Chapitre 20 - Deuxième épreuve

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« Très cher Aptes, vous qui êtes encore parmi nous ce soir, êtes sélectionnés pour la suite des épreuves. Tout d’abord mes sincères félicitations. Lors des prochaines étapes, vous serez réparties en poule. Deux-mille-cinq futurs élèves, soit vingt groupes. Les répartitions sont affichées sur l’EPMF central. Je vous laisse en prendre connaissance. » explique l’hypocrite directeur.


L’écran affiche des écarts de puissance. Entre 870 et 900. C’est moi. Je serai donc dans la poule 3.

Je cherche maintenant le score de ma camarade. Entre 650 et 660. Poule 15.


Le discours de Monsieur Paultho continu sur un remerciement du public, des représentants et des conseillers. Il nous donne ensuite une brève explication des mesures d’évacuation du Colosseum, puis nous rappelle d’activer nos badges à 9 H 30 demain sans faute.

Le discours terminé, l’homme s’éloigne sur son engin volant et les intendants prennent le relais. Ils nous guident vers les différentes sorties. Lyss et moi sommes en bout de files et, silencieusement, nous admirons encore une fois l’arène immense.

À l’autre bout du terrain, j’aperçois du personnel attroupé autour des dispositifs de test victime nos succès du jour. Il y en a trente-deux. Celui que j’ai abimé est transporté vers les galeries internes. Je ne peux m’empêcher un sentiment de fierté inavouable. L’air frais du début de soirée me chatouille le cou et je le remercie silencieusement.

Sois avec moi demain aussi, s’il te plait !


Ayant pris du retard, je trotte jusqu’à mon ami et nous continuons lentement notre progression.


**


« Mes félicitations loustic ! Vous aussi mademoiselle. » claironne Vīian, un clin d’œil à mon amie. Les bras ouverts, le bonhomme nous improvise une courbette, qui a le mérite de faire sourire Lyss.

Puis vint le drame. J’aperçois du coin de l’œil une forme blanche qui fonce sur nous. À peine, le temps de réaliser ce que j’ai vu que je suis déjà les quatre fers en l’air, à demi étouffé par ma chienne. Ses lechouilles semblent indiquer que son humain lui a manqué. Lorsque sa furie bavesque se calme, je peux enfin me relever, gluant. Je constate que ma nouvelle amie pouffe dans son coin et lui propose un câlin, qu’elle décline laissant échapper un gloussement.

Le maître, amusé, nous convie au restaurant pour fêter nos réussites du jour, et, après cinq minutes d’argumentation, Lyss accepte l’invitation, terminant le débat en ajoutant qu’elle payera sa part.


**


21 heures, nous sommes attablés à une brasserie proche du Colosseum. Vīian nous narre toutes les destructions de sphères métalliques qu’il a pu apercevoir lors de l’épreuve du jour.

Des explosions, des fissures, l’une d’entre elles ont même fondu.

La soirée suit son cours et je me réjouis d’avoir rencontré cette nouvelle amie. Finalement, le repas se termine et je lui propose de la raccompagner.

« En fait, je devais chercher un hôtel après les sélections, mais mes plans ont été chamboulés, me répond-elle avec un clin d’œil. Du coup, je pars faire mes recherches maintenant. »

Il est 23 heures passées et la fille me dit qu’elle va courir les rues pour trouver où dormir dans une ville qu’elle ne connait pas. Vīian me devance et la raisonne.

« Je ne te laisserai pas dehors à une heure pareille petite. Je suis déjà bien étonné que tu sois ici seule. J’ai une deuxième chambre d’ami chez moi, je te propose d’y loger pendant la durée des tests. »

Le soulagement se lit immédiatement sur le visage d’albâtre de Lyss.

« Je vous en serais extrêmement reconnaissante, avoue-t-elle. »


**


« Bien dormi ? j’interpelle mon amie alors qu’elle descend de la petite chambre du deuxième étage. »

Les cheveux lâchés et en bataille, elle bâille longuement avant de me répondre.

« Comme un loir ! Ça faisait longtemps que je n’avais pas dormi dans un bon lit ! »

Elle se stoppe, et voyant que je ne lui pose pas de questions, vient s’assoir en face de moi.

Je suppose que j’ai bien fait de ne pas demander où elle dormait d’habitude, et, fier de valider une nouvelle interaction sociale réussie, je lui propose du jus d’orange.

Je n’ai réussi à glaner que peu d’informations sur elle durant notre longue discussion d’hier soir. La fillette est bien mystérieuse. Je ne voulais pas trop m’immiscés dans ce qui ne me regarde pas. Bien que nous ne soyons pas dans la même poule, je trouverai bien le moyen de zieuter son Aptitude entre deux épreuves.


