Chapitre 20 : Arel

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Oui oui je sais vous vous y attendiez pas ;D

Arel dit bye bye a ton aura mysterieuse :c

Arel suivit du regard le dos de Laelie jusqu'à ce qu’il disparaisse. Il ferma ensuite les yeux et poussa un long soupire. Quand il les rouvrit, Lucien l’observait l’air amusé.

  • C’est rare de te voir passer plus d’une heure avec un autre être vivant, dit-il les yeux pétillants.

Arel leva les yeux au ciel.

  • Comme tu t’en doutes, la situation est un peu particulière.
  • Oh, je m’en doute bien ! Mais vraiment, quel mouche t’a piqué ? Je sais que derrière cette façade se cache un coeur d’artichaut, mais est-ce que tu n’aurais pas pu prendre quelque chose d’un peu plus simple pour ton quota de bonnes actions ?

Le jeune homme grinça les dents en entendant l’expression “coeur d'artichaut” et essaya de changer de sujet.

  • Je te jure que si tu dis un mot de plus, la prochaine fois que je te vois, tu seras un inconnu.

Silence. Il se rendit soudain compte que sa menace ressemblait plus à celle d’un enfant “si tu continues je ne te parle plus !” et sentit ses joues s’empourprer.

  • ...tu es embarrassé ?
  • Non !

Il soupira encore une fois, puis afficha une mine résigné. Oui, il était embarrassé. Est-ce qu’on pouvait passer à autre chose ? Voyant son malaise, Lucien déclara :

  • Très bien, si tu ne veux pas en parler, libre à toi, je ne vais pas insister. Mais puisque tu as décidé de l’aider, ne fait pas les choses à moitié.

Le mercenaire hocha la tête, soulagé que son ami lâche l’affaire. Lucien n’avait pas besoin de le lui rappeler. Il ne laisserait plus jamais personne souffrir parce qu’ils étaient different. De plus, si elle était celle qu’il pensait qu’elle était… alors il se devait encore plus de la protéger. Il ne pouvait pas être complètement sûr mais… Ces yeux bleu océan, il en avait vu de similaires, il y a très longtemps. Un souvenir fugace lui parvint : un cri, un corps gisant au sol et un enfant aux yeux bleus en pleurs.

Cours Arelion !

Le jeune homme enfonça aussitôt le souvenir dans un coin reculé de son esprit. Ce n’était pas le moment. Ce n’est jamais le moment, lui murmura une voix moqueuse similaire à la sienne, mais il fit semblant de ne pas entendre.

  • Est-ce que tu as des dagues ?

Lucien lui montra du doigt un coffre.

  • Sers-toi.

Arel s’y dirigea et commença à inspecter les lames. Après les avoir étudiées minutieusement, il se dirigea vers son ami deux dagues à la main.

  • Combien je te dois ?
  • Tu sais que tu ne me dois rien.

Le jeune homme grimaça.

  • Je… je n’aime pas me servir sans rien te donner en retour.

Il avait l’impression d’être un voleur. Il savait que ce n’était que son imagination, après tout, avant de devenir marchand, Lucien avait également été mercenaire. Arel ne doutait pas que son ami pouvait manier ces dagues presque aussi bien que lui. Cependant, cela n’éffaçait pas son sentiment de culpabilité. Il ne se sentait pas digne d’une telle amitié.

  • Je vais continuer jusqu'à ce que tu sois habitué dans ce cas, dit Lucien d’un ton sérieux.

Le mercenaire ne répondit pas. Il se contenta d’ajouter les dagues à sa ceinture, à côté de celles qu’il avait déjà.

  • Tu en as déjà assez non ? À moins d’avoir six mains, je ne vois pas à quoi elles vont te servir.
  • On est jamais trop prudent, se contenta-t-il de répondre.

Le jeune marchand haussa les épaules.

