CHAPITRE 5

16 minutes de lecture

Si différents et pourtant plus proches que tout,
Se comprenant pour protéger un amour fou,
L’un ne rêvait que de mourir et de s’envoler,
L’autre d’une vie avec lui, loin des atrocités...

Lyra
J’entends une porte claquer. Je me redresse, groggy. Je vois grand-mère, en bas, franchir le seuil de la porte. Et je me souviens que, je tourne la tête, oh merde... Je sens le vent contre ma peau, mes vêtements sont en bas, ceux de Lucian aussi... Je me rallonge et nous couvre de paille. Grand-mère repart, on a eu chaud…

Lucian
Il sent des lèvres chaudes, très douces, qu’il connaît, le tirer de son sommeil. Il sourit, ouvre un œil, et se jette sur elle. Il monte à califourchon sur son bassin et elle explose de rire alors qu’il la chatouille. La nuit de hier lui revient à l’esprit, est-ce qu’il est bien... ou sont ses vêtements ? Bon... Une vague de peur l’envahit, il se sent dépassé par la situation.
– Nos vêtements sont en bas…
– Tes parents risquent de venir ?
Elle grimace en réponse.
– Pas mon père en tout cas.
– Et ta mère ?
– Non, elle se lève très tôt pour aller bosser. En parlant de ça, on ne serait pas lundi par hasard ?
– Mince, si, je suis censé aller au lycée.
– Et moi au collège !
– Tu es dans quel lycée au fait ?
– CLAIR’NOMS.
– C’est tout proche, faisons le chemin ensemble, mais vite !

Sur ces mots, tous deux se jettent dans le petit escabeau et, une fois la descente achevée, ils se rhabillent. Lyra court dans sa chambre récupérer un sac avec des cahiers tirés de sa commode au hasard.

Lyra
On arrive devant mon collège juste à temps, Lucian commence plus tard.
Logan est là, avec Matthis et Jeremiah. Il me voit et fait une moue indescriptible. Je me tourne vers Lucian et l’embrasse, tout le monde nous regarde. Quand je me retourne, honteuse, j’avance, mais il attrape la poignée de mon sac à dos et m’attire contre lui. Mon cœur et le sien battent à l’unisson tandis que je sens le regard pesant de Logan dans mon dos. Ces battements convulsifs me rassurent maintenant, ils sont mon refuge. Mon visage fourré dans ses épaules finement tracées, la chaleur de son corps m’envahit et je sens la fraîcheur de sa chaîne sur ma joue. Quand je me détache de lui, j’aperçois Logan, il a l’air déçu mais aussi agacé et triste. Je ne sais pas pourquoi. Je dis au revoir à Lucian, écarlate, et cours checker Jeremiah et Matthis. Il me fait au revoir de la main, souriant de toutes ses dents. Logan décide de m’ignorer et se contente de me jeter un regard sombre de ses yeux chocolat quand je le salue. Matthis est grand, avec des cheveux courts, bouclés, châtains, on est vraiment de bons amis, il a toujours été là pour moi même s’il danse comme une merguez... Il a un semblant de moustache adorable et un humour TRES aléatoire. Jeremiah, lui, est brun, les cheveux plutôt longs et bouclés, ces boucles sont plus vagues que celles de Matthis, lui aussi je l’aime bien. Pour vous faire une image, Logan est châtain foncé. Ses cheveux sont, sur le dessus, attachés en de magnifiques nattes plaquées, et ses cheveux sur le derrière de son crâne sont courts. Il est portugais, et, pour tout vous dire, vraiment très beau avec des contours finement tracés qui depuis ce matin ne sont plus que pierre et haine.

Matthis me regarde, interrogateur.
– C’est qui lui ? me demande-t-il
– C’est Lucian... Pourquoi ?
– Pour savoir... Vous avez l’air très proches, c’est tout. répond-t-il, soucieux.

