Prologue : Qui veut la peau du Lama ?

Une minute de lecture

Des rideaux de noir pleuvaient sur sa vision. Où peut-être était-ce ce coup sur le crâne qui faisait danser le décor lugubre de l’entrepôt ? Il se demandait quelle case de clichés cette ambiance de polar n’avait pas encore cochée. Du battement de l’orage sur les tôles ondulées aux grincements des chaînes rouillées sur leurs portants, en passant par le clignotement erratique d’un néon essoufflé, jusqu’aux traces de sang sur les sillons.

Il allait mourir ici. Dans cet abattoir abandonné.

Quelle ironie du sort pour un herbivore…

Une dernière fois, il éprouva la solidité des liens qui entravaient ses membres ; il ne parvint qu’à approfondir les marques qui creusaient son pelage laineux.

Résigné, le captif n’attendait plus que le grand méchant qui pointerait son nez et exposerait d’un rire machiavélique – tristement banal – les tenants et aboutissants de son plan. Le voici justement ; qui s’avançait à travers l’obscurité et s’immisçait dans le halo pour dévoiler son visage avec théâtralité.

Non… C’est impossible !

Le camélidé voulut hennir son nom, mais un bâillon coinçait sa mâchoire. Le malfrat lui renvoya un ample sourire. Le sourire satisfait de celui qui savourerait sa victoire. Lorsqu’il se pencha sur lui, son ravisseur opta pour un phrasé soyeux et affable.

— Ta route s’arrête ici, misérable ruminant retors. Tes vils étrons littéraires ne souilleront plus la grandeur de Scribopolis. Bientôt, plus personne ne s’opposera à la voie du Bon Goût. L’épuration est en marche.

Le lama aurait presque préféré le rire malfaisant et le monologue de méchant. Et si ce dernier avait pu orchestrer son exécution en l’attachant au-dessus d’un bassin de crocodiles, laissant à une bougie le loisir de chronométrer la rupture de la corde, alors peut-être, oui, peut-être aurait-il eu une chance d’être sauvé à temps… Hélas, l’herbivore dut se rendre à l’évidence : il ne serait qu’un personnage secondaire destiné à mourir dans les premières secondes de cette intrigue.

Il le comprit lorsque son ennemi braqua un revolver sur lui et que la dernière chose qu’il vit fut l’embrasement du canon.

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