  • Si tu le dis. Mais tu t’es embarqué dans quelque chose de dangereux. J’ai entendu dire que le prince a été touché durant l’incident au Sanctuaire, alors tu risques d’avoir la garde royale sur le dos. N’hésite pas à demander de l’aide quand tu en auras besoin.

Je peux m’occuper du prince tout seul, pensa Arel. Puis, il écarquilla les yeux, réalisant quelque chose.

  • Tu as dis que le prince a été touché ?

Mais il se trouvait à l’étage, hors d’atteinte des vitraux. À moins que...

  • Qu’est-ce qui lui est arrivé exactement ?
  • J’ai entendu dire qu’il avait perdu connaissance.

Merde. Ils ne devaient pas perdre de temps.

Arel se leva aussitôt et se dirigea vers la pièce où avait disparu Laelie. Se souvenant qu’elle devait se changer, il n’ouvrit pas directement, mais toqua.

  • Laelie ?

Après plusieurs secondes de silence, elle répondit :

  • Oui, je suis là, tu peux entrer.

Il ouvrit la porte, et ne vit pas tout de suite Laelie, avant de réaliser qu’elle avait l’air de se cacher derrière Mallory.

  • Tout va bien ?

Il ne savait pas à qui il avait posé la question.

  • Tout va très bien, lui dit l’assistante en souriant.

Il avait l’impression qu’elle lui cachait quelque chose. Au moment où il allait l’interroger, Laelie surgit de derrière elle. Elle souriait mais il pouvait voir qu’elle avait les yeux rouges. Le mercenaire toisa Mallory, essayant de comprendre ce qu’elle avait pu dire pour faire pleurer Laelie. La jeune fille suivit son regard l’air inquiet puis tourna sur elle même, tenant les bords de son manteau et de sa robe.

  • Qu’est-ce que tu penses de ma tenue ?

C’était évident qu’elle voulait détourner son attention, mais il la laissa faire. Si elle voulait qu’il laisse tomber, il n’allait pas insister. Peut-être que Mallory était innocente. Après tout ce que Laelie avait vécu dans les dernières vingt-quatre heures, Arel était surpris qu’elle n’ait pas encore éclaté en sanglot.

  • C’est… chaud.

Il ne savait pas quoi répondre. Il ne savait jamais quoi répondre. Alors, la plupart du temps, il ne disait rien. Cela ne voulait pas dire qu’il ne pensait rien, ou qu’il ne ressentait rien, mais plutôt qu’il avait des difficultés à transposer tout ce qui lui traversait l’esprit en mots et en phrases. Quand il était enfant, en plus d’attirer l‘attention avec ses cheveux blancs, il peinait à se mêler aux autres enfants. Les conversations s’écoulaient trop rapidement, trop intensément pour lui. Il avait l’impression d’être sur un canoë brinquebalé au milieu d’un torrent déchaîné, livré aux caprices des éléments. Quand ses pensées étaient enfin claires, les autres étaient déjà passés à autre chose. Et il avait toujours une longueur de retard.

Au fil du temps, les interactions sociales étaient devenues plus un fardeau que quoi que ce soit d’autre. Il préférait de loin rester avec la seule personne qui réfléchissait à son rythme et prenait le temps de l’écouter : lui-même. Peut-être que c’était de la lâcheté d’avoir abandonné, mais c’était également un soulagement. Depuis qu’il avait limité ses interactions a des phrases courtes, concises et factuelles, il arrivait enfin à respirer. Cela lui avait valu une réputation de mercenaire froid, efficace et matérialiste. Il n’aimait pas vraiment cette image, mais la corriger aurait nécessité… d’autres interactions. Au final, il y avait plus de mérite à laisser les autres penser ce qu’ils veulent. Personne ne venait l’embêter, et c’était mieux comme ça. La plupart de ceux qui étaient proches de lui rencontraient un destin funeste.

Laelie pencha la tête sur le côté, probablement perdue par sa réponse. Puis elle laissa échapper un petit rire.