J’ai parfois l’impression qu’il cherche à faire la mère poule avec moi.
Quentin me vanne quand il apprend que c’est un lycéen : « Il n’est pas encore au courant que tu fraudes tes baskets pour paraître plus grande, je parie » me charit-il. Je l’avais oublié, Quentin n’est pas très grand, très fin et super rapide à la course, il a les cheveux courts, blonds et les yeux noisette ainsi qu’un sourire à tomber par terre. Logan au contraire paraît vraiment agacé jusqu’à ce qu’Émeline arrive et l’embrasse longuement. Je m’interroge et mille questions m’assaillent de l’intérieur, mais je ne dis rien... Moi aussi je suis passé à autre chose, qu’est-ce que ça peut me faire ? Et puis, c’est de l’histoire ancienne, cela fait 3 semaines que l’on s’est cassé.

Lucian
Il se détourne et, juste derrière eux, il voit Knore, Eglantine et Philippine. Ça sent mauvais, Lucian, très mauvais tout ça... Il franchit le grand portail de CLAIR’NOMS, une peur bleue au ventre. Comme il s’en doutait, la bande de délinquants l’attend.
Il se permet de rêvasser, de s’évader avant de se noyer. Ce jour-là, Lyra et Lucian se retrouvèrent sur la colline, loin des lumières de la ville, où le ciel s’étendait comme une toile d’un bleu profond, parsemée d’étoiles scintillantes. Leurs rires résonnaient dans l’air frais de la nuit, une mélodie douce qui se mêlait au murmure du vent. Allongés sur l’herbe douce, ils désignaient les constellations, leurs doigts effleurant le ciel, comme s’ils pouvaient toucher les mondes lointains.
« Regarde, là-bas ! » s’exclame Lyra en pointant une étoile filante qui traversait le ciel. « Fais un vœu ! »
Lucian se mit à sourire, ses yeux brillant d’excitation. « Je n’ai jamais cru aux vœux, mais pour toi, je ferai une exception. »
Ils fermèrent les yeux un instant, chacun enfermant dans son cœur un désir secret, une promesse silencieuse. Puis, ils se redressèrent, le regard tourné vers l’immensité étoilée, partageant un moment suspendu dans le temps, où les rêves semblaient à portée de main.
« Tu sais, » murmura Lyra, « il y a quelque chose de magique dans ces nuits d’été. Comme si tout était possible. »
Lucian acquiesça, son regard toujours rivé sur les étoiles. « Oui, et tant que nous sommes ensemble, je crois que tout peut arriver. »

Un silence complice s’installa entre eux, rempli de promesses et de rêves à réaliser, tandis que les étoiles continuaient de briller, témoins de leur amitié naissante. Le vent léger caressait leurs visages, et Lyra ferma les yeux un instant, se laissant porter par la douceur de l’instant. Elle se remémora les rires partagés, les secrets confiés, et cette sensation d’appartenance qui grandissait entre eux.
« Tu te souviens de notre première rencontre ? » demanda-t-elle en se tournant vers Lucian, son sourire illuminant la nuit.
« Comment pourrais-je oublier ? Tu étais là, avec tes cheveux en bataille et cette passion dans tes yeux pour les étoiles. » Lyra sourit et le regarda avec ces yeux, exactement les mêmes qu’à leur rencontre au bord de la falaise. Lyra sentit son cœur s’emballer.
« Et si on faisait un pacte ? » proposa-t-elle, sa voix tremblotante d’excitation. « Un pacte pour toujours croire aux rêves et aux étoiles, peu importe ce que la vie nous réserve. »
Lucian la regarda, un sourire complice sur les lèvres. « Un pacte, hein ? Je suis partant. Pour toujours croire ensemble, quoi qu’il arrive. »
Ils se serrèrent la main, scellant leur promesse sous le ciel étoilé. Leurs regards se croisèrent, et dans le silence qui s’ensuivit, une nouvelle compréhension s’installa entre eux. Lyra avait beau avoir peur du noir, sous les étoiles et Lucian à ses côtés, tous ses cauchemars semblaient s’envoler dans une galaxie lointaine. Ils avaient devant eux un avenir rempli de possibilités, de rêves à réaliser et d’aventures à partager. Dans l’obscurité du ciel, ils avaient trouvé leur propre lumière, et avec elle, la promesse d’un voyage ensemble.