Vīian est déjà parti pour l’arène, les placements commençaient à 9 heures.

« Ta changeforme est partie avec le maître ? questionne Lyss, la bouche pleine de brioches.

— Oui, et elle s’appelle Ooka d’ailleurs, je lui réponds, singeant ses joues gonflées par la nourriture. »

Elle rit et manque de perdre son petit-déjeuner. Ravi d’avoir réussi ma caricature, je m’attaque à un œuf salé avec pour seule arme, des bâtonnets de pain aux herbes.


J’espère qu’elle ira mieux aujourd’hui, je ne serai pas là pour aider…


**


9 H 30, pile.

Un bref bonne chance, et nous activons nos badges. Deux portails à peine plus haut que nous apparaissent.

Je passe le mien, anticipant la sensation désagréable habituelle.


**


Me voilà de nouveau dans l’une des salles d’attente du Colosseum. Celle-ci est bien plus richement décorée que la précédente. Les Aptes présents ne sont pas les mêmes non plus.

L’atmosphère de la poule 3 est chargée d’égo et je devine qu’il y a beaucoup plus d’Érudits que de Normos. Mes vêtements simples se remarquent tout de suite et déjà quelques regards dédaigneux me reluquent.

Je me choisis rapidement un fauteuil et m’y installe.

Oubliez-moi !

Si il y a d’autre Normos ici, ils ont choisi leurs plus belles tenues, car je ne les remarque pas. Moi qui suis habitué aux vêtements sobres des campagnes, je me croirais à l’une des fêtes annuelles où tous portent des tenues bariolées, aux couleurs criardes.


Plusieurs groupes se sont formés et les quelques solitaires paraissent vouloir le rester. Nous sommes une centaine environ.

Je connais bien mes talents de sociabilisation. Je compte garder mes forces pour me faire au moins un ami à l’école.


Je me cale au fond de mon siège et attends patiemment l’ouverture des portes. À mon arrivée, une intendante m’a glissé qu’il n’y aurait pas de discours filmé du directeur pendant notre attente. L’épreuve sera révélée dans l’arène.

Mon regard glisse sur les peintures et dorures qui ornent le plafond. J’y vois de nombreux cercles colorés disposés en plusieurs cercles autour d’un autre, énorme et brillant. Le Soleil. L’Astre de l’Ancien-Monde.

L’une des sphères est d’un bleu pur magnifique. La planète bleue. La Terre. Terre des Anciens. J’ai appris ça dans mon livre « L’espace ». Quelquechose que nous n’avons pas non plus sur Pandore.

Le volume était fascinant, mais j’ai beaucoup de mal à concevoir le « vide » et le fait qu’il y ait plusieurs planètes.

Elles ne se rentrent pas dedans ? Et comment tiennent-elles en l’air comme ça ?

Je sais qu’il existe la « gravité », mais je ne comprends pas trop son fonctionnement. J’espère pouvoir suivre des cours d’histoire de l’Ancien Monde à l’école. Tout ça me passionne !

Plus loin, entourant les planètes de ses bras immenses, se tient celui qu’ils vénéraient comme le créateur, Dieu. Un homme habillé de blanc, sans visage, la tête penchée vers sa création et encadré de long cheveux immaculés. J’ai cru comprendre, au travers de mes lectures, que si les Hommes n’avaient pas d’explications scientifiques à un phénomène, c’était alors la création de ce Dieu. Plus la science s’est installée, plus ce dieu a disparu des bouches et croyances, n’étant utilisé qu’afin de justifier l’inexplicable.

Encore une manière de pensée qui m’est étrangère.

Partout autour, des milliers de points dorés, miroitants à la lumière des lampes, recouvrent le plafond.

Les étoiles. Des centaines de petits trésors dorés inondant le ciel.

Un jour, je trouverai comment m’évader de cette planète-prison juste pour pouvoir les admirer une fois. Un jour, je retournerai dans l’Ancien Monde pour elles. Un jour, je ne les contemplerai plus assis dans un siège, mais allongé dans l’herbe fraîche de cette planète que nous avons quitté 3 000 ans plus tôt.


La vue de cette voûte éthérée remplit mon cœur de détermination. J’ai besoin de connaissances, de puissance et de relations afin de me frayer un chemin vers mon rêve, mes étoiles. À partir d’aujourd’hui, mon but est de me faire remarquer par les meilleures écoles.

Les quelques retardataires qui arrivent bientôt me sortent de ma contemplation et les portes s’ouvrent, il est 10 heures. Je n’ai pas vu le temps passer.

Allons-y !

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