qu’elle a certainement beaucoup servi.

Je soulève donc le couvercle, et j’y trouve… du papier… une quantité astronomique de papiers manuscrits…