L’affreuse voix de Knore le fait redescendre sur terre ; l’arrachant à ce doux souvenir.
– Alors Blanche-Neige, on a une copine ? l’interpelle le garçon du groupe, un sourire narquois étirant ses lèvres gercées.
– Heu... balbutie-t-il.
– Aller, réponds, sale monstre ! le presse Eglantine alors que Knore s’approche pour le dominer de toute sa hauteur.
– Non, non je n’ai pas de…

Notre pauvre ange de la mort se fait arrêter par la douleur. Une main vient de s’abattre sur son visage, mais il s’en fiche.
– Je répète ma question, est-ce que -tu-as-une-copine ? s’énerve Knore, s'approchant encore, son visage osseux révulsé par la colère.

Il a mal, mais il veut, il doit la protéger.
– Je n’ai pas de copine, affirme-t-il, toujours calme.
– Ne me mens pas ! s’écrit son interlocuteur, énervé.
– Je ne mens pas, lui affirme-t-il sereinement.

Il peut sentir la pression de son cœur, le battement rapide comme un tambour de guerre, et l’adrénaline pulsant dans ses veines. Chaque reproche de Knore est un coup de poignard en plein cœur, mais Lucian reste immobile, décidé à ne pas céder. Il fait quelque chose qu’il n’avait jamais fait : il se tourne et s’en va. Knore lui lance un galet dans la tête. Trop d’émotion remonte en lui, il se tourne et cogne Knore au visage, fort, trop fort, tellement fort qu’il lui casse le nez. Knore, bouleversé par la douleur et l'humiliation, se redresse, ses yeux désormais embrasés par la rage. Lucian peut presque voir l'infime fissure dans le masque de bravoure que Knore portait si soigneusement. Ce n’est plus seulement un agresseur, c’est un jeune homme, lui-même en proie à des démons qu’il ne comprend pas. Il se précipite sur Lucian et le roue de coups. La douleur est tellement puissante que pleurer n’est pas assez fort, il a comme l’impression de se vider de son âme.

Un professeur arrive et prend Knore par le col de la chemise pour le séparer de notre lycéen.
– Tout les quatre dans le bureau du directeur, exécution ! hurle l’homme.

Lucian veut obéir, il sera sage, il le doit, mais il souffre trop, il a trop mal, mais ce qui lui fait le plus mal, c’est son cœur ; il a l’impression que celui-ci s’est fendu en deux. Il n’en peut plus et succombe à la douleur, il ferme les yeux et reste là, allongé, laissant les ténèbres et le désespoir l’envahir. Il s’immerge, sonné, à l’infirmerie, le directeur entre.
– Monsieur Vale, je m’attendais à mieux de votre part.
– Monsieur, je... ce n’est pas ce que vous pensez…

Des larmes roulent sur ses joues, abondamment, comme si elles attendaient depuis des années d’enfin rouler sur les joues de mon pauvre Lucian.
– Stop, je ne veux rien entendre, Knore, Eglantine et Philippine m’ont tout raconté. Vous avez attaqué Knore sans raison, vous le menacez tous les jours. Ceci est un avertissement : la prochaine fois que vous ferez des vagues, ce sera le renvoi, sans négociation. Évidemment, nous avons contacté vos parents, ils vont venir vous chercher.

