témoignage
le 17/05/2016 à 18h32 Je suis très en colère!
Je suis allée manifester contre la loi travail aujourd'hui à Paris.
Je savais que ça pouvait partir en live, j'ai donc été relativement prudente. J'ai pris des habits flashy (orange!), rien pour me masquer le visage, pas de sac à dos. J'y vais de manière tout à fait pacifique et je considère être dans mon droit en allant à cette manifestation. Je prends seulement, sur les conseils de personnes ayant déjà vécu des échauffourées, 5 petites doses de sérum physiologique.
Je suis partis avec un groupe de 3 collègues à la manifestation et pour atteindre le lieu de départ, il a fallu passer près de 10 barrages filtrants de CRS. J'ai vu lors des ces contrôles, des jeunes se faire confisquer leurs équipements de protection (lunettes de protection transparentes, sérum physiologique, maalox...)
J'ai été impressionnée devant un tel déploiement militaire pour un droit aussi fondamental
La manif avance, je constate qu'à l'entrée de TOUTES les rues parallèles, il y a une série de crs. Bon certes, je ne me sens pas du tout protégée, mais d'accord.
La tète de cortège est composée de jeunes, beaucoup ont autour du bras ou de la jambe, un foulard qu"ils sont prêt à mettre autour de leur visage. La plupart avance à visage découvert. La plupart, pas tous. La tension est palpable. Ils crient des slogans ils sont nombreux et ils crient forts. "Paris, Debout! Soulève toi!"
La tension étant trop forte pour nous, on recule jusqu'au premier camion syndical juste derrière les jeunes.
Le cortège s’arrête une première fois. On entend des détonations, des sifflements. La manif repart. Je vois dans la rue de gauche des crs qui rechargent leur lanceur. Je me place donc sur le trottoir droit de la manifestation (oui j'évite un maximum tout ça, je suis une chochotte et j'assume). Le cortège s’arrête de nouveau, devant des échange de pétards et de grenades lacrymogènes. Je recule, accompagnée de mes collègues, je vois que les crs dans la rue juste à droite à coté de moi se mettent en position de charge. Je fais signe à mes collègues, et on recule encore plus. on est donc derrière le deuxième ballon syndical. La manif se remet en marche, on avance donc jusqu'au premier ballon, on dépasse la petite rue à gauche avec les crs dont j'ai parlé juste au dessus. Devant, de nouveaux gaz lacrymos, on recule et on se retrouve au niveau de cette petite rue. Et là, alors que tout le monde était à visage découvert, en train de reculer dans le calme pour éviter le gaz et la violence des échanges, les crs de la petite rue à gauche se mettent à tirer aussi des lacrymos.
MAIS POURQUOI???
Personne n’était agressif, personne ne courait, n'était masqué ni cagoulé ni quoi que ce soit! Alors pourquoi ont-ils des lancé lacrymos. ? J'ai toussé à avoir envie de vomir!
Mes yeux pleurent tout seul, ma gorge brûle, et je me soigne comme je peux. Je décide de poursuivre quand même la manifestation (je suis dans mon droit Merde! J'ai le droit de ne pas être d'accord, je suis couverte par un syndicat, j'ai le droit de marcher de manière pacifique pour exprimer mon désaccord, et rien ne justifie cette douleur, rien ne justifie une telle violence de la part des forces de l'ordre!).
Je recule encore dans le cortège (loin des agitations de la tête de manif), et poursuit jusqu'à la place.
Et là, alors que tout se passait bien, sur la droite de la place, ça se chauffe! Je me place donc tout à gauche, et sors mon téléphone pour filmer ce qu'il se passe.
Des dizaines de grenades lacrymo sont jetées. Une partie des manifestants arrivent encore sur cette place de manière calme et détendu et sont plongés immédiatement dans un brouillard de gaz neurotoxique. Je recule tout en filmant. Les crs derrière moi chargent et assènent des grands coups de matraques aux manifestants. Une grenade tombe à deux mètres de moi (je suis quand même à l'opposé de la place par rapport à l'agitation)! J'ai dû arrêter de filmer et partir à cause de la douleur. Je tousse, je pleure, j'ai du mal a mettre un pied devant l'autre. Je me force à ne pas courir pour ne pas paraître suspecte.
En rentrant, j'ai pris une douche et quand j’écris ces lignes, ma gorge continue à me piquer et la peau de mon visage me brûle.
Je ne comprends pas, comment dans un monde comme le nôtre qui se revendique démocratique, que la répression soit aussi forte. Où est la démocratie? Où est la république? Où sont les valeurs françaises ? Je n'ai vu ni égalité, ni fraternité et encore moins de liberté.
Vu la violence de la répression, il est difficile de rester pacifique pour se faire entendre
Cette répression m'a juste donné la rage.
Je serais donc de nouveau dans la rue jeudi. J'y serais encore de manière pacifique, j'y serais encore de manière illégale puisque j'aurais des doses de sérum phy sur moi, et j'y serais encore à visage découvert.
Annotations