  • Oui, c’est chaud.

Il sentit une chaleur se diffuser dans sa poitrine en la voyant sourire de nouveau. Il ne savait pas pourquoi elle avait pleuré mais une petite, minuscule, partie de lui se sentait ridiculeusement heureuse que ce soit soit lui – ou plutôt sa réponse idiote – qui lui ait rendu le sourire. Il prit soin de le cacher cependant, et reprit sur un ton plat.

  • Dans ce cas nous n’allons pas tarder.
  • D’accord, répondit-elle en hochant la tête.

Serrant un pan de son manteau, elle se tourna vers Lucien.

  • Comment est-ce que je… est-ce que l’on paye les vêtements ?

Le marchand balaya sa question d’un revers de main.

  • Ne t’en fais pas pour ça, Arel peut prendre ce qu’il veut, et l’offre s’étends à ses amis. Il n’en a pas assez pour me ruiner, ajouta-t-il avec un clin d’oeil.

Arel voulait se cacher le visage, ou se masser les tempes, il n’en était pas sur. Toutefois, il n’en fit rien. Lucien serait beaucoup trop heureux de voir qu’il l’avait affecté.

  • Excuses-moi, poursuivit le marchand, ce que voulais dire, c’est que même si tu ne me retournes pas ce que je te donne en argent, je sais que je pourrai toujours compter sur toi, comme la demoiselle ici présente.

Le mercenaire se sentit gêné et resta silencieux.

  • Nous nous dirigeons vers la capitale, est-ce que tu aurais quoi que ce soit d’utile à nous dire ?

Lucien réfléchit.

  • C’est une mauvaise idée… est ce que j’aurais répondu, mais vous le savez déjà. Les évènements sont très récents et Gilios est un village assez isolé. Je ne sais rien que tu ne saches déjà pour l’instant, mais je te contacterai dès que j’aurai du nouveau.
  • Comme d’habitude ?
  • Oui.

Grâce à son réseaux clients étendu, Lucien avait des contacts un peu partout dans le royaume et était souvent l’un des premiers au fait des dernière nouvelles importantes. Il avait développé une affaire parallèle à sa vente de matériel et de vêtements : la vente d’information. C’était aussi pour ça qu’il pouvait permettre à Arel de puiser dans ses réserves sans en ressentir le déficit. Il avait été l’un des meilleurs espions de la guilde après tout.

  • Puisque vous vous dirigez vers la capitale, profites-en pour rendre visite à Kestelle, je suis sur qu’elle sera ravie de t’aider.

Arel serra les poings. Il ne voulait pas impliquer plus de personnes que nécessaire dans cette histoire. Il s’était tourné vers Lucien car il savait que celui-ci avait parfaitement les moyens de se protéger, et ne risquait rien. Mais Kestelle… Il n’avait pas besoin de la déranger, elle avait déjà assez de soucis à se faire comme ça. Lucien devait savoir ce qu’il pensait, mais il l’avait tout de même proposé. Le fourbe l’avait probablement fait exprès, devant Laelie, pour s’assurer qu’elle l’interroge dessus plus tard.

Est-ce que ça t’amuse ?

Absolument.

Ils eurent une autre de leurs conversation de regards. Arel avait du mal à communiquer, mais il semblait que les dieux avait décidé de lui faire une mauvaise blague en créant Lucien. Il n’y avait jamais eut de problème de communication entre eux. L’ancien espion semblait pouvoir lire ses émotions comme un livre ouvert. Arel ne savait pas si c’était une bénédiction ou une malédiction.

  • J’y réfléchirai.

Ils se retint de se mordre les lèvres avant de de demander :

  • Est-ce que tu peux nous prêter des chevaux ?

Le sourire satisfait qu’il vit placardé sur le visage de Lucien lui enleva la dernière once de scrupule qu’il avait envers son ami. Ce qui était, encore une fois, probablement son but.

  • Bien sûr.

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