Le principal sort, laissant cet adolescent seul, avec ses démons.
Lucian se tenait là, perdu dans un océan de solitude. Son cœur, lourd comme un rocher, battait au ralenti, chaque pulsation résonnant comme un écho de la douleur qui l’envahissait. Il se sentait comme une coquille vide, un spectre errant dans un monde qui semblait l’ignorer. Les ombres du passé l’entouraient, le rendant presque invisible, tandis que des souvenirs douloureux le hantaient à chaque coin de son esprit.

Son corps était fatigué, épuisé par le poids de l'angoisse et de la tristesse. Lucian avait perdu le goût des choses, les couleurs de son monde s’étaient estompées, transformant ses journées en une palette de gris. C’est un combat intérieur, une lutte entre l’envie de céder à l’obscurité et le désir désespéré de retrouver la lumière. Mais chaque jour, la réalité le frappe comme une vague déferlante, érodant peu à peu ce qui lui reste d’espoir. Il se perd dans ses pensées, rêvant d’un avenir où la douleur se dissiperait, où il pourrait retrouver le sourire. Mais à cet instant, tout semblait si lointain, presque irréel. Une mélancolie sourde l’enveloppe, le forçant à faire face à une réalité cruelle : il est seul, profondément seul, dans une lutte qu’il craint de ne pas pouvoir gagner.

Maman arrive et il sent son regard déçu sur lui.
Le chemin fut silencieux.
Il hurle intérieurement, et pleure sans verser de larmes, le chagrin et l’accablement le rongeant de l’intérieur.

Arrivé à la maison, maman lui fait signe de monter. Ce soir-là, Lucian décide de ne pas descendre manger.
Pendant les trois jours qui suivirent, il resta enfermé dans sa chambre noire, sans manger, les volets fermés, à se laisser ronger par la haine. Il ne se présenta même pas en haut de la falaise ; Lyra risque gros si elle tombe sur le chemin de ces voyous, il le sait, et rester près d’elle est donc dangereux. Il tient à elle comme à la prunelle de ses yeux. Rien qu’une égratignure sur son beau visage le rendrait fou.

Le quatrième jour, Lyra se présente à sa porte.
– Lucian, qu’est-ce qui ne va pas, oh mon dieu, c’est quoi ces blessures ? l’interroge-t-elle, angoissée soudainement.
– Je t’aime, tu sais.
– Lucian, qu’est-ce que je peux faire ? insiste-t-elle.

Lyra
Il me répond que je dois l’oublier, il me fera du mal, je souffrirai par sa faute sinon, et il m’aime tellement, il veut me protéger.
– Non Lucian, je sais, enfin, je t’aime, le supplie-je en larmes.

Je pleure, il pleure, nous pleurons, toujours synchrones. Il ferme la porte sur un simple adieu et un tout dernier baiser en larmes. Quand je retrouve Uranus, de l’autre côté de la rivière, je chiale encore. Je m’étais promis de ne plus pleurer, mais c’est trop dur, j’ai mal pour lui, tous ces bleus, je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Je l’aime vraiment trop, je ne peux pas, c’est trop dur de me séparer de lui comme ça.

Tandis que je monte sur le dos de ma jument, je sens quelque chose de froid sur mon bras. Je suis allongée sur le dos d’Uranus, la chaleur de son pelage réconfortant contre l’air froid qui s’éveille autour de moi. La brise légère chuchote des secrets que je ne comprends pas. J’observe les nuages gris, lourds de promesses, se rassembler au-dessus de ma tête, tandis que les premiers flocons de neige commencent à danser timidement. Comme si le ciel versait ces larmes en même temps que moi.

Je viens de laisser échapper un sanglot, un murmure de tristesse qui se perd dans l’immensité silencieuse du paysage. Ce fut le hoquet de trop. Je fonds en larmes, je me revis seule, dans le noir. Mes yeux, embrumés de larmes, scintillent au rythme des flocons qui tombent. Je me sens si petite, si vulnérable, en cet instant où tout semble s’arrêter.

Soudain, un flocon se pose délicatement sur mon bras, léger comme une plume, mais il paraît peser des tonnes. Une vague de froid me traverse, et je réalise à quel point cette neige, si pure et immaculée, contraste avec la tempête qui fait rage à l’intérieur de moi. Je ferme les yeux et laisse les larmes couler librement, traçant des sillons sur mes joues rosées par le froid.

Je pense à tout ce que je perds, à tout ce qui ne sera plus jamais comme avant. J’enfouis mon visage dans la crinière, cherchant refuge, cherchant la chaleur, cherchant à fuir cette tristesse qui me serre le cœur.

À la maison, je me jette dans mon lit et y reste, enfouie, le ciel pleurant en même temps que moi. Je déteste pleurer, chaque larme me rappelle toutes mes peines : papa me laissant seule dans le noir, maman qui me retrouve en larmes et qui pleure avec moi, Ruby, ma chienne morte, Logan qui me quitte, la mort de grand-père, quand on m’a insultée, rabaissée et que j’ai quand même gardé le sourire. Ces peines que j’ai enfouies au plus profond de moi ne font qu’alimenter mes larmes.

Lucian
Lucian errait dans les ombres d'une existence devenue monotone, ses pensées étouffées par le poids des harceleurs qui le traquaient sans relâche. Chaque jour se ressemblait, rythmée par un déchirement qui le consumait lentement. L’image de Lyra, son ange, sa lumière, illuminait encore son âme tourmentée, mais il savait qu’il avait dû la quitter, comme un naufragé abandonnant son bateau face à une tempête. Leurs rires, leurs rêves, tout cela ne semblait plus qu’un lointain souvenir, remplacé par une obscurité qui l'aspirait. Dans les moments les plus sombres, les pensées de Lucian menaçaient de le submerger, suscitant en lui des envies de fuir ce monde cruel où le bonheur semblait à jamais hors de portée. Et pourtant leur promesse le narguait et un pincement de culpabilité lui nouait le cœur. Ce n’était pas n’importe qui qu’il avait laissé partir. C’était Lyra. Sa Lyra. Il détestait le trio maléfique, il détestait le monde entier, il détestait être loin d’elle.

Lyra
Elle se lève chaque matin avec une légère boule au ventre, le souvenir de sa rupture pesant sur son cœur comme une pierre. Cependant, elle s'efforce de garder le sourire, comme un rayon de soleil qui perce à travers un ciel nuageux. Après une nuit entrecoupée de rêves troublés, elle commence sa journée avec une tasse de café, assise à la petite table de la cuisine. Les arômes chauds et réconfortants l’enveloppent, mais même ça ne parvient pas toujours à atténuer la mélancolie qui la suit comme une ombre. Elle feuillette un livre qu’elle avait commencé à lire avant de perdre Lucian, une tentative de se replonger dans un univers qui n’est plus le même. Les mots se mélangent dans son esprit, mais elle les lit tout de même, espérant y trouver une échappatoire. Pourtant il n’en ressort aucun sens, juste un méli-mélo de syllabes entrecoupé de sanglots. Au collège, Lyra prend soin de cacher ses émotions derrière un masque de bonne humeur. Elle interagit avec ses amis, partageant des rires et des histoires, mais à l’intérieur, elle est en guerre avec elle-même. Elle ne veut pas qu’ils sachent que derrière son sourire, la mélancolie et la tristesse la rongent, comme des rats s’attaqueraient à un fromage moisissant dans une cave. Elle répond aux demandes, gère les projets, et s'assure que personne ne devine à quel point elle lutte. Parfois, ses pensées vagabondent vers les moments heureux qu'elle a partagés, et un léger frisson de tristesse l’envahit ; elle détourne alors le regard, redressant son attitude pour ne pas laisser transparaître sa fragilité. Avant de se coucher, elle regarde le miroir et se parle à elle-même. « Tu es forte, tu mérites d’être heureuse », se répète-t-elle comme un mantra. Malgré la tristesse, elle trouve en elle une lueur d'espoir. Parce qu’au fond, Lyra sait que derrière chaque épreuve, il y a une promesse de renouveau, et elle s'efforce de croire qu'un jour, elle retrouvera le chemin de la joie. Chaque jour, le sourire revient, si fragile soit-il, mais il est là, une petite flamme dans l'obscurité de son cœur blessé. Elle n’a plus la force de raconter son histoire, elle est détruite. Ils sont tout les deux détruits... Et condamnés à la tristesse.Mais je vais lui rendre la narration car elle se leva, ce matin, avec la ferme intention d'agir.

Lyra
Lyra vient là ma chérie, m’appelle grand-mère.
– Oui oui, lui répondis-je, lasse.
– Bon ma grande, qu’est-ce qui ne va pas, je vois bien que tu es tristounette…
Laisse-moi deviner... une histoire de cœur ?
– Tu as vu juste, je suis belle et bien triste, mais ne t’en fais pas pour moi…
– Lyra, reviens ici... Tu sais avec ton grand-père, on a connu des moments difficiles, ce n’est pas pour autant que j’ai baissé les bras, non non, bien au contraire, j’étais déterminé à être avec lui, je ne dis pas que ça a été facile... Un jour je te raconterai mon histoire et tu comprendras pourquoi je te dis ça, pour le moment, raconte-moi, qu’est-ce qui te tracasse.
– J’ai rencontré un garçon.
– Mais encore ?
– On s’est embrassé, plusieurs fois…
– Aller ! Arrête de tourner autour du pot !
– Il m’a dit qu’il ne pouvait pas rester avec moi, qu’il était trop brisé pour moi et qu’il ne me ferait que du mal et que par sa faute je souffrirais…
– Et c’est pour ça que tu fais la moue depuis une semaine ? C’est tout ? Tu n’es pas allé lui parler ?
– Non…
– Lyra, ma chérie, dis-moi, tu es sûre de l’aimer ce garçon ?
– OUI…
– Alors pourquoi es-tu là à te lamenter ? Pourquoi ne retournes-tu pas le voir ?
– Je sais pas…
– Tu vas abandonner maintenant ? Sans rien avoir essayé ?
– Je...
– STOP, je ne veux rien entendre... T’a-t-on éduquée comme ça ? T’a-t-on appris à renoncer au moindre obstacle ?
– Non…
– Alors tu vas te battre pour ce que tu veux ma poulette, dans la vie il faut se battre pour obtenir ce qu’on veut, tout n’arrive pas sur un plateau d’argent !

Je baisse les yeux, honteuse.
– Maintenant à toi de me dire ce que tu vas faire... Qui tu veux être ?
Je lève la tête, grand-mère a raison, je ne baisserai pas les bras.
– Je vais aller le voir, et, heu, pas le temps de t’expliquer. Je t’aime, tu es la meilleure.
– Ah ! Je préfère ça, tu es beaucoup plus belle quand tu souris.

Je lui souris de plus belle, tandis qu’elle me rend mon sourire avec cet éclat que je n’avais pas vu dans ces yeux depuis longtemps, je me précipite vers la porte et prends la direction de l’écurie. Je décide d’aller à la rivière avec Fumée, le jeune étalon alezan, c’est une vraie fusée. Je ne le selle même pas, je file vers la falaise à cru. Je ne réfléchis même pas, je suis déjà en train de courir dans les bois vers l’arrêt de bus. Je prends le bus vers le lycée de Lucian. Je sors à l’arrêt juste en face de CLAIR’NOMS et cavale le plus vite que mes jambes le peuvent vers le lycée, je franchis les portes et me dirige vers la grande cour circulaire que Lucian parcourt sûrement tous les jours. Et il se met à neiger.

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